Port-au-Prince «lock» sans barricades

Suite à un mot d’ordre de grève lancé par plusieurs associations de transport en commun, dont le Front unifié des transporteurs et des travailleurs d’Haïti (FUTRAH), et supporter par l’Association des propriétaires et chauffeurs d’Haïti (APCH), les chauffeurs ont gardé leurs véhicules garés ce lundi 26 septembre 2022. L’initiative prise pour protester non seulement contre la rareté récurrente de l’essence sur le marché local, mais aussi pour dénoncer les deniers ajustements effectués par le gouvernement sur le prix de ce produit jugé démesuré, par les syndicalistes.

Après deux semaines de protestations intenses contre la décision du gouvernement de réviser à la hausse les prix des produits pétroliers, les rues de la région métropolitaine et d’autres villes de province se sont réveillées clairsemées en ce début de semaine, des taxis motos et quelques rares véhicules privés sont remarqués. Des membres de la population qui sont obligés de sortir tentent de se rendre dans leurs activités à pied.

 

Sans pratiquement de barricades et de pneus enflammés, la capitale et les zones environnantes sont «lock». Des institutions publiques et privées et les banques commerciales ont gardé leurs portes fermées. Si la bataille a pris une autre tournure, les revendications demeurent inchangées à en croire Changeux Méhu, responsables de l’APCH.

 

« Le prix du baril de pétrole a baissé sur le marché international, le gouvernement doit impérativement revoir l’ajustement, cette mesure ne vise qu’à pénaliser les plus défavorisés et l’enfoncer encore plus dans la précarité », martèle le syndicaliste.

Tout en appelant la population à soutenir cette grève qui s’étendra sur trois jours, à savoir le 26, 27 et 28 septembre. M. Méhu, dénonce l’irresponsabilité des dirigeants qui ont augmenté le carburant sans même prendre la peine de fixer les prix des différents circuits qui, dit-il, sont souvent à la base d’altercation entre chauffeurs et passagers. Il appelle les citoyens à s’unir pour faire échec à ce plan du gouvernement qui, précise-t-il, compliquera davantage leurs quotidiens. 

 

Une grève qui semble bénéficier du soutien de la majorité de la population. « j’appuie la grève à 100/100, car malgré tous les avertissements des acteurs avisés et de la population, mettant en garde le pouvoir contre une augmentation du coût du carburant à la pompe, le gouvernement n’a pas fait cas des recommandations», fustige un citoyen.  

 

«Il faudrait que des acteurs politiques et de la société civile qui jouissent jusqu’à présent d’une certaine moralité s’impliquent activement dans cette lutte, afin de la renforcer et de motiver encore plus de citoyens à y prendre part», a déclaré un jeune homme rencontré dans l’aire du Champ-de-Mars. 

 

Pour justifier la décision de son gouvernement, le Premier ministre Ariel Henry avait indiqué qu’elle était adoptée dans l’objectif de résoudre la rareté que confrontent les citoyens depuis plusieurs mois. À plus de 2 semaines depuis l’adoption de cette mesure, les stations-service sont toujours fermées. La crise s’est aggravée, sur le marché informel, le gallon de carburant se vend à plus de 3000 gourdes. 

 

Les trois jours de grève générale seront suivis de deux nouvelles journées de manifestations qui se dérouleront le jeudi 29 et vendredi 30 septembre prochain, annoncent des associations sociopolitiques en cas où l’administration en place ne revienne pas sur sa décision. 

 

Esdra  Jeudy

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