Livre en construction
Chapitre 4 : la réincarnation (première partie)
« Naitre, mourir, renaitre encore et progresser sans cesse, telle est la Loi »
Allan Kardec
« Ne pleure plus ma petite maman, je ne t’ai pas quittée pour toujours. Je reviendrai à toi, toute petite, comme ça, »
La petite Alexandrina apparaissait ainsi en rêve à sa mère, pour lui annoncer son retour. Elle venait d’être emportée trois jours plus tôt, à l’âge de cinq ans, par une méningite.
Madame Samona ne croit pas à la réincarnation. Bien plus, son gynécologue, suite à une fausse couche survenue l’année précédente, a émis de sérieuses réserves sur sa capacité de mener une grossesse à terme. Toutefois, Alexandrina ne se décourage pas. Elle précise, dans un autre songe, la date de ce retour :
« Maman, avant Noël, je serai avec toi. »
Mais, l’histoire ne s’arrête point là. Maman Samona devient effectivement enceinte et Alexandrina prédit une grossesse gémellaire :
« Maman, il y a une deuxième petite fille en toi. »
Le 22 novembre, Madame Samona accouche, après 8 mois de gestation, de deux jumelles hétérozygotes (fausses jumelles). La plus petite physiquement, s’avère une véritable « copiée-collée » de la disparue. Aussi, les parents, ébranlés, décident de la renommer Alexandrina. Elle présente la même hyperhémie (rougeur) de l’œil gauche, la même asymétrie faciale légère, la même séborrhée (vraisemblablement un eczéma) sur le pavillon de l’oreille droite. Cette similitude physique est également psychologique. En effet, Alexandrina II, comme son « prédécesseur », est calme, un peu introvertie , ne veut pas jouer à la poupée et déteste le fromage. Elle a « conservé » cette manie de se laver les mains à tout bout de champ. Alexandrina II se rappelle certains événements vécus par la première, comme cette visite effectuée en famille à Montréal, peu de temps avant son décès. Quand les Samona annoncent ce voyage à leurs deux filles, âgées désormais de dix ans, Alexandrina, qui comme sa sœur jumelle, n’a jamais mis les pieds au Québec depuis sa naissance, déclare à ses parents abasourdis :
-Mais, Maman, je connais Montréal! Te souviens-tu de la grande église, avec sur le toit, une immense statue d’un homme qui ouvre les bras? Te rappelles-tu la dame avec de gros boutons sur le front? Et les petits curés tout en rouge?
Cette histoire, qui se déroule, à Palerme, en Sicile en 1910 a été enregistrée dans les moindres détails par le père de la fillette, médecin et scientifique connu de l’époque. Elle a été communiquée au Dr Innocenzo Calderone lequel l’a publiée dans un périodique italien « Filosofa della Scienza ». Elle a paru également dans le « Journal du Magnétisme » revue française de l’époque, du Dr Gaston Durville. On la retrouve enfin dans l’ouvrage de Gabriel Delanne intitulé « Documents pour servir à l’étude de la réincarnation ».
Il existe, de nombreux faits encore plus frappants, beaucoup plus récents et mieux documentés. Les réseaux sociaux en fourmillent de nos jours. On estime que durant les quarante dernières années, plus de 2500 enfants à travers le monde ont fait des déclarations et fourni des indices relatifs à une prétendue vie antérieure.
Que dit la théorie de la réincarnation ou renaissance?
La doctrine de la transmigration des âmes ou réincarnation est basée sur l’idée que nous sommes un « Esprit », une « Ame » ou, pour parler le langage scientifique, une « Conscience » habitant un corps physique que nous rejetons au moment de la mort. Selon la Bhagavad Gita, texte sacré de l’hindouisme, cet Esprit, après un certain temps passé dans « l’au-delà », choisit un nouveau vêtement c’est-à-dire, un nouveau corps physique, pour renaitre. Ainsi, débute une autre vie dans le ventre d’une femme enceinte. Dans l’exemple cité plus haut, la renaissance s’est produite dans la même famille, ce qui serait l’exception plutôt que la règle. Il en va de même des ressemblances physiques entre les deux Alexandrina. Le moment de l’incarnation varie selon les théories et traditions. Pour certaines, elle se réalise lors de la conception c'est-à-dire au moment zéro, où dans une relation sexuelle (ou une fécondation in vitro), le spermatozoïde de l’homme féconde l’ovule de la femme. Pour d’autres, ce serait durant le premier trimestre de la grossesse et, pour un troisième groupe, à l’accouchement, lors du premier cri du nouveau-né. La réincarnation doit donc être distinguée du phénomène de possession où une entité extérieure, un intrus, postérieurement à la naissance, prend provisoirement la place de l’esprit qui occupe déjà le corps d’un enfant ou d’un adulte.
Chacun d’entre nous aurait déjà vécu de nombreuses vies même si nous en avons perdu la mémoire. De même que nous nous souvenons à peine de nos rêves, chaque matin, au réveil. Certains individus, dans des circonstances particulières ou en utilisant certains procédés, arrivent à se rappeler des périodes de leur(s) existence(s) passée (s). La réincarnation est un concept spiritualiste qui va à l’encontre de la thèse matérialiste soutenant que nous ne sommes qu’un corps physique lequel s’anéantit à la mort. Toutefois, cette théorie comporte de nombreuses nuances selon les cultures et les religions qui la professent. Ainsi certaines religions prétendent qu’on peut se réincarner dans le corps d’un animal ou d’un végétal, alors que d’autres nient cette possibilité. Par ailleurs, dans le bouddhisme, où l’on utilise plutôt l’expression « renaissance », ce n’est pas exactement la personnalité précédente qui revit en tant que telle. Il s’agirait d’un « flux de conscience » drainant avec lui, la mémoire et l’expérience de l’incarnation ou des incarnations passée (s).
