La manifestation contre l’insécurité dispersée brutalement par les forces de l’ordre

Ils ont été quelques dizaines de manifestants à fouler le macadam ce mercredi 4 novembre 2020 pour forcer les autorités étatiques à rétablir un climat de sécurité dans le pays et demander justice pour des personnes assassinées comme Évelyne Sincère. Alors que les protestataires, parmi eux, des artistes, ont voulu se rendre devant le ministère de la Justice et de la Sécurité publique (MJSP) pour livrer un message en la circonstance, le mouvement a été dispersé par les forces de l’ordre à coup de bombes lacrymogènes.

Quelques dizaines de citoyens ont été dans les rues ce mercredi 4 novembre 2020 pour participer à un mouvement baptisé : « Leve Kanpe » (#LeveKanpe). À l’origine de ce mouvement de manifestation, explique-t-on, l’insécurité qui ne cesse de gagner du terrain dans le pays, avec des actes d’assassinats, touche la société profondément.

En effet, de ces actes crapuleux, on peut citer, l’assassinat du bâtonnier de l’Ordre et des avocats de Port-au-Prince, le professeur Monferrier Dorval, l’étudiant Grégory Saint-Hilaire et le dernier crime en date, Évelyne Sincère, kidnappée, assassinée et retrouvée sur un tas d’immondices à Delmas. Certains croient que ce dernier crime odieux devrait être la dernière goutte d’eau qui fait déborder le vase. Il semblerait que ce n’est pas encore le cas puisque, l’appel au soulèvement général lancé par certains citoyens n’a pas trouvé l’effet escompté au niveau de la population.

Cependant, ils ont marché à travers les rues de la capitale haïtienne, certains avec des t-shirts au hashtag (#LeveKanpe), pour demander aux autorités étatiques de garantir la sécurité publique aussi bien, pour que lumière soit faite sur les nombreux crimes précités en donnant justice aux familles des victimes. Si on reproche à l’État haïtien de ne pas trop défendre la cause des plus faibles, on accuse également aux musiciens (certains) de ne pas trop embrasser la cause de la population.

L’un des rappeurs qui avait fait les beaux jours du groupe « Magic Click », actuel et toujours membre de la formation Barikad Crew ayant pour sobriquet « Briks « a été dans les rues ce 4 novembre et il n’a pas caché ses mots. « Mwen kwè prezans mwen la se pou fòse Leta pran responsabilite l pou tout moun ki mouri yo jwenn jistis e pou peyi a jwenn bon jan sekirite [Je pense que ma présence dans les rues est pour forcer l’État à assumer ses responsabilités, rendre justice aux personnes assassinées et garantir un climat de sécurité dans le pays]». Pour le rappeur, si l’heure est venue pour faire une révolution, c’est à la population de la faire, car lui seul ne le peut pas.

La passivité de la population ne laisse pas le rappeur indifférent. « Bon sa, se pèp la, yo gen lè poko santi jan yo di ya, y ap tann yo mouri grenn pa grenn. Lè sa, m panse lè se yon moun ki gen yon frè yo, on sè yo, ya santi yo pi konsene. Mwen menm, mwen la, paske Evelyne te ka ti sè m, Evelyne te ka fanmi m. Tout moun la kap viktim, pèsonn pa epanye [La population attend que ses membres meurent graduellement. Je pense que les Haïtiens se montrent plus concernés quand il s’agit d’un de leurs proches. Moi, je participe à cette marche parce que Évelyne aurait pu être ma sœur ou un membre de ma famille. Tout le monde peut y passer] », a relâché le rappeur au micro de la Radio Télévision Pacific. Selon le rappeur, si l’État ne peut prendre ses responsabilités, c’est au peuple d’agir, car le pays n’en peut plus.

Au cours de leur parcours, les protestataires ont aussi délivré un message devant les locaux de la compagnie de téléphonie Digicel. « Personne n’est vraiment bien dans ce pays, ces citoyens qui ont foulé le macadam sont venir dire à la Natcom et à la Digicel qu’ils ont leur part de responsabilité, nous irons tout à l’heure par-devant le ministère de la Justice pour dires aux autorités étatiques, d’assumer leur responsabilité, car ils nous doivent nous garantir la sécurité », a fait savoir l’un des initiateurs.

Arrivés devant le local du ministère de la Justice et de la Sécurité publique (MJSP) à l’avenue Charles Summer, les manifestants ont été dispersés à coup de gaz lacrymogène par les forces de l’ordre. Un tel acte, selon les protestataires, devient une récurrence chez ceux qui devraient assurer la sécurité la population.

Wisly Bernard Jean-Baptiste

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