Déchets d’équipements électriques et électroniques

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Chaque année, des millions d’appareils électriques et électroniques sont mis au rebut lorsque les produits se cassent ou deviennent obsolètes et sont jetés. Ces appareils mis au rebut sont considérés comme des déchets électroniques et peuvent devenir une menace pour l’environnement et la santé humaine s’ils ne sont pas traités, éliminés et recyclés de manière appropriée. Parmi les appareils courants que l’on trouve dans les flux de déchets électroniques figurent notamment les ordinateurs, les téléphones portables et les gros appareils ménagers, ainsi que le matériel médical. Chaque année, des millions de tonnes de déchets électroniques sont recyclées au moyen de techniques écologiquement irrationnelles et sont probablement stockées dans des maisons et des entrepôts, jetées, exportées ou recyclées dans des conditions inférieures. Lorsque les déchets électroniques sont traités moyennant des activités inférieures, ils peuvent rejeter jusqu’à 1000 substances chimiques différentes dans l’environnement, y compris des neurotoxiques nocifs tels que le plomb (3). Les femmes enceintes et les enfants sont particulièrement vulnérables en raison de leurs voies d’exposition uniques et de leur état de développement. L’Organisation internationale du travail (OIT) estime qu’en 2020, 16,5 millions d’enfants travaillaient dans le secteur industriel, dont le traitement des déchets est un sous-secteur (4).

Principaux faits

  • Les déchets d’équipements électriques et électroniques représentent le flux de déchets solides qui connaît la croissance la plus rapide au monde (1).
  • En 2019, on estime que 53,6 millions de tonnes de déchets électroniques ont été produites à l’échelle mondiale, mais seulement 17,4 % ont été recensées comme étant officiellement collectées et recyclées (2).
  • Le plomb est l’une des substances les plus couramment rejetées dans l’environnement lorsque les déchets électroniques sont recyclés, stockés ou mis en décharge au moyen d’activités inférieures, telles que le brûlage à l’air libre (3).
  • Les activités de recyclage des déchets électroniques peuvent avoir plusieurs effets néfastes sur la santé humaine. Les enfants et les femmes enceintes sont particulièrement vulnérables.
  • Selon les estimations de l’OIT et de l’OMS, des millions de femmes et d’enfants travailleurs du secteur informel du recyclage dans le monde risquent d’être exposés aux déchets électroniques (4). 

Ampleur du problème

Les déchets d’équipements électriques et électroniques sont le flux de déchets solides qui connaît la croissance la plus rapide au monde, augmentant 3 fois plus vite que la population mondiale (1). Moins d’un quart des déchets électroniques produits dans le monde en 2019 étaient officiellement recyclés ; toutefois, les flux de déchets électroniques contiennent des ressources précieuses et limitées qui peuvent être réutilisées si elles sont recyclées de manière appropriée. Les déchets électroniques sont donc devenus une source de revenus importante pour les individus et même les communautés. Cependant, les personnes vivant dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, en particulier les enfants, sont confrontées aux risques les plus importants liés aux déchets électroniques en raison de l’absence de réglementations appropriées, d’infrastructures de recyclage et d’éducation dans ce domaine. Malgré les réglementations internationales visant à contrôler le transport des déchets électroniques d’un pays à l’autre, les mouvements transfrontières de déchets électroniques vers les pays à revenu faible ou intermédiaire se poursuivent, souvent illégalement. Les déchets électroniques sont considérés comme des déchets dangereux, car ils contiennent des matières toxiques ou peuvent produire des produits chimiques toxiques lorsqu’ils sont traités de manière inappropriée. On sait ou on a de bonnes raisons de croire que nombre de ces substances toxiques sont nocives pour la santé humaine, et plusieurs d’entre elles figurent parmi les dix produits chimiques préoccupants pour la santé publique, notamment les dioxines, le plomb et le mercure. Le recyclage inférieur des déchets électroniques constitue une menace pour la santé publique et la sécurité.

