Les produits pétroliers toujours indisponibles

Les pompes à essence de la zone métropolitaine et des villes de province ne sont pas encore en activité comme l’a souhaité le Premier ministre Ariel Henry, dimanche dernier, dans son message à la nation en cette période de crise. Avec une reprise timide des activités socioéconomiques après plusieurs journées de « pays lock », le terminal de Varreux n’a pas encore relancé ses activités pour livrer le carburant aux distributeurs pour l’approvisionnement des consommateurs. Cette situation complique davantage la circulation des véhicules dans les rues et le bon déroulement des activités.

C’est un pays en ébullition depuis plus d’une semaine après l’annonce du chef du gouvernement concernant l’ajustement du prix des produits pétroliers sur le marché.  Du coup, le gallon de la gazoline est passé de 250,00 gourdes à 570,00 gourdes (128 %), le diesel de 353,00 à 670,00 gourdes (89,81 %) et le kérosène de 352,00 à 685,00 gourdes (94,60 %) après un conseil du gouvernement le mardi 13 septembre dernier. La population en colère contre cette décision a protesté en manifestation, bloquant les rues et paralysant toutes les activités commerciales en vue de contraindre le Premier ministre à revenir sur ces nouvelles dispositions. 

 

Cependant, en tout début de cette nouvelle semaine de crise, le dimanche 18 septembre, le Premier ministre a maintenu sa position par rapport à l’augmentation du prix de l’essence sur le marché. Il a en outre précisé qu’il y a une quantité suffisante de ces produits disponible pour l’approvisionnement des pompes, mais aussi pour combattre le marché noir. Parallèlement, il a aussi expliqué que l’argent de la subvention du carburant sera utilisé pour des services d’assistance sociale, pour le relèvement du secteur agricole par l’achat de semences et la mise en place d’un système d’irrigation qui facilitera le développement de la production agricole, via certaines de ses publications sur Twitter.

 

Contrairement aux jours précédents, les activités du transport en commun reprennent timidement dans quelques zones de l’aire métropolitaine. À Petion-Ville, des camionnettes sont dans les rues pour assurer le transport des passagers dans certains quartiers. Interrogés autour des journées de protestation, bon nombre de ces citoyens ont déclaré qu’ils sont obligés de prendre les rues afin de se réapprovisionner. « Comment peut-on choisir de rester à la maison dans un contexte de crise, il n’y a pas d’eau potable dans les zones, les prix des produits de première nécessité ne cessent de grimper, donc nous en tant que responsables de familles, nous ne pouvons pas nous enfermer à la maison », a déclaré l’un de ces citoyens. Cependant, il précise qu’il est encore contre la décision du gouvernement d’augmenter le prix de l’essence, a-t-il poursuivi.

 

Pour sa part, Raphaël, un motard stationné à Pétion-ville,  lançant  son regard partout, à la recherche des passagers déclare que l’augmentation du prix de l’essence sur le marché causera un grand tort à la population haïtienne. « Avec nos faibles revenus, nos dépenses quotidiennes surélevées, sans aucun accompagnement social, comment va-t-on oser acheter un gallon de gazoline au prix de 570 gourdes? » Selon lui, la classe ouvrière ne sera pas en mesure de payer même les frais du transport en commun, ajoute-t-il 

 

À la veille de la réouverture des classes, programmée pour le 3 octobre prochain,  les illusions ne font que grossir au sein de la société haïtienne. Les parents sont bloqués chez eux, les activités commerciales ont considérablement ralenti et les perspectives pour un éclatement populaire se sont révélées de plus en plus intenses. Les produits pétroliers responsables du bon fonctionnement des activités industrielles et des entreprises restent encore indisponibles dans les pompes. Des citoyens constatent, un net assouplissement des mouvements de protestation de la semaine dernière et s’inquiètent par rapport à l’impact des nouveaux prix de l’essence sur leur vie déjà difficile.

 

Oberde Charles

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