Alors que la transition politique en Haïti s’enlise, l’Accord du 3 avril, censé tracer la voie vers une sortie de crise, peine à produire les effets escomptés. Dans une interview accordée à la rédaction du quotidien Le National ce mercredi 5 février 2025, le sociologue Delson Cius dresse un état des lieux alarmant et pointe du doigt les tensions internes au sein du conseil présidentiel de transition, ainsi que l'absence de décisions stratégiques pour redresser le pays.
Selon Delson Cius, la transition est freinée par une bataille interne entre les membres du Conseil présidentiel de transition, ce qui complique la mise en œuvre des réformes essentielles, notamment en matière de sécurité et d’organisation des élections. Il souligne que les désaccords entre les dirigeants sont devenus un obstacle majeur à l’application de l’Accord du 3 avril.
« Les membres du Conseil présidentiel de transition peinent à s’accorder sur une vision commune. Il y a des luttes internes qui ralentissent les décisions et c’est la population qui en paie le prix. », a-t-il martelé. Il a également fair référence au conflit ouvert entre le ministre et le directeur général de la Police Nationale d’Haïti, un bras de fer qui, selon lui, peut empêcher toute avancée significative dans la lutte contre l’insécurité.
Pour Delson Cius, l’inaction politique aggrave une situation déjà critique. Il rappelle que les attaques armées se multiplient et que l’insécurité alimentaire touche de plus en plus de familles. « Les gangs continuent de semer la terreur et les conditions de vie de la population se détériorent. Les dirigeants doivent comprendre que chaque retard dans la prise de décisions a des conséquences directes sur la vie des citoyens. », lance t-il.
Face à cette réalité, il plaide pour un dépassement des clivages politiques afin d’engager des actions concrètes et immédiates. Delson Cius insiste sur la nécessité d’une sérénité politique et d’un dialogue permanent entre les différents acteurs. De son point de vue, les tensions actuelles ne font qu’aggraver la crise et retarder les solutions durables. « Nous sommes en pleine période de tension. Avant de prendre certaines décisions importantes, notamment en ce qui concerne le changement des cartels, il est essentiel d’établir un dialogue constructif. » Parallèlement, il met également en garde contre le rôle de la presse, estimant qu’elle ne doit pas alimenter les conflits mais plutôt encourager des discussions inclusives.
Enfin, M. Cius appelle les membres du Conseil présidentiel de transition à prendre des décisions politiques efficaces et à nouer des partenariats stratégiques afin d’apporter un soulagement à la population. « Cherchons d’autres partenaires et renforçons nos relations avec des alliés régionaux pouvant nous aider à sortir le pays du bourbier dans lequel il est plongé depuis trop longtemps. » a conclu le sociologue Delson Cius.
Vladimir Predvil
