Médecins sans frontières travaille dans des conditions dangereuses

Les affrontements meurtriers croissants en Haïti, perpétrés par les gangs de rue dans la capitale Port-au-Prince, ont forcé l’équipe locale de Médecins sans frontières à relocaliser ses opérations du bidonville de Cité Soleil, près du port, à la commune de Tabarre en banlieue est.

C’est ce que nous confirme le médecin français Jean-Gilbert Ndong, en mission pour un an en Haïti. «Je suis arrivé à Port-au-Prince le 26 août 2021. La situation déjà grave s’est sérieusement détériorée davantage au courant de ces trois derniers mois», raconte-t-il.

MSF impartial

Depuis 50 ans, MSF apporte de l’aide médicale de façon indépendante et impartiale. L’agence intervient partout dans le monde là où les besoins sont les plus grands, comme en Haïti.

Interpellée par la grave crise humanitaire actuelle en Haïti, ayant déjà œuvré avec MSF (1996-2004) et effectué plusieurs séjours en terre haïtienne, j’ai contacté MSF-Canada à Toronto afin de corroborer les contenus de mes récents articles relatifs au chaos social et politique haïtien.

Je souhaite que cette voix du terrain se rende aux oreilles du gouvernement canadien trop silencieux face à la crise haïtienne.

 

Voici les propos du Dr Jean-Gilbert Ndong, coordonnateur médical de MSF en Haïti, basé à Port-au-Prince.

J’ai pu échanger brièvement par téléphone avec le Dr Jean-Gilbert Ndong, ce lundi 15 novembre… avant que la ligne ne coupe!

 

Dégradation sécuritaire

«La violence quotidienne, les kidnappings affectent l’ensemble des services de soins de santé partout au pays», témoigne le Dr Ndong. «Plusieurs cliniques et hôpitaux ont dû réduire leurs services et même fermer leurs établissements», d’ajouter le coordonnateur médical de MSF.

Depuis des semaines, des gangs armés haïtiens contrôlent deux des plus importants terminaux pétroliers de Port-au-Prince.

Cette pénurie a une incidence à l’échelle du pays dont les établissements et les entreprises dépendent de génératrices pour assurer leurs besoins essentiels en électricité.

«La pénurie d’eau, en plus de la pénurie de carburant, frappe très durement l’ensemble des hôpitaux haïtiens incluant la réduction obligée de nos opérations», mentionne aussi le Dr Ndong.

Malgré les circonstances locales extrêmement difficiles, MSF continue de gérer l’hôpital de Tabarre totalisant 70 lits «dont 42 patients en traumatologie en date d’aujourd’hui».

«La plupart des patients souffrent de blessures associées à la violence, à des accidents de la route ou à des brûlures en raison d’accidents domestiques.»

 

Transport paralysé

«L’un de nos défis, parmi les plus importants, réside dans la gestion de nos ressources humaines en situation de crise aiguë», déclare le Dr Ndong.

En raison des transports publics paralysés par la pénurie d’essence, combinée avec la violence incessante dans les rues, MSF doit gérer le transport quotidien sécuritaire de son personnel local.

 

«Les équipes MSF s’adaptent constamment pour que le personnel médical essentiel puisse rejoindre les structures médicales et rentrer ensuite chez lui.»

MSF respecté

«Nous y arrivons dans des conditions dangereusement précaires. Toutefois grâce à la notoriété de MSF en Haïti, notre mandat est généralement bien respecté.»

Les ressources humaines représentent l’un des éléments indispensables au maintien des opérations de MSF partout dans le monde. Tant les travailleurs de terrain recrutés à l’international via les sections MSF que le personnel embauché localement.

L’équipe internationale à Tabarre est présentement réduite en raison de la situation de sécurité hautement volatile.

 

Droit universel bafoué

Rappelons que 80 % des fonds amassés par MSF servent à appuyer directement ses opérations médicales sur le terrain en faveur des populations vulnérables.

 

L’aide humanitaire apportée par MSF en Haïti peut paraître telle une goutte d’eau dans l’océan… Mais sans gouttes d’eau, pas d’océan…

Entendons la souffrance du peuple haïtien, le cri des migrants haïtiens sur le continent, les témoignages-réalités du terrain.

On doit agir pour contribuer au respect du droit universel à la vie, à la liberté et à la sécurité en Haïti.

La transition vers la paix en Haïti peut s’accomplir par et pour les Haïtiens. En collaboration possible avec des pays volontaires où les politiques visent le respect des droits humains, dont le Canada.

 

 

AnnikChalifour

Chroniqueuse et journaliste à l-express.ca depuis 2008. Plusieurs reportages réalisés en Haïti sur le tourisme solidaire en appui à l’économie locale durable. Plus de 20 ansd'œuvrehumanitaire. Formation de juriste

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