Exposition aux déchets d’équipements électriques et électroniques

Les appareils électriques et électroniques contiennent de nombreuses substances toxiques différentes. Bien qu’il soit peu probable que les utilisateurs soient en contact avec l’une ou l’autre de ces substances lorsque les équipements sont utilisés, lorsque ces derniers deviennent des déchets, ces substances toxiques peuvent être rejetées dans l’environnement si les équipements sont gérés selon des pratiques et des activités écologiquement irrationnelles. Plusieurs mauvaises pratiques ont été observées sur les sites de traitement des déchets électroniques, notamment :

  • la fouille dans les décharges à ordures  
  • les déversements terrestres ou dans les cours d’eau
  • la mise en décharge avec les déchets ordinaires
  • le brûlage ou le chauffage à l’air libre
  • les bains acides ou la lixiviation acide  
  • le décapage et le déchiquetage des revêtements en plastique 
  • le démontage manuel des équipements

Ces activités sont considérées comme dangereuses pour l’environnement et la santé humaine, car elles rejettent des polluants toxiques qui contaminent l’air, le sol, la poussière et l’eau sur les sites de recyclage et dans les communautés voisines. Le brûlage ou le chauffage est considéré comme l’une des activités les plus dangereuses en raison des fumées toxiques qui en résultent. Une fois dans l’environnement, les polluants toxiques provenant des déchets électroniques ou produits par des activités de recyclage irrationnelles peuvent parcourir des distances importantes à partir du point de pollution, exposant les personnes vivant dans des zones éloignées à des substances nocives pour la santé. 

Les enfants sont les plus vulnérables 

Une série d’effets néfastes sur la santé liés aux activités de recyclage des déchets électroniques ont été relevés.

Les enfants et les femmes enceintes sont particulièrement vulnérables aux effets des polluants dangereux provenant des activités informelles de recyclage des déchets électroniques. Les enfants participent souvent à la fouille dans les décharges, au brûlage des déchets électroniques mis au rebut et au démontage manuel des équipements en composants. Dans certains pays, les enfants peuvent constituer une main-d’œuvre bon marché et leurs petites mains leur permettent de démonter les plus petits objets. Ces activités exposent directement les enfants à des blessures et à des niveaux élevés de produits chimiques dangereux. Le travail de collecteur de déchets est un travail dangereux et selon l’OIT il s’agit d’une des pires formes de travail des enfants. En 2020, l’OIT estimait que jusqu’à 16,5 millions d’enfants dans le monde travaillaient dans le secteur industriel, dont le traitement des déchets est un sous-secteur (4). On ne sait pas combien d’enfants travailleurs participent au recyclage informel des déchets électroniques. 

L’exposition aux déchets électroniques peut être liée aux effets suivants sur la santé pendant la grossesse ainsi que chez les nourrissons et les enfants :

  • des issues néonatales défavorables, y compris une augmentation des taux de mortinaissance et d’accouchement prématuré ;
  • les résultats en matière de développement neurologique, d’apprentissage et de comportement, en particulier associés au plomb rejeté dans le cadre d’activités informelles de recyclage des déchets électroniques ; et
  • une diminution de la fonction pulmonaire et respiratoire et une augmentation de l’incidence de l’asthme, qui peuvent être liées aux niveaux élevés de pollution de l’air contaminé qui caractérise de nombreux sites de recyclage des déchets électroniques.

Les enfants et les femmes enceintes présentent un risque plus élevé que les adultes aux contaminants rejetés dans le cadre d’activités informelles de recyclage des déchets électroniques en raison de leurs vulnérabilités uniques. Les enfants sont exposés différemment aux activités de recyclage des déchets électroniques. Les activités de recyclage des déchets électroniques dégagent des produits chimiques toxiques qui peuvent atteindre le placenta et contaminer le lait maternel, par exemple le mercure. En outre, les enfants sont très sensibles à de nombreux polluants relâchés lors du recyclage des déchets électroniques en raison du développement rapide de leur organisme, notamment de leurs systèmes respiratoire, immunitaire et nerveux central. Les déchets électroniques contiennent de multiples neurotoxiques connus et présumés, notamment le plomb et le mercure, qui peuvent perturber le développement du système nerveux central pendant la grossesse, la petite enfance, l’enfance et l’adolescence. Certaines substances toxiques nocives provenant des déchets électroniques peuvent également avoir un impact sur le développement structurel et la fonction pulmonaire. Les modifications du système de développement des enfants causées par les déchets électroniques peuvent provoquer des dommages irréparables et avoir un impact tout au long de leur vie.

