Les conditions de détention en Haïti de plus en plus abjectes

Haïti figure parmi les pays avec des centres carcéraux qui fonctionnent dans des conditions inhumaines, selon différents rapports. Une vidéo amateur, publiée sur les réseaux sociaux il y a quelques jours, a permis de constater la triste réalité des prisonniers au Pénitencier national dans un environnement insalubre. Des images qui ont provoqué l'émoi chez la population et poussé plusieurs institutions à se prononcer. L'Office de la protection du citoyen (OPC) demande aux institutions concernées à mettre tout en œuvre pour changer cette situation.

La situation problématique des prisons haïtiennes ne date pas d'hier en considérant les nombreux rapports la dénonçant. Cette surpopulation carcérale est la conséquence d’un système judiciaire quasi inexistant et du phénomène de détention préventive prolongée. Une situation qui perdure en dépit du fait que cette question ait constitué le cheval de bataille des autorités judiciaires au cours de cette dernière décennie. Selon les constats, aucune solution durable n’a été dégagée.

Les détenus sont totalement oubliés par la justice, ce qui est une situation de violations des droits des détenus en vertu des dispositions du Pacte international relatif aux droits civils et politiques et de la Convention américaine relative aux Droits de l'homme portant sur les garanties judiciaires dont jouissent toutes les personnes privées de liberté (article 9 Pacte Int. et article 8 Convention Amer), rappelle l'OPC.

Il ajoute que plus de 90 % des prisonniers dans la Prison civile de Port-au-Prince sont en détention préventive prolongée. « Les données statistiques, vérifiées par l'Office de la protection du citoyen, révèlent que l'effectif des personnes incarcérées à la Prison civile de Port-au-Prince est de 3 698, dont 363 condamnées et 3 335 prévenus soit un taux de 90 % de personnes en attente d'une décision de justice. Et encore, les dernières assises criminelles avec assistance de jury remontent à juillet 2018 alors qu'il est fait obligation de tenir une session criminelle au moins tous les six mois pour les affaires relevant du jury (article 182 Code d'instruction criminelle), a poursuivi l'OPC dans la note.

L’OPC indique par ailleurs que « les installations sanitaires laissent à désirer. La ration quotidienne de nourriture n'est pas de bonne qualité ni en quantité suffisante. Depuis plusieurs semaines, la Prison civile de Port-au-Prince et d'autres prisons du pays ont enregistré une pénurie sévère d'eau, de nourriture et de médicaments ».

De plus, les prisonniers sont privés du strict minimum nécessaire à assurer leur survie durant le temps de leur incarcération. Plus de vingt (20) décès ont été enregistrés, selon l'OPC. Et, la tuberculose, liée à l'insuffisance de soins de santé, serait à l'origine des décès.

En ce sens, l'organisme de défense des droits humains recommande que le Tribunal soit relocalisé à l'ancien local de la Cour supérieure des comptes et du contentieux administratif, ou au nouveau bâtiment du ministère de l'Intérieur et des Collectivités territoriales dans les plus brefs délais. Ce,  dans l'intérêt des justiciables et plus particulièrement des personnes incarcérées vivant dans des conditions infrahumaines.

 

Esdra Jeudy

 

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