HAÏTI / CRISE

L’économiste Eddy Labossière relève une absence totale du pouvoir d’achat de la population haïtienne en 2023

La situation économique de la population haïtienne est devenue plus compliquée durant ces dernières années. Dans ce contexte d’insécurité, une bonne partie de la population stagne dans la misère. La circulation des biens et des personnes est quasiment impossible au niveau du territoire à cause de la violence des gangs, la cherté de la vie embrasse de plus en plus de ménages et provoque une insécurité alimentaire qui touche plus de 4,7 millions de personnes dans le pays. Selon l’économiste Eddy Labossière, il y a une absence totale du pouvoir d’achat pour cette nouvelle année (2023).

« L’Institut haïtien de statistique et informatique (IHSI) cache les vrais chiffres concernant le taux d’inflation ou du moins, ils ne veulent pas tout dire à la population. Il y a une absence totale de pouvoir d’achat dans notre économie actuelle. Une personne qui gagne près de 50 000 gourdes ne fait plus partie de la classe moyenne, par rapport à ses dépenses quotidiennes, puisqu’une bonne partie de son salaire est passée dans la consommation et il y a une forte augmentation du coût de tous les produits, biens et services sur le marché », a expliqué le professeur et économiste, Eddy Labossière. En outre, il soulève que l’échec de la campagne de printemps, la situation sécuritaire du pays, où les hommes armés coupent diverses voies de communication entre les grandes villes, la majoration du coût des produits pétroliers dans les pompes et sa sensible rareté sont quelques faits qui sont à l’origine de la misère de la population haïtienne, ajoute-t-il.


 

Une population à faibles revenus 

 

Le Produit intérieur brut (PIB) du pays continue de s’accroître négativement par rapport aux années précédentes. La Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC) a révélé, en décembre dernier, que cet indice serait de - 0,7 % en 2023. De fait, des secteurs d’activités comme l’agriculture, la pêche et le secteur de la construction qui pourraient générer beaucoup de profits sont totalement affectés par la situation sécuritaire. « Les crises politiques, la rareté des produits pétroliers et la baisse de la production sont des causes directes de cette chute libre des activités économiques », a confié l’organisation.


 

En revanche, la bataille des ouvriers, pour un ajustement du salaire minimum en février dernier, n’a pas porté grand-chose. La réclamation d’un salaire à 1 500 gourdes au lieu des 500 gourdes n’a pas été aboutie; le gouvernement, de concert avec le Conseil des salaires, a fixé à 685 par jour le salaire minimum des ouvriers de la sous-traitance, alors que des salaires pour d’autres branches d’activité restent encore à un état très chétif et tuberculeux à un moment où le taux de l’inflation actuelle dépasse ou caresse les 50 %.



 

L’échec de la campagne de printemps

Selon l’économiste Eddy Labossière, l’échec de la campagne agricole de printemps 2022 a provoqué une part importante dans la crise économique et l’insécurité alimentaire qui frappe de plein fouet le pays. « Les membres du gouvernement n’ont pas profité de cette activité agricole pour la relance de l’économie. Certains d’entre eux en ont profité pour faire leurs pots-de-vin, alors que la paysannerie fait face à des problèmes de production, d’accès aux semences, à l’irrigation et tant d’autres difficultés », a-t-il soulevé. 


 

Pour cette année 2022, cette campagne agricole qui représente près de 60 % des disponibilités alimentaires dans le pays n’a pas atteint son objectif, sa performance n’a pas empêché la déroute du panier alimentaire. « Le coût nominal moyen du panier alimentaire en novembre 2022 a été  d’environ 5,332 gourdes par personne par mois soit 26,660 gourdes pour une famille de 5 personnes contre 4,782 gourdes en octobre 2022 soit une augmentation mensuelle de 12 % et de 98 % en rythme annuel », a indiqué le Conseil national de sécurité alimentaire (CNSA). En effet, de grands défis attendent le régime en place pour cette nouvelle campagne qui doit commencer en mars pour se terminer en mai.


 

L’économiste Labossière reste pessimiste à l’idée d’un éventuel plan de relève économique, par rapport à la lenteur du pouvoir en place dans ses stratégies de combattre les gangs et instaurer la paix sur le territoire. Entre autres, dans un climat de stabilité et à travers la conscience citoyenne, tout est possible, rassure-t-il!


Oberde Charles 

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