La structure Combite pour la paix et le développement a organisé ce mercredi 10 juillet un atelier de discussion avec des représentants d'organisations de protection des droits humains, des membres des comités des camps d'hébergement, et des agences de l'ONU autour des enjeux de la protection dans les sites. Ces échanges visent à trouver des pistes de solutions pouvant améliorer les conditions de vie des déplacés.
Les échanges ont tourné autour des problèmes de documentation des réfugiés, de l'importance d'un appui psychosocial pour les déplacés, notamment les survivantes de violences sexuelles, du phénomène d'enfants non accompagnés d'un parent ni d'un proche dans les camps, des mauvaises conditions de vie de ces personnes ainsi que des nombreux cas d'infections recensés dans les centres.
Dans son intervention, le directeur exécutif de la structure, le juriste Fritznel Pierre, a déploré l'impact de la crise sécuritaire sur la population haïtienne, évoquant la nécessité pour les bailleurs de fonds nationaux et internationaux d'accroître leurs efforts pour continuer à soutenir les nécessiteux qui vivent dans des conditions extrêmement misérables.
« En juin dernier, l'ONU Migration a recensé plus de 500 000 déplacés internes. Avec la détérioration du climat sécuritaire, le nombre continue d'augmenter. Malheureusement, les fonds destinés à supporter les réfugiés ont nettement diminué », dit-il.
Le membre de la basoche soutient que cette rencontre est le moment propice pour trouver ensemble des solutions pouvant pallier la situation de ces déshérités. Il dit espérer d'une part que cet atelier sera une occasion pour sensibiliser les donateurs afin qu'ils puissent fournir davantage de fonds aux organisations de protection des déplacés pour accompagner les victimes, et d'autre part que les Médecins Sans Frontières Hollande, présents à cette activité, pourront aider à fournir beaucoup plus de soins aux réfugiés malades.
Présent à ce débat, le chargé de recherche et de documentation de l'Organisation des Citoyens pour une Nouvelle Haïti (OCNH), Anson Dacius, a souligné le problème de documentation comme étant l'un des enjeux majeurs de la protection des déplacés. Selon lui, ces personnes sont sujettes à être interceptées par les agents des forces de l'ordre ou victimes de la justice populaire en raison de l'absence de leurs pièces d'identité. « Sur un échantillon de 5 sites visités, nous avons trouvé 733 personnes sans pièces d'identité. Ces documents ont été égarés ou incendiés lors des affrontements meurtriers entre les gangs. L'OCNH a pu aider environ 80 personnes à retrouver ce précieux sésame », se réjouit-il, en invitant les autorités concernées à se pencher sur ce problème.
Marie-France Jules, membre du comité du camp de réfugiés Pierre Serge, à Solino dans la commune de Delmas, dénonce les conditions infra-humaines dans lesquelles vivotent les déplacés, soulignant la nécessité pour l'Institut de Bien-être Social et de Recherche (IBESR) de prendre en charge certaines mineures qui pourraient être utilisées à des fins sexuelles dans les sites. Elle indique également que les réfugiés ont contracté des maladies infectieuses, dont des infections cutanées, comme le prurit et des démangeaisons.
Mme Jules appelle les autorités à la rescousse de ces compatriotes en proie à la misère et à la souffrance. Elle invite les responsables sanitaires et les organisations non-gouvernementales à visiter les centres de refuge afin d'évaluer l'état de santé des citoyens et d'éviter toute éventuelle épidémie mortelle et dangereuse.
Sheelove Semexant