À chaque catastrophe, le secteur agricole paie énormément les frais

La vulnérabilité du secteur agricole par rapport aux catastrophes naturelles se précise à chaque pluie, chaque tempête et/ou ouragan. Les intempéries du vendredi soir au samedi 3 juin 2023 ont causé des pertes énormes dans la Grand-Anse, le Sud-Est et le département de l'Ouest, notamment à Léogâne. Les paysans ont perdu une grande partie de leurs récoltes, également de leur bétail. L'entrepreneur agricole Charlot Mura indique que ces dégâts sont liés à des problèmes environnementaux graves, ainsi que l'irresponsabilité des autorités étatiques qui n'ont rien fait pour accompagner les agriculteurs.

 

 

La déforestation, un mal endémique

 

L'utilisation du charbon de bois dans les ménages a provoqué depuis plusieurs décennies une forte détérioration de la couverture forestière du pays et de son environnement. Comme conséquence, lors du passage des intempéries, les fortes pluies transportent la terre arabe et se transforment en érosion. Ce qui augmente directement le risque des glissements de terrain et d'inondation qui, en effet, produit des dégâts matériels de toutes sortes au niveau du bétail, des jardins et des plus faibles revenus des paysans. 

 

L'entrepreneur agricole Charlot Murat, propriétaire de la ferme "Naïde" dans le département des Nippes indique qu'aucune disposition n'a été prise par les autorités étatiques pour éviter aux paysans de faire face à de telles pertes: "comme prévision pour faire face à la saison cyclonique, aucune des grandes rivières du pays n'avait pas été curée alors que celles-ci ne sont pas protégées contre les grandes quantités d'ordures qui sont éparpillées partout sur le territoire, dont des déchets plastiques ménagers et industriels qui font mal à l'environnement et à la santé des gens", a-t-il souligné. 

 

La non-assistance des agriculteurs

 

Livrés à eux-mêmes dans les zones rurales, les paysans se livrent souvent la pratique de l'abatage des arbres pour faire du charbon qui représente une source de revenus pour eux. À partir du charbon de bois, une forte quantité d'arbres est abattue pour un commerce qui s'étend même dans les ménages et les rues de l'aire métropolitaine de Port-au-Prince.  En ce sens, le déboisement est très pratiqué et les mesures adoptées par les gouvernements successifs pour garantir le reboisement sont minimes et les alternatives sont quasi-inexistantes.

 

Face à cette situation, Charlot Murat confie que c'est le non-accès aux besoins de base, dont l'indisponibilité des sources énergétiques durables qui incite la population à utiliser des ressources naturelles propres à des fins de consommation au détriment du milieu ambiant. "Le déboisement est accru, aucune adoption de politique de protection environnementale, les problèmes économiques obligent les familles à faire des choix de production et malgré tout cela les paysans sont dépourvus de programme de crédit agricole pouvant leur garantir une plus large production et l'utilisation d'intrants et de matériels agricoles modernes", dit-il. Néanmoins, face à ces défis environnementaux divers et ces aléas climatiques qui habituellement sont à la base de multiples dégâts dans le pays, l'entrepreneur conseille une bonne gestion des arbres par la mise à disposition de la population des zones rurales du propane dans les ménages avec une subvention appropriée. 

 

En effet, le responsable de la ferme Naïde souligne que les dégâts ne sont pas énormes dans les Nippes contrairement aux autres departements ( L'Ouest et une partie du Sud-Est et la Grande-Anse). Donc, il évoque qu'une quantité de sa récolte de cerises et de citrons sera réduite en raison de ces fortes pluies abattues sur ces fruits en pleine floraison. Pour soulager les conditions de vie des paysans, M. Murat lance un appel à l'établissement d'un système de crédit et également d'assurance agricole, sinon les cultivateurs seront totalement désorientés à la terre et la production agricole périt progressivement si rien n'est fait en ce sens, puisque le pays fait face à des problèmes de sécurité qui empêchent la vente et la circulation de ces produits tant sur le marché local qu'à l'international, sans oublier les problèmes climatiques qui sont encore des obstacles auxquels fait face régulièrement le secteur. 

 

Oberde Charles

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