CRISE DE CARBURANT EN HAÏTI

Les populations des villes frontalières se tournent vers la République dominicaine

Avec la persistance de la pénurie des produits pétroliers sur le marché local, les habitants des villes frontalières entre Haïti et la République dominicaine se sont tournés vers Dajabon et d’autres points stratégiques de la frontière du pays voisin pour s’approvisionner en essence. Dans ce commerce bilatéral, le gallon de la gazoline coûte 1 500 gourdes. Certains citoyens traversent quotidiennement la frontière pour renflouer le tank de leurs véhicules et payer, à son juste prix, le carburant sur le sol dominicain.

Ce mercredi 28 septembre 2022, la commune de Ouanaminthe est plutôt calme. Le transport en commun est considérablement réduit. Le petit commerce, les institutions publiques et privées fonctionnent au ralenti. Les ambiances habituelles provoquées par les activités commerciales bilatérales entre les Dominicains et les Haïtiens ont totalement diminué par rapport aux mouvements de protestation qui persistent dans le pays, depuis plus de deux semaines, a relaté notre confrère journaliste, Leonel Séjour, un originaire de la ville de Ouanaminthe.

 

 

En revanche, les trois pompes à essence qui alimentent la population ouanaminthaise sont à l’arrêt depuis plusieurs mois. Dans plusieurs coins du département du Nord-Est, des mouvements de protestation avaient eu lieu contre le gouvernement d’Ariel Henry qui a décidé de majorer le prix des produits pétroliers sur le marché national. Pour faire face à cette pénurie, les habitants de cette ville frontalière se rendent sur la frontière haitiano-dominicaine pour se procurer du carburant et parfois certains d’entre eux utilisent ce marché pour développer un commerce illicite de produits pétroliers au Cap-Haïtien et dans d’autres villes du département du Nord.

 

 

Dado, un riverain du Cap-Haïtien, explique: « à Baryè Boutèy, on paie le gallon de la gazoline à 2 500 gourdes. Cette essence-là ne provient pas de Port-au-Prince. C’est sur la frontière dominicaine, à Ouanaminthe, que les détaillants l’ont acheté». Leonel Séjour confirme cette activité qui a pris chair ces derniers jours sur la frontière des deux pays. « Des Haïtiens, en complicité avec des soldats dominicains, traversent la frontière. Ils achètent une quantité significative de carburant et viennent l’exposer comme n’importe quelle marchandise au niveau de la frontière. Ça coûte 1 500 gourdes le gallon », a-t-il souligné. Parallèlement, des citoyens qui ont la possibilité de traverser la frontière avec leurs véhicules peuvent remplir leurs réservoirs en terre voisine, a-t-il ajouté.

 

 

Comme tout autre région du pays, cette pénurie des produits pétroliers a de grandes conséquences sur les activités socioéconomiques des gens a rappelé Séjour. «Ils ont trouvé un moyen de s’approvisionner en essence, mais ils le paient à un prix surélevé. Le prix du transport en commun, le prix des produits alimentaires et des services ont tous connu une forte augmentation », a-t-il lancé. Selon le journaliste, il est urgent que les autorités matent cette crise qui perdure dans le pays depuis plusieurs mois et qui se détériore de plus en plus.

 

 

Dado laisse croire que c’est l’incompétence des dirigeants qui sont à la base de cette crise où même pour trouver un peu de carburant, certains de nos compatriotes sont obligés de recourir à la République dominicaine. Néanmoins, ce vingtenaire s’interroge sur le terminal de Thor en cas de dysfonctionnement de celui de Varreux et appelle les acteurs à prendre leurs responsabilités pour sortir le pays de cette situation délétère. 

 


Oberde Charles

 

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