La souffrance des femmes au temps du pays-lock !

Durant les temps de crises comme en temps normal, on ne peut s'empêcher de porter un regard particulier sur la vie et le bien-être des femmes, qui doivent pleinement jouir de leur droit, tout en réconfortant les hommes et leurs enfants, et participer de façon responsable dans le renouvellement des générations futures.

 

Derrière les barricades insurmontables, imposées, improvisées et imprévisibles dans beaucoup de coins de rue et des quartiers,  il y a la souffrance des femmes qui parait certainement invisible devant la face du monde, dans le regard tant des dirigeants au pouvoir,   des membres de l’opposition et souvent dans ce qui se dit dans les médias et sur les réseaux sociaux.

 

Dans la foulée des anciennes et nouvelles victimes du système qui se mange et mange ses propres fils, figurent des filles et des femmes, dont ni les noms et ni le nombre ne sont pas toujours connus du grand public.

 

Du 12 au 16 septembre 2022, on a pu répertorier une sélection de femmes issues de toutes les couches de la population qui se sont inscrites dans la longue liste des martyrs au féminin pluriel et qui  chercheront un reposoir que leurs âmes puissent servir à alimenter l'égrégore national.   

Durant la première journée de pays-lock, c'est une femme professionnelle, employée dans une des compagnies de télécommunication de la place qui a été enlevée et retrouvée assassinée par la suite. Ici, on ne semble pas prendre en compte l'exception féminine, comme on cherche ailleurs à protéger les femmes et les enfants en temps de guerre. Est-ce une guerre que l'on déclare aux femmes en Haïti, qui, tout en étant majoritaire, refuse de s'impliquer activement dans la politique pour pouvoir changer l'ordre des choses ?  

 

Derrière les mères qui cherchent en vain un proche disparu à jamais, ou qui pleurent l’assassinat d’un enfant, d’un mari, d’un frère ou d’un autre proche, elles sont pratiquement beaucoup plus nombreuses qu’on le pense, encore moins qu’on l’imagine.

 

Dans un et plusieurs centres hospitaliers de la capitale, des femmes qui viennent de subir des cas de césarienne ne peuvent pas prendre soin de leurs enfants gardés à l'hôpital, car elles ne disposent pas de moyens pour payer les factures. Le mari aux abois et sans pouvoir trouver de l’aide financière préfère ne pas rejoindre sa femme et son nouveau-né par orgueil, et c’est pratiquement la femme qui souffre le plus.  

 

Dans l'impossibilité de traverser des barricades, ou pour des ambulances de transporter des malades et des personnes souffrantes, certaines femmes enceintes finissent par mourir avant ou après l’accouchement.   

 

D’autres femmes qui ont accouché, mais qui ont perdu leur enfants se trouvent contraintes de rester dans ce centre hospitalier, devenu traumatisant, sans pouvoir se déplacer pour faire le deuil de leur nouveau-né, qu’elles attendaient tant.

 

Dans une vidéo récente qui circule sur les réseaux sociaux, une fille très amère dans ses pleurs témoigne de son indignation face à l’exécution, l’assassinat et la disparition de sa mère. Une femme qui, semblerait-il, etait connue de tous. Une prostituée victime, pour avoir comme seul péché, manifesté sa volonté de servir ses potentiels clients au temps du pays-lock.

 

Dans un quartier de la capitale, encerclé par des zones de non-droit, une femme désespérée appelle au secours à certains sur les réseaux sociaux. Ses réserves et ressources sont pratiquement épuisées pour se nourrir et prendre soin de ses deux enfants. Son mari qui sortait de la province se trouve plus que jamais  dans l'impossibilité de rentrer à la maison après plusieurs jours.    

 

Devant cette sombre réalité critique  et la plus imprévisible, que la saison de “Pays-lock” impose à certaines femmes fraîchement tombées enceintes, certaines ne cachent pas ouvertement leur volonté d'arrêter le processus, pour ne pas à enfanter dans un pays aussi difficile.

 

D’autres jeunes filles ou des femmes matures, sous l’influence des parents, des amis ou par une prise de conscience, vont finir par rompre leurs relations sentimentales et conjugales en cours avec un partenaire qui évoluent parallèlement en Haïti. Avec pour seul objectif de partir, en tentant une nouvelle expérience amoureuse ou par intérêt, avec un partenaire évoluant dans la diaspora, ou tout simplement un étranger.