Pourquoi devrions-nous revivre autant de fois sur terre?
Selon la thèse réincarnationniste, une seule vie sur terre serait trop courte pour permettre à l’âme ou esprit (le mot importe peu) d’atteindre la connaissance, la maturité, la sagesse nécessaires avant de rejoindre « le Créateur » ou la « Conscience universelle ». D’où la nécessité de revenir un certain nombre de fois en vue d’acquérir le savoir, mais aussi d’évoluer et de réparer les fautes commises dans les vies précédentes. La doctrine de la réincarnation est intimement liée au concept du « Karma » selon lequel notre vie actuelle est la résultante de toutes nos existences antérieures et que nos existences futures sont conditionnées par nos actes, nos pensées et nos émotions dans l’incarnation actuelle. C’est la Loi de Causalité laquelle diffère du prédéterminisme. Si, dans votre vie actuelle vous faites du tort à quelqu’un, il est fort probable que, dans votre future existence, vous serez placé en situation de lui faire du bien, en vue de « purifier votre karma ». La réparation, plutôt que le regret et le pardon! Il n’y a pas de « péché » mais des fautes ou erreurs à corriger et dont nous payons les conséquences. Ces fautes résultent d’un manque de maturité, d’une mauvaise compréhension de l’existence. Aussi les adeptes éclairés de la réincarnation, accordent-ils une grande importance à la sagesse, la connaissance, l’amour et la compassion. Ils s’attachent au présent, seul levier permettant de façonner le futur. Les épreuves de la vie sont vues comme des occasions d’apprendre et de mûrir. Comme l’on ne se souvient que très rarement de ses existences passées, il convient de faire le bien autant que possible en vue de se libérer, in fine, du cycle des incarnations, de « la roue des vies successives ». Du « samsara », pour employer la terminologie bouddhique. A ce moment, nous fusionnons avec l’Esprit Universel ou Intelligence Cosmique. Encore une fois, « le mot n’est pas la chose » selon l’expression du sage Jiddu Krishnamurti qui ne croyait pas à la réincarnation.
Certains esprits ayant atteint la perfection, décident, par compassion, de revenir sur terre à différentes périodes afin de guider l’Humanité. Ce sont les Bodhisattvas, les Avatars ou Grands Maitres. Ces êtres qui se caractérisent par leur humanité, leur compréhension de la vie et leur grande sagesse jouent un rôle important dans l’évolution du monde. Citons parmi les plus grands : Jésus-Christ et Bouddha.
D’où nous vient cette théorie de la réincarnation?
Pour de nombreux chercheurs, la théorie de la réincarnation vient de l’Orient et daterait d’environ un millénaire ou plus avant l’arrivée de Jésus-Christ. On la retrouve ainsi dans les trois grandes religions de cette zone géographique : l’hindouisme, le jaïnisme et le bouddhisme, lesquelles l’auraient hérité du brahmanisme.
Pour d’autres, cette croyance tirerait son origine de l’Egypte ancienne et était enseignée dans les « Ecoles de Mystères » dont se réclament aujourd’hui les adeptes de la Rose-Croix et de la Franc-Maçonnerie. L’Egypte l’aurait puisée des rescapés de l’Atlantide venus s’établir chez eux. Il s’agit de ce continent mythique disparu après un grand cataclysme, auquel font référence certains historiens, mais dont l’existence n’a pas été prouvée. L’Égypte aurait ensuite transmis cette croyance à la civilisation grecque, mère de l’Occident chrétien.
Dans la Grèce Antique, c’est vers le VIème siècle avant Jésus-Christ que fleurit la thèse de la « métempsychose » ou transmigration des âmes. Les Grecs croyaient que l’on pouvait s’incarner dans un animal ou un végétal et sur d’autres planètes. Platon en fait mention dans plusieurs de ses écrits notamment dans « Le mythe d’Er ».
Les gnostiques et les premiers chrétiens ou Pères de l’Eglise comme St-Augustin, Clément d’Alexandrie et Origène paraissent avoir adopté la doctrine de la réincarnation. Citons ce dernier :
« Pour ce qui est de savoir pourquoi l’âme humaine obéit tantôt au mal, tantôt au bien, il faut en chercher la cause dans une naissance antérieure à la naissance corporelle actuelle. »
Dans la Bible, certains passages ont été interprétés comme des allusions à la réincarnation.
Néanmoins, lors du IIème concile de Constantinople qui a lieu en 553 après J-C, l’Eglise Catholique rejette catégoriquement la réincarnation au profit du « dogme de la résurrection du corps ». Les Cathares, groupe de chrétiens anti-romains croyant à la théorie de la renaissance, sont alors déclarés hérétiques et exterminés au Moyen Âge, période de l’Inquisition et des Croisades.
(A suivre)
Dr Erold Joseph
Courriels : eroldjoseph2002@yahoo.fr et eroldjoseph2002@gmail.com