GUERRE DES GANGS ARMÉS A CITÉ SOLEIL

52 femmes et filles sont victimes de viols collectifs, selon le RNDDH

La guerre des gangs armés, le 7 juillet 2022, opposant les blocs rivaux G-9 an fanmi e Alye et G-Pèp dirigés respectivement par Jimmy Chérizier et Gabriel Jean Pierre alias ti Gabriel à Cité Soleil a fait beaucoup de victimes notamment des pertes en vie humaine et des cas de viols répétés. Le Réseau national de défense des droits humains (RNDDH) dit recenser environ 52 femmes et filles victimes de viols et viols collectifs.

Haïti a signé plusieurs conventions sur la non-violence à l’égard des femmes et filles. En 1980, Haïti a signé la Convention des Nations unies sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes qui a été ratifiée en 1981. La République d’Haïti a également signé en 1996 et ratifié en 1997 la Convention de l’Organisation des États américains (OEA,) dite Convention de Belém Do Pará, concernant la prévention, la sanction et l’élimination de la violence faite aux femmes. Pourtant, la lutte contre les violences faites aux femmes et aux filles semble être parmi les plus négligées en Haïti.

A en croire le rapport du Réseau national de défense des droits (RNDDH) parmi  les cinquante-deux femmes et filles victimes de viols collectifs et répétés, rencontrées par le RNDDH, une mineure a été recensée. Elle est âgée de quatorze ans. Douze survivantes sont âgées de dix-huit à vingt-cinq ans et trente-huit survivantes sont âgées de vingt-six à quarante-neuf ans.

Toujours d’après ce rapport dressé par cet organisme des droits humains, du nombre des victimes de violences il y a une survivante qui est âgée de cinquante-cinq ans. Vingt, parmi les victimes, ont été violées en présence de leur progéniture et une  autre, en présence de ses parents. Les responsables ont également fait savoir que sur ces cinquante deux femmes et filles violées par les bandits armés, deux d’entre elles ont été violées en présence de leur conjoint tandis que six  victimes ont assisté à l’exécution de leur conjoint avant d’être violées à leur tour et quatre autres ont été violées en dépit de leur grossesse. Qui pis est, quatorze parmi les victimes ont été violées à Dèyè mi.

«  Aucun agresseur n’a utilisé de protection et les victimes pour la plupart n’ont pas pu se rendre à l’hôpital dans le délai de soixante-douze heures, recommandé par les médecins pour se soumettre à une prophylaxie antirétrovirale. Les raisons sont nombreuses : incapacité de se déplacer en raison des affrontements, séquestration des victimes par leurs agresseurs, manque de connaissance en la matière, peur de la prophylaxie pour l’avoir déjà subie », peut-on lire dans le rapport du Réseau national de défense des droits humains concernant le massacre à Cité-Soleil en juillet dernier.

Les responsables de cette structure ont tenu à souligner que les personnes ayant assisté aux viols collectifs de leurs proches, rencontrées par le RNDDH, sont nombreuses à nourrir un sentiment de culpabilité, estimant qu’elles auraient dû intervenir pour éviter une telle atrocité, quitte à perdre la vie. Les victimes survivantes sont aussi nombreuses à regretter d’être encore en vie. 

Le Réseau national de défense des droits humains estime de son devoir de rappeler qu’à chaque attaque armée dans les quartiers défavorisés, ce sont les personnes les plus vulnérables qui sont les premières victimes. Ce qui signifie que les enfants, les femmes et les filles, les personnes du troisième âge, les personnes à mobilité réduite ainsi que les personnes souffrant d’un handicap sensoriel sont les principales cibles lors des guerre entre les bandes armées que ce soit pour accaparer plus de territoires ou autres.

Ainsi dire, lors de ces événements sanglants, le corps des femmes et des filles est souvent utilisé comme arme de guerre, pour atteindre le groupe rival, ont révélé les membres du Réseau national de défense des droits humains. Selon eux, plusieurs parmi les survivantes rencontrées dans le cadre de cette enquête ont témoigné avoir été soumises à un interrogatoire avant d’être violées comme punition par les bandits armés qui leur reprochaient d’entretenir des relations privilégiées avec le chef de gang Gabriel Jean-Pierre, alias Ti Gabriel.

Par ailleurs, de nombreux viols ont été enregistrés lors des seize massacres et attaques armées, perpétrés de 2018 à 2022 et documentés par le RNDDH. Néanmoins, au cours de celui de Cité Soleil enregistré du 7 au 17 juillet 2022, le nombre de victimes d’agressions sexuelles a exponentiellement augmenté. Le RNDDH souligne également qu’au cours du massacre à Cité Soleil, des engins lourds du CNE et du ministère des Travaux publics Transport et Communication ont été mis à la disposition du G-9 an Fanmi e Alye qui bénéficie aussi de la protection de certaines unités spécialisées de la Police nationale d’Haïti (PNH). D’autre part, le RNDDH rappelle que le 11 août 2005, un décret portant sur le régime des agressions sexuelles et incriminant le viol, a été adopté. Il condamne de dix ans jusqu’à perpétuité, toute personne impliquée dans un cas de viol et tient compte des circonstances.

En conséquence, le Réseau national de défense des droits humains condamne une fois de plus la passivité des autorités étatiques qui, en fermant les yeux sur les massacres et attaques armées dans les quartiers défavorisés ainsi que sur les exactions qui y sont commises, continuent de se faire complices des bandits armés.  « Elles n’ont jamais rien fait en vue de freiner ces événements sanglants. Les victimes ne bénéficient, pour leur part, d’aucune forme d’assistance. Pire, les bourreaux de la population haïtienne sont aujourd’hui très puissants auprès de la coalition politique actuellement au pouvoir. Par ce comportement, les autorités étatiques ne font que prouver le degré de leur mépris pour la vie de la population haïtienne», ont déploré les rapporteurs du Réseau national de défense des droits humains.

Vladimir Predvil 

LAISSEZ UN COMMENTAIRE

0 COMMENTAIRES