Plus de 1 220 personnes ont été tuées et 522 autres blessées dans l'escalade de la violence des gangs armés, du 1er juillet au 30 septembre 2024, selon le dernier rapport trimestriel du Bureau Intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH).
Le nombre de victimes de meurtres, de blessés et d'enlèvements a connu une baisse de 32 % par rapport au premier trimestre de l'année 2024, mais une augmentation de 27 % par rapport au second trimestre. De plus, 170 personnes ont été enlevées, soit une baisse de 64 % par rapport au premier trimestre et de 60 % par rapport au second, selon les données du Bureau Intégré des Nations Unies en Haïti.
Le bilan indique également que pas moins de 106 exécutions extrajudiciaires sommaires ou arbitraires ont été commises par des responsables de l’application des lois, dont 96 sont imputables à la Police Nationale d’Haïti et 10 au Commissaire du Gouvernement de Miragoâne, Jean Ernest Muscadin. Parmi les victimes figurent six enfants âgés d’une dizaine d’années.
Au cours de cette période, les bandits ont intensifié leurs exactions dans plusieurs localités du département de l’Artibonite, notamment dans les communes de Gros Morne, Marchand Dessalines et Petite Rivière de l’Artibonite. Dans la région métropolitaine de Port-au-Prince, les caïds ont persisté dans leurs abus dans les quartiers de Delmas (Solino), Tabarre, Carrefour et Gressier, Léogâne, Croix-des-Bouquets, Cité Soleil, Arcahaie ainsi que dans d'autres régions du pays.
En ce qui concerne la justice, le compte rendu rapporte que le ministère de la Justice et le Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire ont annoncé la création de pôles judiciaires spécialisés pour lutter contre les crimes de masse, y compris les violences sexuelles, et les crimes financiers. Des assises sans assistance de jury ont été organisées dans 14 juridictions du pays ; 324 dossiers ont été jugés, suite à la levée de la grève des commissaires du gouvernement, et l'Unité de Lutte Contre la Corruption a soumis sept rapports d’enquête sur des cas de corruption au parquet de Port-au-Prince et a ouvert une enquête contre trois conseillers du conseil présidentiel de transition.
Ainsi, le Bureau Intégré des Nations Unies recommande au gouvernement haïtien d'établir par décret l’installation des pôles judiciaires spécialisés pour lutter contre les crimes de masse, y compris les violences sexuelles, et les crimes financiers, d'accélérer avec le soutien de la communauté internationale la mise en œuvre effective du processus de vetting au sein de la police, de traduire en justice les policiers impliqués dans des violations graves des droits de l’homme et de mettre en place un programme de réhabilitation et de réinsertion des mineurs impliqués dans les gangs.
De plus, le BINUH exhorte les autorités haïtiennes, à renforcer avec le soutien de la communauté internationale, la disponibilité, l’accessibilité et la qualité des systèmes de soins médicaux et psychosociaux pour les survivants et survivantes de violences sexuelles, et à renforcer les capacités et la sensibilisation de la police et du système judiciaire pour lutter contre l'impunité des violences sexuelles et la stigmatisation des victimes.
Parallèlement, l'organisme onusien invite la communauté internationale à maintenir Haïti sur l’agenda international et à accélérer le déploiement complet de la Mission multinationale, ainsi qu’aux États de la région à renforcer et augmenter le nombre d’inspections des cargaisons à destination d’Haïti sur leur territoire, y compris dans les ports maritimes et les aéroports.
Sheelove Semexant