Quelle éducation financière pour les veuves en Haïti ?

Dans l'histoire de la société haïtienne contemporaine, au sein de laquelle,  le règne de l'insécurité, de la violence et des crimes de toutes sortes, impose sa loi aux familles haïtienne jusqu’au deuil. Les hommes sont souvent les premières victimes recensées dans les actualités au niveau des crimes, avec l’annonce régulière d’une nouvelle perte en vie humaine. La conjoncture imprévisible impose de plus en plus le statut de veuves à de nombreuses femmes au foyer, ou vivant à l’étranger,  qui sont contraintes  d’organiser les funérailles de leurs maris ou du père de leurs enfants.

 

Des épouses des anciens présidents de la République, en passant par les épouses de l’ancien sénateur en date, de plusieurs professeurs, médecins, ambassadeurs,  entrepreneurs, professeurs , cadres de l’administration publique ou privée, des ONG et  des compagnes des dizaines de policiers tués au cours des derniers mois et années, et de toutes les autres femmes et familles connues et anonymes, combien parmi elles ont été assez intelligentes pour anticiper un tel drame ? Quels sont les instruments juridiques dont elles disposent en dehors du statut ou du régime lié au mariage pour protéger leurs droits et celui des enfants ?   

 

Divorcées ou non, les femmes à la mort de leurs maris, surtout celles qui ont au moins un enfant, finissent par faire leur apparition dans beaucoup de cas, pour assurer le suivi dans certains dossiers relatifs aux droits, aux privilèges et aux considérations auxquelles elles ou leurs enfants ont droit.

 

Des avocats spécialisés, comme des notaires impliqués dans la gestion de tels dossiers disposent pratiquement toutes les références juridiques pour informer, sensibiliser, prévenir et protéger les droits de toutes les parties, en particulier des droits des veuves. Qui sont-ils et comment identifier les meilleurs parmi les professionnels ? Quelles sont les marches à suivre par les veuves, en cas de décès de leurs maris pour protéger leurs droits et avantages ?  

 

Dans les questions de genre et d’inclusion financière, il existe un ensemble de thématiques parmi les plus importantes à prendre en compte. Entre les prévisions des cas d'accident, de maladie, de décès, d'enlèvement et de disparition ces derniers temps, qui obligent de nombreuses familles à évaluer les provisions légales dont les membres disposent pour se protéger, et protéger les droits des survivants et des héritiers. 

 

Dans le sort de certaines veuves, des compagnes ou épouses des policiers tués et décédés que l'on raconte parfois sur les réseaux sociaux et dans les médias, il y a urgence pour le pays de protéger les droits, tout en réparant les torts causés à ces femmes doublement victimes. À quand de nouvelles initiatives intelligentes et durables qui vont au-delà de la commémoration de la journée internationale des veuves ?  Quelles sont les institutions qui pensent et agissent en faveur des veuves en Haïti, durant toute l'année, et en particulier à quelques semaines de la réouverture des classes ? Quels sont les produits financiers et les opportunités économiques pour accompagner les veuves en Haïti dans ce contexte de crise ? 

De la femme qui travaille dans une institution en passant par la commerçante, l’entrepreneure, ou celle qui fait le choix ou par obligation est contrainte de rester à la maison pour s’occuper des enfants, il existe un ensemble de clauses formelles et des dimensions pas toujours prévisibles, qui relient les deux parties autour du contrat de mariage.

 

Des femmes devenues veuves ne sont pas toujours malheureuses à la mort de leurs maris, conjoints ou compagnes dans tous les cas. Certaines en profitent avec le deuil pour célébrer certaines victoires sur le plan émotionnel, sentimental, conjugal ou surtout économique, en devenant la principale héritière ? Mais beaucoup d'autres qui ne disposaient pas du monopole des ressources économiques vont finir par se rendre compte combien elles étaient heureuses et comblées à la fois.    

 

Des systèmes d’assurance en passant par les successions et les héritiers, de la femme aux enfants, en passant par les parents ou d’autres proches, il nous faut plus que jamais définir un modèle d’enseignement d’éducation financière destinée aux dizaines, centaines et milliers de femmes devenues veuves au cours des dernières semaines et années en Haïti, à cause du niveau d’insécurité en particulier. Combien sont-elles et comment vivent-elles ? Combien parmi elles finissent par refaire rapidement leur vie conjugale ? Quelles sont les institutions et/ou trouver les services spécialisés pour assister psychologiquement et accompagner financièrement ces femmes vulnérables dans la plupart des cas ?

 

Des veuves, dans certains cas, finissent par tuer une deuxième fois leur mari, non pas par le choix de son remplaçant, mais par l'incapacité de ces dernières à assurer une meilleure gestion responsable et durable des ressources de la famille, au lendemain des funérailles. Soit elles décident de tout dépenser ou de trop dépenser lors des funérailles pour ne rien laisser aux enfants, soit elles choisissent des modèles de vie et d’autres formes d’investissement qui ne favorisent pas un niveau de vie minimal pour les héritiers, tout en faisant le deuil.

 

De la nécessité pour des institutions évoluant dans le développement économique et l’assistance psychologique et sociale de prendre en compte l’importance d’informer et de former les femmes avant, pendant et après le mariage. Quelles sont les connaissances et les compétences que les veuves devraient disposer pour protéger le patrimoine familial ou l'héritage conjugal ? Entre les veufs et les veuves en Haïti, lequel assure une meilleure gestion des ressources familiales au lendemain du deuil ?  Comment responsabiliser les veuves à travers l'éducation financière ?

 

Dominique Domerçant    

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