L’insécurité alimentaire de plus en plus aigüe

Face à la cherté de la vie, la population ne sait plus à quel saint se vouer. Selon les chiffres présentés par le Programme alimentaire mondial (PAM)) en mars 2022, pour ce mois de juin, environ 4, 5 millions d’Haïtiens seraient en situation de faim à cause des retombées du tremblement de terre qui a ravagé le grand Sud en 2021 et de la recrudescence de l’insécurité.

L’accès aux denrées alimentaires est de plus en plus compromisen Haïti durant le second trimestre de l’année 2022, tel que l’avait prévu le Programme alimentaire mondial. Les événements climatiques, tels que les sécheresses, les inondations ainsi que les tempêtes ont de graves conséquences sur la production agricole du pays depuis quelques décennies.  Dans les milieux ruraux, l’agriculture de subsistance est pratiquée dans des ménages et traduit en conséquence une consommation largement insuffisante des cultures du pays. En outre, le ventre de la population dépend en grande partie des importations qui constituent un fardeau majeur pour l’économie. 

« Entre autres, dans les ménages haïtiens, le riz, les haricots noirs, le maïs et l’huile de cuisson sont les produits alimentaires les plus importants pour les ménages pauvres et à revenus moyens d’Haïti », a indiqué le Réseau de systèmes d’alerte précoce contre la famine (FEWS NET), sur Haïti. Toute l’huile de cuisson est importée et les importations de riz représentent près de quatre-vingts pour cent des besoins nationaux. De grandes quantités de haricots et de maïs sont également importées, a-t-il signalé dans son étude sur les tendances alimentaires dans le pays.

Joséphine, une commerçante, vendeuse de produits alimentaires,explique :« la flambée du prix des produits alimentaires sur le marché a totalement réduit notre marge de bénéfice. Par rapport aux années précédentes, cette année est pire. La cherté de la vie oblige les ménages à réduire leurs dépenses ainsi que le processus de consommation alimentaire ».

D’autre part, Berry, un chauffeur de taxi-moto, raconte les conséquences du climat de l’insécurité sur ses activités quotidiennes. « cela fait 6 ans depuis que je travaille avec un taxi-moto dans les rues. Dans une journée, j’avais l’habitude de gagner entre 1 500 à 2 000 gourdes. Ces temps-ci, les motos travaillent moins, vu le phénomène de l’insécurité qui engendre une paralysie totale des activités dans certaines zones et qui limite d’autre part le déplacement des gens », a-t-il révélé. Par ailleurs, il explique qu’à la différence des années antérieures, ces derniers jours il gagne 1 000 gourdes et parfois 1 500 gourdes.

Le PAM soulève la persistance de l’instabilité politique, l’inflation qui est de plus en plus croissante et les catastrophes à répétition. Ainsi, sans un plan de production agricole, après les événements climatiques dévastateurs qui ont notamment ravagé la Grande-Anse, le pays a connu d’énormes pertes, a souligné les économistes. 

Selon le PAM, sur le marché haïtien, le prix du pain a été multiplié par 5 en deux ans. 

« Dans certaines situations, des familles parviennent à atténuer la gravité de l’insuffisance alimentaire, et sont obligées de  recourir à des stratégies de subsistance d’urgence au prix de leurs avoirs », a fait savoir l’institution. Parallèlement, la Coordination nationale de la sécurité alimentaire (CNSA), le coût mensuel du panier alimentaire de base (riz, farine de blé, maïs, haricots, sucre et huile végétale) est passé de 20 dollars à 30 dollars.

Notamment, la guerre entre la Russie et l’Ukraine, deux grands exportateurs mondiaux, va impacter davantage la crise alimentaire haïtienne.

 

 

Oberde Charles

 

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