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La nécessité d’une communauté est aussi bien dans la force qui la réside.  Elle se comporte comme une famille, s’organise comme un État, se forme par la foi, la conduite et l’Espérance.  Ainsi, le sens de la communauté se développe en travaillant ensemble, en s’entraidant et surtout en s’aimant les uns les autres. 

La plus petite et la plus grande communauté est la famille. Dans une communauté se cultive l’amour fraternel, l’entraide et se partage un ensemble de valeurs. Ainsi, le premier lieu de socialisation est la famille. Toutefois, que cette dernière soit dans une situation qui l’empêche de répondre à ses responsabilités ou encore qu’elle soit dans une forme de passivité, ce qui est le cas de la société dans son ensemble et, par ricochet, menace l’esprit de développement communautaire, de partage, de responsabilité, de faire et vivre ensemble. En Haïti, la déconstruction de cette institution prestigieuse, qu’est la famille, ne date pas d’hier, c’est un processus à l’image de la société.

Dans une famille, la figure paternelle joue le rôle de leader. Elle oriente, donne le ton, dicte et fait respecter les principes et règles de la famille. En Haïti, dans les familles monoparentales, les femmes jouent aussi bien ce rôle. Ainsi, les enfants grandissent autour des valeurs, sous la crainte de ce leader et durant toute leur vie pour bon nombre d’entre eux. Pour celles et ceux ne souhaitant pas partager les normes et codes familiaux, ils sont soit sanctionnés soit rejetés. C’est aussi bien dans cette forme de communauté la plus restreinte que le citoyen apprend et met en application le respect des lois de la société dans laquelle il évolue, et porte aussi toutes valeurs à la hiérarchie. Le respect de la constitution, des symboles de la république (drapeau), des autorités et du territoire, sont certes inculqué à l’école, mais s’apprend au sein de la famille.    

Aujourd’hui, ce besoin de regarder ou de considérer le pays autrement se fait sentir et se manifeste à travers la paralysie de la région métropolitaine de Port-au-Prince avec des effets sur toute l’étendue du territoire à un degré moindre. Les conséquences de cette descente se résume par une emprise hi et la prolifération des groupes ou encore gangs armés en nombre croissant de jeunes et enfants autour de la capitale et l’incapacité de l’État à travers ses institutions ou des Gouvernements à penser et agir sur les maux qui gangrènent la société. L’échec des institutions à garantir et à protéger chaque citoyen symbolise l’absence de l’État et peut être aussi s’expliqué par une absence de la famille en tant que garant des codes, ou des normes sociétales. Quel type d’hommes souhaitons-nous avoir, si nous ne savons pas quel type de famille souhaitons-nous ?   

Au sens traditionnel du terme, la famille est constituée du père, de la mère et ders enfants pour la plus petite communauté de personne. Dans un sens plus large, la famille élargie (oncle, tante, compère) et certaines vont jusqu’à inclure les voisins. Cet état de fait dans la définition de la famille en prenant en compte l’aspect communautaire dans le vivre-ensemble permettait aux uns et aux autres, et de façon solidaire, de s’émanciper et de garantir une autonomie individuelle voir collective quand les communautés sont très soudées. À une époque donnée de notre histoire, la famille au sens le plus large contribuait en un seul corps à l’éducation des uns et des autres dans une communauté. Ainsi, le sens de vivre en communauté était naturel. Le partage, l’entraide, l’amour, à titre d’exemple, résidait dans l’escouade ou le Konbit. À l’échelle mondiale, on ne parlait encore pas de développement communautaire, pourtant « Gouverneurs de la rosée » de Jacques Roumains, nous en donnait l’exemple.

Il serait judicieux de s’appuyer sur la famille dans son sens le plus large tout en œuvrant dans la promotion et dans la consolidation de tout facteur qui favoriserait et participerait dans la construction du vivre et faire ensemble et surtout responsabiliser les communautés dans le processus.  En s’appropriant ce qui favorisera leurs autonomies, les communautés pourront s’auto-développer pour ce qui concerne une toute petite échelle et dans un sens plus large à l’échelle d’un arrondissement, d’une commune, d’un département et d’une région.

En parcourant le pays du nord au sud, de l’est à l’ouest, n’importe quel citoyen lambda peut réaliser ce constat tangible : les différentes communes du pays sont dotées de richesse, de potentialités extraordinaires pouvant leur donner une autonomie financière vis-à-vis de l’État central et garantir, par la même occasion, leur développement. Il est plus que nécessaire de rendre effective la décentralisation parce que le développement des communautés dépend et passera par ces derniers.

Savoir vivre et développer le sens de la communauté est nécessaire, important et même urgent dans tout processus de développement de ce pays. Appliquer l’approche participative dans nos méthodes est plus qu’un besoin, car les maux du pays nous interpellent et nous réclament tous. Prendre la voie de la décentralisation, la déconcentration de pouvoir et l’autonomie des communes manifeste son importance. Répondre aux objectifs de Développement Durable (ODD 2030) en Haïti, peut grandement servir à un quelconque changement.

Si les groupements d’individus ne se rendent pas compte de la nécessité de faire front commun, l’État devrait les inciter à travers une politique en s’appuyant sur les communautés les plus restreints, à savoir la famille pour pouvoir les conscientiser. Le processus de développement commencera par la base, ne pas prendre en considération la plus petite entité communautaire dans le processus, en l’occurrence la famille, est un non-sens.

Malheureusement, en raison surtout d’une méconnaissance de la nécessité et de la force qui réside dans une communauté unie, qui marche selon les principes, les normes et lois établies, orientée vers un objectif et but commun avec croyance et assurance, conduit par un travail en toute espérance d’un lendemain meilleur, gardant une ligne directive portant leur marque identitaire, le pays ne peut toujours pas se développer.

 

Danielot PIERRE      

                                                                                                                                                                          Spécialiste en Développement Communautaire 

                                                                                                Administrateur d’Action sociale, 

                                                                                                                                                                                                                                                                                                           Cinéaste/réalisateur documentaires de création

Responsible Relation publique LDDHC

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