L’aéroport international Antoine Simon des Cayes a franchi une étape historique lundi 10 novembre, en accueillant son tout premier vol international, reliant Miami aux Cayes. À bord de l’appareil N29 de la compagnie IBC Airways, une trentaine de passagers et membres d’équipage ont atterri sur le tarmac des Cayes, marquant ainsi le début d’une nouvelle ère pour le Grand Sud.
Selon Charlot Murat, coordonnateur de l’organisation Éveil Grand Sud (EGS), l’événement a été accueilli avec une vive euphorie par les habitants de la région. Le vol, arrivé aux alentours de 10 h 05, symbolise un souffle d’espoir pour une population longtemps isolée. Toutefois, Charlot Murat souligne que cette satisfaction est tempérée par les nombreuses lacunes de l’infrastructure aéroportuaire.
Malgré les imperfections, ce vol inaugural est perçu comme un jalon vers le désenclavement du Grand Sud. Depuis la fermeture de l’aéroport international Toussaint Louverture et les blocages persistants sur les axes routiers de Martissant, Mariani et Gressier, la région s’est retrouvée coupée du reste du pays et du monde. Ce vol représente donc une ouverture tant attendue, permettant aux habitants de se déplacer plus facilement, notamment pour des raisons médicales ou familiales.
L’entrepreneur agricole déplore cependant le coût élevé des billets, jugé exorbitant pour une population déjà fragilisée. Il mentionne à ce stade, la piste jugée trop courte, empêchant l’atterrissage de gros porteurs. En l’absence de terminal, l’avion ne peut pas faire le plein sur place et doit se rendre en Jamaïque pour ravitailler, entraînant des frais supplémentaires liés à une seconde taxe aéroportuaire.
L’aéroport souffre d’un déficit criant en équipements essentiels. Ces insuffisances contribuent à une hausse généralisée des coûts, y compris ceux des assurances de voyage vers Haïti. Le coordonnateur Murat accuse également certaines compagnies aériennes qui évoquent des alibis afin de d’exploiter la situation sécuritaire du pays comme prétexte pour justifier l’augmentation des tarifs, en évoquant des risques d’attaques armées contre les appareils.
Face à ces défis, le coordonnateur d’Éveil Grand Sud exhorte l’État haïtien à assumer ses responsabilités en dotant l’aéroport des équipements nécessaires. À défaut de moyens publics, il propose de recourir à des partenariats public-privé, voire à la création d’une société anonyme regroupant les citoyens du Grand Sud et la diaspora, afin de financer l’achat du matériel requis. Selon lui, ce modèle pourrait offrir des retours sur investissement, comme cela se pratique dans d’autres pays.
Par ailleurs, Charlot Murat rappelle que le Grand Sud dispose de nombreux produits agricoles à exporter, tels que les bananes, ignames, patates, huile de vétiver, cacao, farine de manioc entres autres. Il insiste sur le fait que cette ouverture n’a pas pour vocation d’importer des vêtements de seconde main (“pèpè”), mais de permettre aux fils et filles de la région vivant à l’étranger de retrouver leurs proches en toute sécurité, tout en favorisant les échanges commerciaux locaux.
L’entrepreneur informe également que l’appareil N29 IBC peut transporter plus de soixante passagers, mais en raison du volume des bagages, une trentaine de personnes ont pu embarquer confortablement pour atterrir sans difficultés vers le Grand Sud. En outre, ce dernier annonce qu’un second vol est prévu dès le lendemain, à la même heure, et que la compagnie aérienne envisage d’organiser au moins trois vols hebdomadaires vers Haïti, avec pour destination l’aéroport Antoine Simon des Cayes. Il espère que d’autres compagnies seraient en mesure d’organiser des vols aussi sur le tarmac des Cayes dans les jours à venir.
Le coordonnateur d’Éveil Grand Sud, Charlot Murat lance un appel pressant à l’État haïtien pour qu’il prenne les mesures nécessaires afin de rendre l’aéroport Antoine Simon pleinement opérationnel. À défaut, il demande que les initiatives privées soient autorisées à intervenir pour combler les lacunes et garantir un service aérien digne des besoins de la population du Grand Sud.
Likenton Joseph
