Quinze ans après le tremblement de terre dévastateur qui a frappé Haïti, le psychologue et éducateur Pascal Néry Jean-Charles partage ses réflexions sur les séquelles psychologiques laissées par cette tragédie. Dans une interview accordée à Le National, il souligne les traumatismes persistants des survivants et déplore le manque de soutien étatique pour leur prise en charge.
Selon Pascal Néry Jean-Charles, les conséquences du séisme du 12 janvier 2010 sur la santé mentale des survivants sont multiples et durables. « Un événement de cette ampleur laisse des traces indélébiles. Des personnes touchées continuent de souffrir de stress post-traumatique, de dépressions sévères, de troubles anxieux et de cauchemars. La peur, les flashbacks et les souvenirs constants hantent leur quotidien », explique-t-il.
Parallèlement, le psychologue souligne que tout élément pouvant rappeler cette tragédie. Un son, une odeur ou même un séisme dans un autre pays peut raviver le traumatisme. « Ces symptômes montrent que le tremblement de terre du 12 janvier 2010 est, pour beaucoup, un traumatisme encore bien présent », ajoute-t-il.
Pascal Néry Jean-Charles déplore l'absence de politiques publiques adaptées pour accompagner les victimes. « L’État haïtien n’a jamais mis en place de programme de soutien psychologique à long terme, alors que ces interventions sont importantes. Les conditions de vie difficiles ont exacerbé ces traumatismes, notamment pour ceux qui ont dû vivre dans des centres d’hébergement. Ces lieux, loin d’être des refuges, ont souvent été le théâtre d’abus, de violences et de maltraitances, en particulier à l’encontre des femmes et des enfants », alerte-t-il.
En ce qui concerne, pour aider les survivants à se reconstruire, Dr Pascal Néry Jean-Charles les encourage à consulter des psychologues et à trouver du soutien auprès de leurs proches. « La société doit également jouer un rôle en témoignant plus d’empathie et d’amour envers les personnes traumatisées. Cela peut les aider à développer une résilience face à leurs souffrances », a-t-il martelé.
À l’approche du 15e anniversaire du séisme, il rappelle l’importance de parler de ses émotions. Une ligne d’écoute de l'Association Haïtienne de Psychologie soit le +509 2919 90 00, est disponible pour ceux qui ressentent le besoin de se confier, a fait savoir De Jean-Charles.
Pour Pascal Néry Jean-Charles, le 12 janvier 2010 n’est pas seulement une date de deuil collectif, mais aussi un rappel des efforts nécessaires pour panser les blessures psychologiques d’un peuple. Quinze ans après, il plaide pour une prise en charge durable et une solidarité renforcée envers les survivants.
Vladimir Predvil