Dans un rapport publié après le passage de l’ouragan Mélissa, le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH) dénonce l’insuffisance des mesures adoptées par les autorités face aux pluies diluviennes qui ont frappé le pays le 29 octobre 2025.
Bien que l’ouragan n’ait pas touché directement Haïti, les fortes précipitations ont provoqué des crues de rivières et d’importantes inondations, causant la mort d’au moins quarante-trois personnes, dont vingt-cinq à Petit-Goâve. Treize personnes sont toujours portées disparues, vingt-et-une autres ont été blessées et près de deux mille habitants se retrouvent aujourd’hui dans des abris provisoires. Des pertes matérielles considérables ont également été enregistrées, incluant la destruction de maisons, de têtes de bétail et de plantations agricoles.
Selon le RNDDH, les mesures préventives annoncées par l’État et la Protection civile, notamment l’alerte nationale, la journée chômée et les messages de sensibilisation, n’ont pas été suivies d’actions concrètes permettant de réduire les risques. L’organisation souligne qu’aucune opération de curage de rivière ni de déplacement préventif n’a été menée dans les zones identifiées comme vulnérables, alors même que les autorités savaient que des inondations étaient probables.
Le RNDDH affirme également que la communication autour de l’arrivée possible de Mélissa, commencée plus de huit jours avant les pluies, a entraîné une baisse de vigilance au sein de la population, certaines localités n’ayant d’ailleurs pas été informées au même moment des risques réels. Le rapport met en avant la forte proportion d’enfants parmi les victimes recensées à Petit-Goâve, ainsi que la mort de personnes âgées et d’une jeune femme vivant avec une déficience motrice.
L’organisation estime que l’absence de mesures d’évacuation préventive a exposé de manière disproportionnée les personnes les plus vulnérables. Par ailleurs, le RNDDH critique le montant de deux-cent-cinquante-mille gourdes proposé par les autorités aux familles des victimes, rappelant qu’à la suite de l’attaque du 24 décembre 2024 à l’Hôpital de l’Université d’État d’Haïti, les proches des personnes tuées avaient reçu un-million de gourdes. Pour l’organisation, il s’agit d’une inégalité de traitement injustifiée alors que, dans les deux cas, la responsabilité de l’État est engagée.
Enfin. le RNDDH appelle les autorités à assurer une assistance médicale, financière et psychosociale aux personnes touchées, à garantir un accompagnement digne des familles endeuillées, à élaborer avec les communautés des programmes de relèvement tenant compte des besoins réels, et à identifier puis déplacer à l’avenir les populations vivant dans les zones exposées aux inondations et aux glissements de terrain.
Vladimir Predvil
