Près de 3 000 personnes tuées entre juillet 2021 et avril 2023, selon FJKL

Le dernier rapport de la Fondation je klere (FJKL), en date du 2 mai 2023, dresse un bilan catastrophe du climat sécuritaire. Selon ce document, près de 3 000 personnes sont tuées dans de nombreux massacres perpétrés sous la gouvernance du Premier ministre Ariel Henry.

Dans ce rapport titré « Les chiffres noirs du gouvernement d’Ariel Henry », FJKL décrit un pays qui s’enfonce de plus en plus au fond du gouffre, en raison d’un climat sécuritaire dégradant et inquiétant, caractérisé par des massacres, des viols, des tueries, des cas de kidnapping, des destructions de propriétés et de champs d’autrui, des déplacements massifs de population au niveau interne, de la perturbation des activités scolaires, économiques, commerciales, sociales, culturelles, et des exécutions sommaires.

 

L’organisme de défense des droits humains décompte 16 massacres perpétrés sur les habitants de la zone métropolitaine de Port-au-Prince ainsi que les régions éloignées du pays, durant le règne d’Ariel Henry, dont l’un des plus récents est celui, où les bandits de Canaan avec le soutien du gang de Village ont fait irruption dans les 9 localités de Source Matelas le 19 avril 2023, une invasion qui a causé la mort d’une centaine de personnes.

 

Cette attaque est survenue au moment où les habitants s’apprêtaient à inaugurer un sous-commissariat dans cette région afin qu’il ait une présence policière permanente dans cette section communale. « Personne n’a été épargné dans cette attaque et une dizaine ont péri en mer en essayant de fuir les gangs criminels. Des vieillards ou des bébés ont été massacrés par ces malfrats. Comme, selon un témoin de cette terreur, 13 personnes de la famille Joachim ont été assassinées, décapitées par les bandits. Deux jeunes garçons membres de cette famille sont sauvés de justesse parce qu’ils regardaient un match de football chez un voisin. »

 

Parmi ces victimes, figurent Mme Verard 75 ans, Desca Seneck 67 ans, Evenson Joseph, Maxo Joseph, Alexis AC 6 ans, Alicie Aristhilde, Kenia Aristhilde, Piquand AC ainsi connu, une jeune fille de 20 ans Christine Ac, Fleurette Alvarez 55 ans, Brunache Bayard 68 ans, la famille Joachim a perdu 13 personnes, la famille Voltaire a perdu 8 bébés (au naufrage).

 

« Ils ont installé, le jeudi 20 avril 2023, un nouveau chef de gang à Source Matelas connu sous le nom de “Big C”. Il a grandi à “Gran Chimen”. Pour l’heure, les habitants ont fui la zone et se sont réfugiés sur la place de Cabaret ou chez une proche ou ami, dans l’attente d’une aide auprès des autorités étatiques, aide qui tarde à venir. Sinon la bienveillance de certains paysans qui apportent de la nourriture aux déplacés qui sont plus de 200 ménages », a précisé FJKL dans le rapport.

 

Malgré les efforts des policiers cantonnés à cet endroit, ils n’arrivent pas à reprendre le contrôle de cette localité et des résidents continuent de fuir par peur d’y laisser leurs peaux. À rappeler que cette invasion a eu lieu 5 mois après celle de la nuit du 29 novembre 2022, qui a pour bilan 12 personnes tuées par balles et calcinées, trois blessées et 17 maisons incendiées.

 

D’un autre côté, dans la commune de Port-au-Prince, à Canapé vert des membres de la population ont lapidé puis brûlé tôt le lundi 24 avril 2023, 14 individus armés qui fréquentaient la zone à bord d’un minibus. Les habitants sont passés à l’action après que les policiers du sous-commissariat de la zone les eurent interceptés à bord du véhicule dans un checkpoint de routine. Ces individus étaient en mission pour renforcer d’autres bandits qui terrorisaient depuis vers les 2 heures du matin les résidents de Débussy et de Turgeau », a indiqué FJKL. 

 

 FJKL a aussi précisé que depuis lors, la colère populaire a gagné les rangs de la population. Une opération dénommée operasyon Bwa kale visant à rechercher et exécuter les bandits est lancée dans la zone métropolitaine entrainant la décapitation et des cas de mort atroce de présumés bandits. L’operasyon Bwa kale est également suivie dans certaines villes de province comme à Gros-Morne, à Cabaret, à l’Estere », a indiqué FJKL.

 

De plus, l’organisation prend en compte le nouvel affrontement entre les hommes de G9 et de GPEP, sur la période de 14 au 19 avril qui a coûté la vie à 75 personnes, dont 19 femmes. Tout en rappelant que le dernier affrontement entre ces derniers, qui s’était sur la période du 8 juillet au décembre s’était soldé par le décès de 263 personnes, 57 viols, 3 000 déplacés internes et des centaines d’enfants qui ne peuvent plus fréquenter un établissement scolaire.

 

À côté de ces massacres récents, la structure a mentionné également celui de La Plaine du Cul-de-sac opposant les hommes de Chen mechan et de 400 Mawozo, qui avait commencé le 24 2022 et qui avait pour bilan 230 morts, des centaines de blessés et des milliers de déplacés; celui de la Petite Rivière de l’Artibonite en octobre 2022 et avait causé la destruction de près de deux centaines de maisons; et la tuerie de ti Mapou dans la commune de l’Estère le 4 avril 2023.

 

La FJKL dénonce les actes de violence qui s’intensifient et qui font compter les cadavres au sein de la Police nationale d’Haïti. En indiquant que 84 policiers sont tombés sous les balles des hommes armés sous l’administration d’Ariel Henry, ce qui donne en moyenne 4 policiers par mois. « Certains dans des conditions atroces, horrifiantes. Les vidéos d’exécutions des agents de l’ordre sont postés sur les réseaux sociaux par les malfrats en toute impunité et dans bien des cas, la PNH se révèle incapable de récupérer les cadavres des disparus », a fait remarquer la FJKL dans ce rapport.

 

Une situation sécuritaire qui n’épargne plus aucune catégorie sociale, et frappe de plein fouet le secteur médiatique souligne la structure, en informant que 9 journalistes sont décédés avec une moyenne de 2 journalistes tous les trois mois et des vingtaines d’autres enlevées et séquestrées. Tel est le cas du journaliste Romelson Vlicin décédé après avoir reçu à la tête un coup de bonbonne de gaz lacrymogène lancé par des agents de l’Unité de maintien d’ordre, dans la cour du Commissariat de Delmas 33. 

 

De plus, FJKL affirme que de nombreuses institutions publiques, telles que la Primature, le Palais de justice de Port-au-Prince, les commissariats de police de Cité Soleil, de Martissant, de Pernier ont été contraintes de déloger sous la pression des bandits. D’autre part, presque toutes les institutions privées ont dû abandonner ces zones après le départ des institutions étatiques.

 

Sheelove Semexant

LAISSEZ UN COMMENTAIRE

0 COMMENTAIRES