HAÏTI / UNESCO

La cassave sur les traces de la «Soupe joumou» au Patrimoine culturel immatériel de l’humanité!

Déterminée à porter la culture haïtienne au sommet du monde, l’actuelle équipe de la Délégation permanente d’Haïti auprès de l’UNESCO, sous le leadership de l’ambassadeur délégué auprès de l’UNESCO, Dominique Dupuy, persiste et signe. Après la « Soupe joumou », c’est au tour de la cassave qui s’apprête à entrer dans le classement du Patrimoine culturel (culinaire) matériel de l’humanité.

Diplomatie culturelle en action. C’est une nouvelle étape qui vient d’être franchie avec cette candidature. « Pour Haïti, l’éventuelle inscription de la cassave sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité revêt une signification symbolique vitale, particulièrement en ce moment. Et au lendemain de l’inscription historique de la Soupe joumou ».

Dans son argumentaire du jour, au siège de l’UNESCO à Paris, la jeune diplomate haïtienne a déclaré que : « la Soupe joumou nous a rappelé, et a présenté au monde, qui nous étions, dans notre identité intrinsèque, et ce que nous avions apporté à l’histoire de l’humanité. Aujourd’hui, ce dossier multilatéral, multinational, multi-pays, comme l’a souligné l’ambassadeur Matheo, vient nous rappeler qu’Haïti appartient à une espace beaucoup plus large, qu’il partage un ADN, un héritage, une identité commune avec la région de l’Amérique latine. Et c’est un rappel nécessaire tant pour Haïti et pour le reste du monde ».

Dans un deuxième temps, cet effort vient étendre le temps autour de l’histoire d’Haïti. L’inscription de la cassave nous rappelle que l’histoire d’Haïti précède la colonisation. Que notre histoire, elle aussi, est ancrée dans des racines millénaires, et qu’aujourd’hui, nous avons su à l’instar de nos pays voisins, conserver contre vents et marées ses savoirs-faires, ces connaissances, qui sont si essentielles à nos populations contemporaines.

Discours diplomatique sur fond de plaidoyer historique, l’ambassadeur Dupuy : « Aussi, cet élément, cette cassave est l’un des rares et importants éléments témoins de ce moment de rencontre brutale, entre l’Europe et l’Amérique. C’est l’élément témoin de la transmission fragile et critique, qui a pu avoir lieu, à un moment où la population indigène taïno est au bord d’être entièrement décimée, par ce contact avec les Européens. Ils ont quand même eu la capacité de transmettre ces savoir-faire aux populations africaines… »

« Dans ce climat de tension inédite, entre la quasi-décimation d’une population et l’esclave, ii y a quand même eu la possibilité de partage, d’entre-aide et de transfert de connaissance. Et, aujourd’hui, cette connaissance survit non seulement au génocide des Indiens, des Taïnos, mais aussi à l’esclavage pour nous appartenir dans nos sociétés libres et démocratiques dans nos Républiques.

C’est un élément qui est empreint de résilience, une résilience qui porte des traumatismes, mais aussi qui porte des triomphes. Et c’est ça que nous célébrons aujourd’hui. Que nous sommes des peuples issus des deux. Des traumatismes que nous devons reconnaître, regarder face à face, mais des triomphes dont nous devons être fiers et de nous présenter au monde ».

Dans une note reçue de la plus culturelle des représentations diplomatiques d’Haïti dans le monde, on retient ce qui suit : « L’ambassadrice déléguée permanente de la République d’Haïti auprès de l’UNESCO, Mme Dominique Dupuy, a le plaisir d’informer la presse et la population en général que la Cassave- à travers les savoirs, savoir-faire et pratiques qui y sont liés- fait aujourd’hui l’objet d’une candidature officielle à l’inscription sur la Liste représentative du Patrimoine culturel immatériel de l’humanité dans le cadre de la Convention de 2003 de l’UNESCO, aux côtés de quatre autres pays de la région : Cuba, Honduras, République dominicaine et Venezuela. Le dossier sera évalué en décembre 2024 ».

Découvrons l’histoire et les caractéristiques de ce patrimoine. La Cassave – patrimoine millénaire transmis à nos ancêtres africains par les Taïnos - nous connecte dans un esprit d’inclusion à la fois avec nos racines amérindiennes et africaines. Ce patrimoine est enraciné aussi bien dans les quartiers périurbains que dans les zones rurales. Il est transmis de génération en génération et a une signification très importante pour les communautés.’

Des dimensions sont à prendre en compte. « La Cassave, symbole d’un véritable dialogue interculturel, est le premier élément patrimonial de la région soumis pour inscription sur cette Liste dans le cadre d’une démarche multinationale. C’est le fruit d’une longue collaboration entre chercheurs et experts des différents pays soumissionnaires. Après la Soupe joumou, c’est la deuxième soumission haïtienne à cette liste. »

 

On recèle de la dynamique culturelle inclusive, dans cette même note : « La Délégation permanente d’Haïti auprès de l’UNESCO tient à manifester sa grande reconnaissance envers le ministère des Affaires étrangères et des Cultes, le ministère de la Culture et de la Communication, la Commission nationale haïtienne de coopération avec l’UNESCO, le Bureau national d’ethnologie, les étudiants et chercheurs de l’Université d’État d’Haïti qui ont réalisé les inventaires, les photographes et vidéographes qui ont contribué au montage du dossier, les experts qui ont assuré la rédaction du texte de la fiche et sa traduction, les associations qui ont soutenu la candidature ».

De la Soupe Joumou à la Cassave, Haïti tente une fois de plus de protéger, de préserver et de promouvoir des éléments importants de son patrimoine immatériel, en cette année du patrimoine, en inscrivant et en soumettant la candidature officielle à l’inscription sur la Liste représentative du Patrimoine culturel immatériel de l’humanité dans le cadre de la Convention de 2003 de l’UNESCO.

 

Dominique Domerçant

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