En plus du phénomène des déplacés internes, l'insécurité chronique a engendré un autre problème majeur dans la région métropolitaine de Port-au-Prince. Des centaines de commerçants chassés par les bandits du centre-ville ont été contraints de s'installer sur les trottoirs de nombreuses rues de la capitale.
De fait, plusieurs rues du centre-ville de Port-au-Prince sont devenues de nouveaux marchés publics. À Lalue, à Bois Verna, les trottoirs se transforment en espaces de vente pour des commerçants qui ont fui, entre autres, le marché de la Croix-des-Bossales.
À Lalue, dès le matin, les marchands de potages, d'épices, de légumes et de vivres alimentaires sont présents, tentant de vendre leurs produits tout en évitant la vigilance des forces de l'ordre. Dans leur précipitation, ils offrent leurs marchandises à des prix réduits.
Un peu plus loin, sur l'avenue Christophe, des groupes de jeunes, d'hommes et de femmes s'installent sous des parasols pour proposer leurs produits. La plupart sont dépanneurs de téléphones, bouquinistes, ou commerçants d'autres articles. Ils affirment avoir quitté les rues du centre-ville pour échapper aux affrontements.
Des mécaniciens et des petits magasins de pièces détachées, qui occupaient autrefois la rue des Pavés, envahissent désormais les deux côtés de cette route, entraînant souvent des embouteillages en raison de l'afflux de conducteurs.
« Nous avons quitté le centre-ville pour nous réfugier ici afin de subvenir aux besoins de nos familles. Nous réparons des voitures et vendons des pièces aux clients, ce qui est différent ici. Nous ne faisons que vendre, et ce n'est pas du tout bénéfique », déclare un marchand.
Ces détaillants se plaignent d'une situation peu favorable à la vente. Ils font néanmoins de leur mieux pour s'adapter à cette nouvelle réalité et poursuivre leurs activités. « Nos activités ne sont plus aussi rentables qu'avant. Au centre-ville, les clients se bousculaient pour bénéficier de nos services désormais, il peut s'écouler plusieurs jours sans qu'un client ne se présente », se désole un dépanneur de téléphones portables.
Cependant, ils continuent d'espérer une amélioration de la situation. Ils sollicitent l'intervention du gouvernement pour pouvoir retourner à leurs points de vente habituels. « Nous ne demandons pas grand-chose. Nous exigeons simplement un climat de paix qui nous permettrait de mener nos activités librement », réclame Peterson Louis.
La situation est similaire dans les communes non occupées par les bandits. Presque toutes les routes se transforment en marchés publics. L'insécurité continue d'affecter négativement l'économie nationale, plongeant la population déjà vulnérable encore plus dans la misère.
Sheelove Semexant