Insécurité alimentaire : Haïti parmi les 7 pays les plus affamés

Selon les Nations unies, l’insécurité alimentaire s’est davantage aggravée dans le monde en 2022. Plus de 250 millions de personnes ont besoin d’une aide alimentaire contre 193 millions en 2021. À la base, il y a les conflits entre les États, les chocs économiques et les catastrophes climatiques, ont précisé les agences de l’ONU. Parmi les sept pays dont les habitants sont confrontés à la famine pendant la période, Haïti n’a pas été exempté. Le pays fait face à une mauvaise performance de son indicateur conjoncturel d’activité économique, notamment celui du secteur agricole et d’autres secteurs qui pouvaient contribuer à son développement d’après l’Institut haïtien de statistique et informatique dans son dernier bulletin de l’ICAE-Haïti.

Dans son forum agricole réalisé à la fin de l’année 2022, autour du thème : « Pouvons-nous dresser un bilan pour le secteur agricole en Haïti pour l’année 2022 » ?, la PROMODEV (Promotion pour le développement) avait conclu qu’aucun effort n’a été consenti par les autorités gouvernementales et les acteurs du secteur économique, pour la promotion de la production agricole et l’exploitation de ses différentes ressources tout au cours de l’année. Les producteurs et les commerçants agricoles ont dû faire face à une carence et le prix exagéré de carburants pour alimenter des pompes en vue d’arroser des parcelles agricoles et pour le transport des produits; l’insécurité généralisée caractérisée par le kidnapping, la pullulation des groupes armés dans diverses régions du pays ont empêché la circulation des producteurs agricoles et des madan sara à travers les diverses régions du territoire. Néanmoins, le secteur a connu d’énormes gaspillages des produits disponibles en milieu rural, sans ne pas ignorer les séquelles du tremblement de terre d’août 2021 et les catastrophes climatiques antérieures qui ont saccagé la péninsule Sud durant cette dernière décennie. 

 

Jouant un rôle fondamental dans l’économie du pays, dont environ 20 % du PIB et garantit le revenu de plus de 60 % de la population dans les zones rurales, les dernières données publiées par l’Institut haïtien de statistique et informatique (IHSI), concernant l’indicateur conjoncturel d’activité économique au premier trimestre de 2023, ont révélé que les activités économiques du pays ont considérablement baissé et ont provoqué un glissement annuel de 3,7 %; d’où une mauvaise performance qui résulte de la situation sociopolitique et économique du pays. « L’ICAE de la Branche agricole, au cours des mois d’octobre à décembre de l’exercice fiscal 2022-2023 a affiché, en rythme annuel, une baisse de 5.5 %, après celle de 6.4 % accusée au 4e trimestre de l’exercice fiscal précédent. Le secteur agricole continue à pâtir des effets récurrents d’un ensemble de contraintes structurelles, naturelles et conjoncturelles », a confié l’institut. Parallèlement, le secteur secondaire a accusé une baisse de 3,6 % en glissement annuel et celui du tertiaire à reculé de 3,4 %.


 

Pire que l’Ukraine, qui est en conflit depuis plus d’une année, les conditions humanitaires de la population haïtienne ne cessent de détériorer. Près de la moitié de la population se trouve en besoin d’une aide humanitaire. Selon les Nations unies, des inquiétudes planent en Afghanistan, Burkina Faso, Haïti, Nigéria, Soudan du Sud et Yémen. « Les habitants de ces sept pays ont été confrontés à la famine et au dénuement, ou à des niveaux catastrophiques de faim aiguë (phase 5) à un moment ou à un autre de l’année 2022. Plus de 35 millions d’enfants de moins de cinq ans souffraient d’émaciation ou de malnutrition aiguë, dont 9,2 millions d’émaciation sévère, la forme de dénutrition la plus dangereuse pour la vie et qui contribue fortement à l’augmentation de la mortalité infantile », a indiqué l’agence Onusienne.


 

L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a en effet soulevé que le principal moteur des crises alimentaires dans le monde est « les conflits », sans pour autant ignorer les répercussions économiques de la crise sanitaire de la Covid-19 dans le monde et les effets de la guerre russo-ukrainienne sur l’économie des autres pays. De fait, l’ONU et ses partenaires conseillent aux pays de prendre des mesures parce que les mêmes facteurs qui ont troublé l’année précédente peuvent s’atténuer en 2023. En ce sens, les États doivent opter pour un changement fondamental et systémique, dit-il.


 

Pour un retour au calme et la reprise des activités économiques, principalement du secteur agricole, les responsables de la PROMODEV ont plaidé pour la stabilité politique, le souci de mettre en place par les autorités étatiques, une urgence à la production agricole nationale comme étant l’une des priorités dans le budget national et dans des programmes de développement, des réformes au sein du MARDN (ministère de l’Agriculture, des Ressources naturelles et du Développement rural), l’établissement des canaux de communication entre le MARNDR, les organisations paysannes et les différentes institutions travaillant dans le secteur agricole.







 

Oberde Charles

LAISSEZ UN COMMENTAIRE

0 COMMENTAIRES