L’économie haïtienne agitée par diverses pressions inflationnistes au premier trimestre de l'exercice fiscal 2022-2023

Durant le premier trimestre de l'exercice fiscal 2022-2023 (octobre-décembre 2022), l'économie haïtienne a dû faire face à un environnement marqué par des pressions inflationnistes tant au niveau mondial que local, notamment par les resserrements monétaires appliqués aux États-Unis et dans la Zone euro. Au niveau national, les perturbations sécuritaires et l'instabilité politique ont causé la dégradation du climat des affaires, qui a davantage amplifié la rareté des produits pétroliers et diminué la croissance du secteur agricole attendue en décembre dernier, a révélé la Banque de la République d'Haïti, dans sa note sur la politique monétaire de la période.

« Au premier trimestre de l’exercice 2022-2023, l’économie haïtienne a continué à subir les effets des chocs qui ont affecté négativement l’activité économique durant l’année fiscale antérieure. La dégradation de l’environnement socio-politique, notamment en septembre 2022, et la rareté récurrente des produits pétroliers ont occasionné un dysfonctionnement au niveau de plusieurs entreprises commerciales et industrielles. Cette situation s’est traduite par une diminution de l’offre de biens et services et une accentuation des pressions inflationnistes dans l’économie (...) Au niveau du secteur agricole, la récolte d’automne, attendue en décembre, devrait être inférieure à la moyenne en raison de la perturbation de certaines cultures découlant de la faible pluviométrie durant la saison des semis selon les prévisions de Fews Net », a révélé la Banque centrale. Parallèlement, la conjoncture économique du marché mondial a eu d'énormes répercussions sur les importations, les transferts d'argents et les autres activités commerciales. Néanmoins, malgré la baisse de l'inflation et du taux de chômage dans certains pays comme les États-Unis et le continent européen, l'économie mondiale a considérablement ralenti. « Les dernières projections de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) en novembre 2022 tablent sur un repli de 2,9 points de pourcentage du PIB mondial par rapport à l’année précédente, ce qui porte la croissance prévue pour 2022 à 3,1 % contre 3,2 % anticipés par le Fonds monétaire international (FMI) en octobre dernier. Au niveau de la zone euro, l’évolution de l’inflation s’est chiffrée à 9,2 % en décembre 2022, soit 8 points de base de moins qu’en septembre ». 

 

Pour les régions latino-américaines et caribéennes, la Commission économique pour l’Amérique latine et la Caraïbe (CEPALC), dans ses projections de décembre 2022, a indiqué que le PIB de la région devrait croître à un rythme moins important qu’en 2021 en affichant 3,7 % en 2022, soit une diminution de 3,2 points de pourcentage. Cependant, la croissance économique prévue pour la République dominicaine a été estimée à 4,9 % en 2022 contre 12,3 % l’année antérieure. En novembre 2022, la Banque centrale dominicaine a laissé inchangé son taux directeur à 8,50 %, le jugeant suffisant pour ramener l’inflation à la cible de 4 % ± 1 %.
 

Sur le marché international, l’indice FAO des prix produits alimentaires s’est établi en moyenne à 143,7 sur l’année 2022, et a connu une hausse de 14,3 % en glissement annuel. Chiffré à 132,4 en décembre 2022, il a connu une baisse de 2,6 % par rapport à son niveau de septembre 2022. Concernant les produits pétroliers, sous l’effet de la recrudescence des cas de Covid-19 en Chine, des craintes de récession de l’économie mondiale et du plafonnement imposé par les pays du G7 au prix du pétrole russe, le WTI a affiché une moyenne de 76,44 dollars ÉU le baril en décembre dernier contre 84,26 dollars ÉU en septembre 2022. Quant au cours du baril de Brent, il atteint 80,92 dollars ÉU en décembre 2022, soit un repli de 9,8 % par rapport à la fin du trimestre précédent », a rappelé la BRH. 


 

Par conséquent, en septembre 2022, les estimations faites par Conseil national de sécurité alimentaire (CNSA) ont relaté que presque la moitié de la population haïtienne se trouve dans l'urgence d'une assistance humanitaire. 

 

« 4,7 millions d'habitants vivent dans l'insécurité alimentaire, donc aggravée puisque, pour la première fois, certains ménages (soit environ 19 200 personnes) ont été regroupés en phase 5 (catastrophe). En décembre 2022, l'inflation a atteint le taux de 48,3 %, soit le niveau d’inflation le plus élevé après le pic observé (51,1 %) en septembre 1994 », a-t-il révélé.  

 

Comme perspective, la BRH informe que certains facteurs peuvent augurer une relance de la situation économique du pays, dans les prochains jours. Du lot, il soulève les allocations prévues dans le budget 2022-2023 en faveur du secteur social, dont 30,6 milliards de gourdes qui devraient contribuer à soutenir la consommation et ainsi réduire l’insécurité alimentaire, 6,04 milliards de gourdes sont allouées aux dépenses d’investissement qui aideront aux actions pour la relance du secteur agricole et 16,04 milliards dans la réalisation de projets dans le secteur des bâtiments et travaux publics. Entre autres, la Banque centrale rappelle que la stabilité sociale et la sécurité sont des éléments clés pour la réalisation de ses projets et bien d'autres, en vue du  rétablissement d’un climat d’affaires serein et susceptible d’encourager les investissements et les initiatives privés dans le pays.


 

Oberde Charles

LAISSEZ UN COMMENTAIRE

0 COMMENTAIRES