Une récente analyse du Cadre Intégré de la Classification de la Sécurité Alimentaire (IPC) menée par la Coordination Nationale de la Sécurité Alimentaire (CNSA) en partenariat avec des experts techniques et financiers, révèle une nette dégradation de la situation par rapport à l'année précédente. En effet, 48% de la population se trouve aujourd'hui en Phase 3 ou plus de l'IPC, ce qui correspond à une crise ou une situation d'urgence.
Cette situation est particulièrement critique dans les camps de déplacés de la zone métropolitaine de Port-au-Prince, où environ 6 000 personnes sont classées en phase de catastrophe (Phase 5 de l'IPC), et près de 39 000 autres en phase d'urgence (Phase 4 de l'IPC). Au total, 18% de la population, soit environ 2 millions de personnes, sont en situation urgente, tandis que 30% (environ 3,4 millions de personnes) sont en crise, révèle le rapport.
En effet, cette détérioration, en hausse par rapport à l'analyse d'août 2023, est principalement due à l'escalade de la violence des groupes armés, qui entrave l'approvisionnement en denrées alimentaires de base et fait grimper les coûts de transport. Le pouvoir d'achat des ménages, déjà érodé, est également mis à mal, réduisant considérablement leur accès aux biens de première nécessité, lit-on.
Face à cette situation alarmante, la CNSA appelle à des interventions urgentes dans les zones classées en Phase 4 de l'IPC, avec une attention particulière portée aux plus vulnérables, afin de prévenir l'adoption de stratégies de survie néfastes.
De plus, les experts recommandent également d'élargir les programmes de protection sociale existants, en mettant en place un registre unifié pour permettre des interventions conjointes et multisectorielles, ainsi que de renforcer les moyens d'existence des ménages affectés par des chocs récurrents, tels que la sécheresse, les cyclones, et l'insécurité.
Au-delà des réponses d'urgence, une articulation entre les interventions humanitaires et les actions de développement est essentielle. Le renforcement du cadre institutionnel de la sécurité alimentaire et nutritionnelle (SAN) et la transformation des systèmes alimentaires sont des priorités pour un impact durable, ont laissé comprendre les experts qui insistent sur la nécessité de protéger les moyens d'existence des femmes, particulièrement vulnérables dans cette crise, tout en impliquant activement les hommes dans les responsabilités domestiques et familiales. Des initiatives de cohésion sociale et d'accès à l'information, ciblant aussi bien les hommes que les femmes, sont cruciales pour prévenir des stratégies d'adaptation néfastes.
Vladimir Predvil