Prévention et prise en charge

Des mesures nationales et internationales sont essentielles pour protéger les communautés contre les activités dangereuses de recyclage des déchets électroniques. Les mesures qui peuvent être prises sont les suivantes :

  • adopter et faire appliquer des accords internationaux de haut niveau ;
  • élaborer et mettre en œuvre une législation nationale sur la gestion des déchets électroniques qui protège la santé publique ;
  • intégrer des mesures de protection de la santé dans la législation nationale ;
  • surveiller les sites de déchets électroniques et les communautés environnantes ;
  • mettre en œuvre et contrôler des interventions permettant d’améliorer les activités informelles de recyclage des déchets électroniques, de protéger la santé publique et de garantir des sources vitales de revenus pour les communautés ;
  • former les professionnels de la santé à tous les niveaux sur les questions relatives à la santé de l’enfant liées aux déchets électroniques ;
  • éliminer le travail des enfants. 

Accords internationaux

La Convention de Bâle concerne le contrôle des mouvements transfrontières de déchets dangereux et de leur élimination. Il s’agit d’un accord environnemental global qui vise à s’attaquer aux problèmes liés aux déchets dangereux, y compris les déchets électroniques et leur gestion. En 2019, l’amendement d’interdiction à la Convention de Bâle est entré en vigueur. Celui-ci interdit le mouvement de déchets dangereux, y compris les déchets électroniques, des pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), des pays de la Commission européenne et du Liechtenstein vers d’autres États parties à la Convention. La Convention de Bâle organise des programmes et des ateliers visant à élaborer et à fournir des orientations sur la gestion écologiquement rationnelle des déchets électroniques. Elle fournit également aux États des lignes directrices visant à établir une distinction entre les déchets et les non-déchets, et à définir les mouvements transfrontières de déchets électroniques. En outre, il existe également des conventions régionales, telles que la Convention de Bamako et la Convention de Waigani (en anglais). Ces deux conventions régionales ont été adoptées suite à la Convention de Bâle et visent à limiter davantage les mouvements de déchets dangereux, y compris les déchets électroniques, dans les pays d’Afrique et du Pacifique Sud, respectivement.

Action de l’OMS

L’Initiative de l’OMS sur les déchets d’équipements électriques et électroniques et la santé des enfants contribue à un certain nombre de programmes internationaux et de projets pilotes de lutte contre les déchets électroniques (en anglais) dans des pays d’Amérique latine et d’Afrique. Ces projets pilotes élaborent des cadres visant à protéger la santé des enfants contre l’exposition aux déchets électroniques qui peuvent être adaptés et reproduits dans d’autres pays et contextes. Les objectifs de l’initiative sont les suivants :

  • accroître l’accès aux données probantes, à la base de connaissances ainsi que la sensibilisation aux effets des déchets électroniques sur la santé ; 
  • améliorer la capacité du secteur de la santé à gérer et à prévenir les risques
  • faciliter le suivi de l’exposition aux déchets électroniques et les interventions permettant de protéger la santé publique.

En 2021, l’OMS a publié son premier rapport mondial intitulé : « les enfants et les décharges numériques : exposition aux déchets d’équipements électriques et électroniques et santé des enfants », qui appelle à une action plus efficace et contraignante pour protéger les enfants contre cette menace croissante. L’OMS a mis au point des outils de formation destinés au secteur de la santé, comme le module de formation à l’intention des prestataires de soins de santé (en anglais), récemment mis à jour, qui comprend un module de formation spécifique sur le plomb et sur les déchets électroniques et la santé de l’enfant (en anglais). En outre, l’OMS contribue à l’élaboration d’outils de formation faisant intervenir plusieurs institutions, notamment un cours en ligne ouvert à toutes et à tous (MOOC, en anglais) et un cours organisé conjointement avec l’Organisation panaméricaine de la Santé (OPS).

 

Source: OMS

 

Références

 (1) Tackling informality in e-waste management: the potential of cooperative enterprises. Geneva: International Labour Organization; 2014 (en anglais)

(2) Forti V, Balde CP, Kuehr R, Bel G. The Global E-waste Monitor 2020: quantities, flows and the circular economy potential, Bonn, Geneva, Vienna: United Nations University, International Telecommunication Union, International Solid Waste Association; 2020 (en anglais)

(3) Widmer R, Oswald-Krapf H, Sinha-Khetriwal D, Schnellmann M, Böni H. Global perspectives on e-waste. Environ Impact Assess Rev. 2005;25(5):436-458. 

(4) Child labour: global estimates 2020, trends and the road forward, Geneva: International Labour Organization; 2021 

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