HAÏTI- POLITIQUE Le secteur syndicalinterpelle la conscience des dirigeants haïtiens

Des organisations syndicales haïtiennes, telles que la Confédération des travailleurs et travailleuses des secteurs public et privé (CTSP), la Confédération des travailleurs haïtiens (CTH), Centrale nationale des ouvriers haïtiens (CNOHA) et EntèsendikalPremye me Batayouvriye (ESPM-BO) se disent extrêmement préoccupés par la dégradation accélérée eteffrénéede la situation du pays, surtout durant ces derniers mois, ce qui profane la valeur des luttes.

Suivant ces organisations, depuis au moins deux ans, il n'y a aucun ajustement du salaire minimum, en violation del‘article 137 du Code du travail qui prévoit un ajustement de salaire chaque fois que le taux d’inflation atteint le seuil de 10 %, alors que sur les deux dernièresannées, le taux d'inflationdépasse la barre de 3O%. Parallèlement, les organes de sécurité sociale sont dysfonctionnels et le ministèredes Affaires sociales et du Travail (MAST) est totalement indifférentpar rapport à sa mission dans le domaine social, surtout avec un personnel dont la grande majorité est incompétente et non qualifiée.

« D'un autre côté, en dépit des luttes internes liées à la concurrence pour le profit, le secteurprivé semble nier leur responsabilité dans le cadre de la crise actuelle et se rend ainsi complice de la détérioration de la situation dans le pays. En même temps, le secteurpatronal profite de la situation pour aggraver la culture de violation systématique des droits syndicaux, notamment le droit de la liberté syndicale et la négociationcollective. En ce sens, beaucoup de travailleurs et de travailleuses subissent desmauvaisesconditions de travail sont suspends et révoqués de façon arbitraire », ont-ils déclaré

En outre, les syndicats disent constater que le gouvernement perd le contrôle d'une bonne partie du territoire, la population est totalement délaissée et le niveau de violence dans le pays atteint son paroxysme par la multiplication des cas d’enlèvement suivi de séquestrationcontre rançon, de torture et/ou de viol, d'exécutions sommaires et inhumaines, d’assassinats en toute impunité de citoyens et citoyennes vaquant paisiblement à leurs occupations.

Ces syndicalistes dénoncent du même coup, l’industrie du crime qui devient, selon eux,  juteuse dans le pays, et les criminels trouvent un terreau fertile pour opérer. «  Les criminels ont décidé de prendre pour cible les écoles, les églises et les entreprises et aucune volonté du gouvernement n'est manifestée pour freiner ces criminels. Les plus hautes autorités de l'État sont indexées dans des cas d'enlèvement et le gouvernement, sans aucun scrupule et respect pour la population, se tait comme quoi lapopulation n'a pas droit à lavérité. Aucune enquête n'a été publiée sur ce dossier ; aucunemesure conservatoire ou sanction n'a été prise contre les autoritéssoupçonnées. Beaucoupde personnalités signataires de certains accords politiques sont soupçonnées d’avoir commis des crimes économiques et politiques », se plaignent ces syndicalistes

De fait,face à cette situation, le secteur syndical, fidèleà sa mission de défendre les intérêts destravailleurs et des travailleuses  engagés de manière permanente dans la lutte pour la promotion des droits humains et socio-économiques, recommande fortement aux autorités haïtiennes d’initier de manière urgente une négociation bipartite sur l'ajustement du salaire pourles travailleurs, mais également d'effectuerune inspection générale du milieu du travail haïtien et appliquer la loi face à  la situation de violation etarrêterimmédiatement les mesures de compression et de discriminationantisyndicale dans les entreprises.

Vladimir Predvil

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