Dans le cadre de l’organisation de la journée nationale de la rédaction en Haïti, les esprits positifs et optimistes qui souhaiteraient compléter la liste des promoteurs d’une si noble initiative se donneront pour objectif de valoriser l’acte d'écrire sous toutes ses formes, notamment la narration, l’argumentation, la poésie, l’article, le discours, la lettre et d’autres formes de communication écrite. Cette journée offrirait l’opportunité de favoriser l’inclusion en rendant l'écrit accessible au plus grand nombre, en particulier les publics les plus éloignés de la culture scolaire dans les deux langues officielles en Haïti: le créole et le français.
Des écrivains, des journalistes, des enseignants, des chercheurs, des artistes, et des influenceurs seront invités à contribuer dans cette nouvelle dynamique nationale inclusive. À travers les échanges prévus, on prendra le temps d'aborder l'économie de l'écriture et de la rédaction, l'importance de la rédaction dans les différentes activités humaines et les institutions sociales. En quoi la rédaction pourrait-elle contribuer au bien-être de la population haïtienne ? Quelle place la rédaction pourrait-elle occuper dans la promotion d'une culture de non-violence en Haïti ?
De nombreuses activités seront organisées dans les différents secteurs et au sein des institutions et publiques et privées du pays. On peut citer : les dictées publiques ou créatives, les rencontres entre les écrivains et les journalistes, les lectures à haute voix de textes produits, les concours d’écriture autour des thématiques ou des problématiques nationales qui dominent la société haïtienne.
Des ateliers de rédaction seront organisés en parallèle au sein de l’administration publique, à travers les collectivités territoriales, au sein des institutions religieuses, dans des réseaux de centres culturels, sur les places publiques, et à travers des espaces virtuels. Apprendre aux jeunes dans nos villes à rédiger des textes sur l'histoire de leur ville natale et d'accueil, sur les loisirs et la famille, sur l'économie et les valeurs sociales se présente comme un levier pour favoriser l'émancipation et la cohésion, la valorisation de la mémoire collective.
Des expositions de productions dans les écoles, les centres de formation professionnelle et les universités serviraient en parallèle à valoriser la pratique de la rédaction. Une belle occasion pour montrer les avantages et les opportunités que la maîtrise de la rédaction peut offrir aux différents choix professionnels.
D’un point de vue personnel, institutionnel et économique, éducatif et culturel, la rédaction occupe une place importante dans l’histoire de l’humanité, et des sociétés modernes ou contemporaines en particulier. La promotion de la pratique de la rédaction comme levier fondamental de l’apprentissage, de la citoyenneté et de l’expression personnelle et collective devrait servir de base pour encourager l’inscription d’une telle journée dans le calendrier national haïtien.
Des sujets en créole ou en français destinés à commémorer la journée nationale de la rédaction à retenir. On pourrait inspirer les jeunes et encourager les écoliers, par le renforcement du sentiment d’appartenance de solidarité, et de fierté à encourager chez tous les citoyens et citoyennes qui évoluent dans le pays.
Des exemples à promouvoir : le pouvoir des mots ; la grande dictée nationale pour la résistance ; lettre aux dirigeants haïtiens ; lettre aux ancêtres ; écrire l’Haïti de demain ; lettre à la génération qui va commémorer l'indépendance d’Haïti en 2054, entre autres, figurent parmi les champs de création, d’expression et de production écrite.
Dans la matérialisation d’une telle proposition visant à démocratiser la pratique de la rédaction au pays de Jacques Roumain, cette activité viserait à contribuer au développement de la pensée critique, de la logique, de la créativité et de l’argumentation. Face à l’évidence de la baisse du niveau de maîtrise de la langue écrite chez les jeunes et les adultes, le déficit d’expression écrite dans le monde numérique, où l'oralité dominée par les messages vocaux et les vidéos ne laissent pas de place pour l'écrit structuré.
D'autres constats assez pertinents, on peut citer le manque d’espaces valorisant la créativité et la rigueur rédactionnelles, les inégalités sociales renforcées par des écarts de compétences rédactionnelles, participent également au renforcement des enjeux éducatifs autour de la pensée critique, la logique, la créativité et l’argumentation, qui sont à la base de toutes les disciplines scolaires.
De l'éducation préscolaire et secondaire, en passant par les concours dans l’enseignement supérieur et la vie professionnelle, la rédaction représente un levier essentiel pour les enjeux citoyens et culturels. Il est grand temps d’encourager les jeunes en Haïti, incluant les utilisateurs des médias sociaux à reconnaître que savoir rédiger, c’est savoir formuler une pensée, défendre une idée, écrire une plainte, une pétition, un article, une lettre ou un discours. Ce qui représente en somme un pan important dans l'acte de communiquer.
Dans la maîtrise de la rédaction, il est possible d’encourager une plus grande participation citoyenne plus consciente, plus équitable et durable. Les élèves, les enseignants, les parents et les animateurs culturels, le grand public et les institutions éducatives et culturelles seront tous invités à donner corps à cette vision intelligente et constructive.
Décrire le présent et l’avenir du pays à partir de la rédaction, écrire pour construire de nouvelles passerelles entre les générations à travers les écrits, il ne fait point de doute que la promotion et l'organisation de la journée nationale de la rédaction en Haïti, représente un atout majeur pour renforcer de façon pratique et inclusive les débats sur l’intelligence collective.
Dominique Domerçant