 

Des femmes haïtiennes évoluant dans la diaspora, qui planifiait de venir en Haïti, pour rejoindre leurs familles ou leurs maris, commencent déjà par remettre en question de tels projets, pour ne pas allonger la liste des victimes.

Dans la souffrance des femmes haïtienne au temps de pays lock, on ne manquera pas de rappeler la longue liste des jeunes filles universitaires et des femmes professionnelles, des Haïtiennes qui se sont tournées une fois pour toutes, vers l’industrie de la prostitution en Republique dominicaine, et dans d’autres pays de la région, après  avoir perdu leur emploi et voir parti en fumée  leur investissement en Haïti, au lendemain de chaque saison de pays-lock.

 

Des deux côtés des barricades, on a recensé pas mal de femmes désespérées, désorientées, déprimées, qui défilent dans les rues ou défiant les autorités  qui pleurent ouvertement leur misère, la mort d’une mère,  et la souffrance de leurs familles.

 

Des épouses comme des maitresses, se trouvant des deux côtés des barricades profitent ou subissent difficilement ces jours et semaines de country-lock. Si l’une d’entre elles profite bien de la présence du partenaire, nombreux sont les hommes qui, en raison de la peur et du stress imposés depuis dans l’espace haïtien, n’arrivent pas à se concentrer sexuellement pour pouvoir offrir de meilleurs moments de Plaisir à leurs conjoints même disponibles.

 

De la souffrance des femmes haïtiennes en temps de crise, et en particulier durant les saisons de pays-lock, que connaît le pays depuis juillet 2018 à nos jours, il y a toute une réflexion à prendre en compte autour de la véritable place des femmes dans la crise profonde du pays. Comment mesurer l’impact du pays-lock sur le plan politique, économique, familial, émotionnel, conjugal, environnemental des femmes ?

 

Des  femmes policières sont mobilisées au sein de la police ainsi que des forces armées d'Haïti durant cette période. Parmi elles, on dénombre celles qui ont leur règle, d’autres enceintes, quelques-unes qui doivent laisser seuls leurs enfants à la maison, ou qui sont appelées à protéger et servir une population en colère contre les dirigeants, les institutions et les symboles de l’État.

 

Dans la souffrance des femmes au temps du pays-lock, on retrouve également les femmes politiques victimes des critiques les plus valorisantes, des attaques verbales et même de la destruction de leurs biens, de leurs maisons et la résidence de leurs proches parents.

    

Dans les rangs également du gouvernement, même dans la solidarité entre les membres,  les femmes n’occupent pas pour autant les principales institutions stratégiques capables de faire d’influencer directement l’avenir de la nation. Entre la communication qui est un acte de transmission d’informations, en passant par le sport qui n’est pas possible à travers les violences et l’isolement des villes, enfin le tourisme et la diaspora en temps, de crise et la problématique des femmes souffrantes et appauvries, il n’est pratiquement pas possible de condamner la volonté patriotique de ces femmes politiques, qui cherchent sans grand moyen, à servir leur pays.  

 

Dans la souffrance des femmes au temps de pays-lock en Haïti, elles sont beaucoup plus majoritaires les femmes qui souffrent en silence. Celles qui sont au chômage, les madan-Sara qui sont bloquées dans des marchés, les hangars et dans les transports avec leurs marchandises, les produits qui détériorent, les dettes qui augmentent, leurs dépôts, leurs entrepôts, leurs magasins et leurs boutiques cambriolées, pillées ou qui partent en fumée.

 

Dans la souffrance des femmes en Haïti au temps du pays-lock, il y a certainement une et plusieurs mains invisibles qui cherchent à remuer la plaie chaque saison, qui finissent par transférer la peur dans les barricades qui limitent nos déplacements à l’horizon.  Quelles sont véritablement les femmes qui provoquent ou profitent des saisons de pays-lock en Haïti, et qui ne se soucient pas ou plus de la souffrance de leurs mères, de leurs sœurs et de leurs consoeurs ?     

 

De la représentation symbolique, esthétique ou même artistique, de la souffrance de ces femmes à travers différentes formes d’oeuvres artistiques et littéraires, musicales et théâtrales pour attirer l’attention, et interpeller la conscience de celles et ceux qui ne doivent surtout pas piétiner la chair et pétrifier le coeur d’autres soeurs, d’autres mères, d’autres consoeurs connues et anonymes. 

 

Dominique Domerçant

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