RARETÉ DE CARBURANT

Le gallon de gazoline s’échange à 1 500 gourdes sur le marché informel

En ce début de semaine, les produits pétroliers se font de plus en plus rares. Les activités sont au ralenti au niveau des stations-service. Les derniers chargements effectués au centre de stockage de Wineco, du terminal de Varreux datent du 6 avril dernier où seulement 22 camions-citernes avaient été chargés avec une quantité de 76 400 gallons de diesel, 45 600 gallons de gazoline et 7 500 gallons de kérosène.

Intervenant sur une station de radio à Port-au-Prince, ce mardi matin, Marc André Deriphonse, le président de l’ANAPROSS (l’Association nationale des propriétaires des stations-service), confirme qu’il y a vraiment une sensible rareté des produits pétroliers sur le territoire. Parallèlement, le responsable de l’ANAPROSS indique que des commandes de carburant devraient arriver à partir du 15 avril afin de faire face à cette pénurie et ainsi alimenter le marché. 


 

Néanmoins, le seul recours des consommateurs, pour trouver de l’essence, est le marché noir. Quoique c’est interdit par la loi, conformément au décret du 20 décembre 1946 sur la spéculation illicite et au décret du 25 novembre 2020, concernant la vente sur la voie publique des produits tels que la gazoline, le diesel et en tout autre récipient non approprié. Les soucis du ministère du Commerce et de l’Industrie à travers ses diverses initiatives pour contrecarrer ces contrevenants de la loi n’ont pas été aboutis. Désormais, les vendeurs exigent 1 500 gourdes pour le gallon de gazoline.



 

De fait, cette pénurie du carburant est déjà bien visible au niveau des rues. Le nombre de véhicules sur la voie publique est considérablement réduit. Frederick, un chauffeur du transport en commun, témoigne : « en tant que père de famille, par rapport à mes responsabilités journalières, je suis obligé de prendre la rue. Je paie le gallon de la gazoline à 1 300 gourdes. Ce liquide est totalement absent au niveau des pompes et même dans les rues (le marché informel), la quantité est en baisse. On fait face à une crise sévère, les passagers sont contraints de faire face à une élévation du prix des courses. Il ne s’agit pas de notre faute », soulève-t-il. Par ailleurs, le trentenaire évoque que c’est l’irresponsabilité de l’État, la mauvaise gouvernance et l’inconscience des membres du secteur privé qui seraient à la base de cette crise.


 

Déjà, entre chauffeurs et passagers, les violons ne s’accordent pas. Après les diverses difficultés auxquelles doit faire face quotidiennement la population haïtienne, dont plus de la moitié subit l’insécurité alimentaire, cette pénurie des produits pétroliers vient de compliquer une fois de plus les conditions de vie des ménages. Le trajet Petion-ville-Centre-ville, qui coûtait 50 gourdes, est passé à 75 gourdes. Port-au-Prince-Cayes, qui coûtait 1 500 gourdes, est passé à 2 500 gourdes, entre autres! Face à cette pénible situation, Frédérick appelle les autorités à prendre leurs responsabilités en vue de garantir le bon fonctionnement des activités du pays, l’accès aux droits fondamentaux pour toutes les personnes, la stabilité politique et économique.  Pour sa part, le président de l’ANAPROSS lance un appel à la solidarité citoyenne et conseille aux acteurs économiques de mieux structurer le marché des produits pétroliers, pour une alimentation correcte du marché, des ménages et des stations-service. 

 

Oberde Charles

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