Un musée de l’armement en Haïti : pourquoi faire ?

De la nécessité de doter le pays, qui a constitué la deuxième plus grande armée sur le continent Amérique, le 18 novembre 1803, d’une institution patrimoniale visant à répertorier et représenter les plus importantes collections des armes et des munitions.

Des pays  dans le monde qui disposent d'un musée de l'armement, en dehors du musée de l'Armée que les FADH devraient se doter depuis bien longtemps, on peut citer: le musée de l'Armement de Poznan, qui rappelle la Seconde Guerre mondiale; musée canadien de l'arme et du bronze ;  Musée d'histoire de l'armement de Rastatt en Allemagne, et des centaines d'autres institutions connexes et mettant en valeur l'histoire des armes, dans le monde, pourquoi pas les armes qui circulent en Haïti ? 

 

De ce mal qui fait tellement mal dans nos familles, importé et imposé, il nous faudrait utiliser la créativité comme une nouvelle arme de résistance massive, pour confirmer à la face du monde que la République d'Haïti est désormais devenue une puissance bien armée dans la région caraïbe, et qui dispose même de son musée de l’Armement, pour rappeler et raconter l’histoire cette terre de guerriers. Sans réinventer la roue, il existe plusieurs dans le monde à disposer des œuvres conçues avec les restes des matériels militaires et des armes usagers comme modèles pour inspirer les architectes et plasticiens  haïtiens. 

 

Des artistes peintres, sculpteurs et plasticiens issus des différents villages artistiques du pays, seraient invités à créer des œuvres monumentales imposantes, avec les armes détruites,  dans les principales villes et les quelques quartiers qui rappellent certains faits majeurs, causés par la violence de ces armes. 

Dommage que les Amérindiens ne disposaient pas d’armement assez sophistiqué et efficace à l'époque, pour résister et faire reculer les colonisateurs européens, particulièrement les envahisseurs espagnols qui allaient commettre le génocide irréparable et impardonnable.

 

Dieu merci, les noirs venus pour les remplacer ces Amérindiens anéantis, allaient finir par se réinventer de nouvelles armes confectionnées entre la flore, la faune et la foi dans les forces mystiques ancestrales pour compléter son artillerie et anéantir la plus puissante armée de l'époque.    

 

De la destruction des armes archaïques, en passant par la récupération des armes des anciens ennemis, ajoutée à l’acquisition de nouvelles armes, en dehors des armes confisquées, échangées, utilisées, distribuées importées de façon officielle et informelle, avant, pendant et après  chaque débarquement des forces étrangères en Haïti, c’est pratiquement à travers les collections, les expositions et certaines communications publiques qu’il sera possible de raconter l’histoire de l’armement en Haïti, sans tomber dans la diffusion de certaines sources et secrets d’État qui feraient tomber certains masques en éclat.   

 

Des universités en Haïti et des professeurs ou experts dans les sciences sociales en Haïti, animées par une certaine vision pragmatique, devraient commencer par encourager le plus grand nombre des étudiants finissants à se tourner vers les différents champs de recherche scientifique et des expérimentations artistiques utilisant l’armement, comme objet de questionnement et d'interprétation, de représentation et d’appropriation, parmi d’autres dimensions sociales.

De la somme des recherches et des documentations constituées, des réflexions, des interventions et des créations qui naîtront à partir de la problématique de l’armement en Haïti, le pays allait finalement disposer d’une nouvelle génération de spécialistes en armement, des artistes (chanteurs, peintres, acteurs de théâtre ou du cinéma, poète, artisan, etc.) impliquées dans le désarmement ou les créations autour de l’armement, des anthropologues, des sociologues, des psychologues et certainement des historiens de l’armement.

Des notions sur l’histoire des armements et surtout la typologie et la diversité des armes en circulation dans le monde et en Haïti, en particulier, devraient être enseignées tant dans les écoles, les centres professionnels et les universités dans le pays, en vue de mieux informer, former et responsabiliser les acteurs.

 

Dans de nombreuses occasions, les leaders communautaires, les chefs de gangs et les autorités policières exhibant lors des communications de démonstration de force, ou  présentent dans des points de presse la saisie d’une variété d’armes et de munitions, de fabrications, d’origine et d’utilisations multiples.

 

Difficile pour la majorité de la population, parmi les plus familles les plus lettrées, les parents et leurs enfants, les jeunes et les professionnels les plus avisés, d’identifier à première vue la marque, le modèle, ou les manœuvres pouvant confirmer une certaine culture de l’armement en Haïti. Seuls les utilisateurs officiels et formels, informels et rebelles utilisant de manière illégale les armes à feu, peuvent facilement identifier et manipuler ces bijoux, qui remplacent depuis quelque temps les Cailloux qu’on lançait.

 

Devant une telle inclusion et prolifération accélérée et peut-être même irréversible dans la société haïtienne actuelle, en dépit des initiatives antérieures s’inscrivant dans la politique de désarmement et de la réinsertion des groupes armés dans le pays, il ne faudrait pas uniquement crier et compter les blessés et les personnes touchées mortellement par les armes automatiques importées et imposées à la population, il faudrait également développé d’autres formes d'appréciation autour de l’armement en Haïti, en prenant en compte les dimensions de l'histoire, de la mémoire et du patrimoine autour des armes en Haïti.

 

Dans l'impossibilité que l’assistance pour le désarmement et la protection des frontières haïtiennes contre l’importation et la prolifération des armes,  apportée par certains pays grands producteurs des armes et des munitions dans le monde aboutisse, en dépit de la bonne volonté des experts qui viendront nous aider à identifier les calibres, apprécier les notions de balistiques et certainement compter les cadavres, les professionnels de la culture et de la muséologie devraient commencer par se documenter sur les plus importants musées de l’armement et les centres de documents sur les violences armées établis dans de nombreux pays, y compris des états considérés comme les meilleurs amis d’Haïti.  

D’une pierre plusieurs coups, l’idée de créer le futur musée de l’armement en Haïti pourrait bien découler d’une initiative autant publique que privée, à force de voir tellement d’acteurs privés et informels justifier, affirmer, exhiber, manipuler, mobiliser autant d’armes dans l’actualité, les négociations, manipulations ou diversions publiques.

 

Dans l’un des quartiers impénétrable sou des zones de non-droits dans la Republique d’Haïti, ou dans une ville pratiquement paisible, et pourquoi pas dans une future zone internationale qui sera établie sur le territoire haïtien, l’on pensera à aménager le prochain et premier musée de l’armement dans la Caraïbe en Haïti. Une manière d’honorer autant la mémoire des victimes connues et oubliées,  que des utilisateurs solitaires, solidaires et suicidaires, qui utilisent ces bijoux reçus en cadeau, le plus souvent, pour défendre des territoires et endeuiller l’histoire et la mémoire collective, de leurs pairs et de leur chair commune.

 

Des images affichant les chefs des groupes armés, assis, debout et manipulant des armes de guerre et des munitions seront exposées dans les couloirs du musée. Quelques représentations des divers modèles d’armes de différents calibres et leurs munitions respectives vont alimenter les vitrines du musée, des accessoires et tous les métiers de l’armement seront inscrits dans des affiches et présentées dans des vidéos et documentaires, qui vont sensibiliser, éduquer et responsabiliser le plus grand nombre des Haïtiens.

 

Dominique Domerçant 

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