Vers une exposition «Riské» au musée des Femmes d’Haïti !

De belles femmes à talents, elles sont  quatre au premier plan, qui se sont confirmées il y a pratiquement trente ans (1992-2022) dans la musique haïtienne. Et depuis, nous célébrons  à travers la semence de «Riské»,  une nouvelle génération de femmes artistes, musiciennes, interprètes, qui portent tous les noms.   

 

Dans la liste des initiatives féminines les plus marquantes au cours des trente dernières années dans les industries culturelles et créatives en Haïti, on ne saurait laisser passer sous silence, le charme, l’intelligence, et l’excitante contribution des dames de «Riské». 

 

Devant le sombre tableau de la réalité sociopolitique et sécuritaire qui anime le décor de nos quotidiens, il est pratiquement risqué d’encourager le plus grand nombre de femmes et des filles, des lycéennes et des écolières chez les sœurs, en dehors des autres écoles mixtes, à se déplacer pour aller visiter un musée, découvrir une exposition unique et inédite.

 

Dans le musée des Femmes d'Haïti, le premier espace muséal féminine  haïtien  dédié au savoir, à la mémoire et à la gloire des femmes haïtiennes qui brillent de toute leur intelligence et vibrant avec tous leurs talents, une affiche sur les femmes et la musique haïtienne pourrait grandement contribuer à sensibiliser les talents artistiques des filles et la créativité musicale des femmes qui prennent le risque rêver, créer une des scènes qui restent dans le pays, pour chanter, danser et  faire jouir leurs publics divers, sous les projecteurs.

 

Dans une association de «Compatech Productions» et de «OUI Productions», avec la collaboration de «Mélodie Markers», et de «Futurevision», pour le film, les grandes et dames charmantes et chanceuses parmi d’autres, les chanteuses du groupe musical «Riské» allaient inaugurer une nouvelle ère dans la musique haïtienne et dans l’ascension des femmes artistes sur la scène locale et internationale.

 

Des titres: «Celebre», Alfabè, Dife,  Vanité, Zanmi, Lanmou,  Krik KraK, Madan Marye»,  entre autres,  permettent de retracer le répertoire de ces femmes et la mémoire de «Riské»,  dans l’histoire de la musique haïtienne.  Quelques années plus tard, cette formation semble avoir fait école, entre l’expérience du groupe «4x4», qui se faisait beaucoup plus remarqué dans les meringues de carnaval, et plus proche de nous, les interprétations des morceaux du groupe «Riské», par les talents féminins qui composent la jeune formation «Siromiel».

 

Des artistes peintres cherchent à représenter en couleurs le portrait de Sandra Jean, pour raconter son parcours artistique et ses autres talents esthétiques. Les belles robes portées par ces dames lors des concerts et dans les vidéos officielles seront également à l'honneur lors de cette exposition.  Gina, Patricia et Sabrina mettront en valeur également les meilleures photos souvenirs. Les noms des compositeurs et compositrices, en passant par le manager, seront dévoilés.  La musique et la mode seront au rendez-vous. Un documentaire pour raconter la vie de ces artistes serait le bienvenue dans le décor de cette exposition historique unique. Comment sensibiliser et inviter ces femmes à partager des témoignages sur l'aventure de «Riské», sans réveiller éventuellement des chats qui dorment ? Comment immortaliser la mémoire de ces talents sans passer par la documentation et une collection pour une exposition ?  

 

Des chansons qui parlent et interpellent, des musiques qui recadrent ou décrivent nos tares, des mélodies qui font voyager et font jusqu’à pleurer, en somme des compositions inédites et intemporelles qu’on n’oubliera jamais. Ainsi, «Je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître».  

 

Des histoires racontées en 1992, encore d'actualité dans la vie quotidienne, comme partout ailleurs, qui finissent par devenir des classiques. Quelles sont les grandes dates dans l’histoire du groupe musical «Riské»? Qui sont les membres fondateurs de cette belle entreprise musicale au féminin pluriel ?  Quels sont les hommes à talents ou mécènes qui ont accompagné ces figures féminines dans la création et jusqu'à la disparition du groupe ? Pourquoi le groupe «Riské» n’a pas fait long feu ?  Comment l'étude scientifique et l’analyse du fonctionnement de ce groupe pourraient aider à promouvoir de nouvelles initiatives féminines performantes et durables dans l’espace-temps haïtien ?

 

Découvrir la radiographie de l'amitié à l’aune des voix féminines dans la chanson «Zanmi» est un exercice très facile comme cela se passe avec les autres compositions comme «ALfabè», ou «Krik Krak», qui empruntent des paroles dans la tradition populaire du peuple haïtien, les souvenirs de l'école Classique et la culture francophone. Comment cartographier les talents inoubliables de Sandra Jean, Valerie Cayo, Maguy Limage, Sabrina Kolbjorsen ou Gina Rouzeau, avec des informations précises et pertinentes sur leurs contributions respectives dans le groupe ?  

 

Dans une mise en garde signée «Riské», avec une vidéo à l'appui,  elles chantent et recadrent leurs paires: «Pa fèm sam pap fèw». Et le chœur féminin réplique: «Pa di mona mi tout est permis, Pa pale devan’m byen dèyèm mal, Si nou se zanmi pa nan ipokrizi, Pa lonmen nonm nan tripotay,  Pa voye wòch pou kache menw; Pa vini geri bosko’w sou do’m….».  

 

D’un slogan affirmatif, «Riskè» voulait proposer à cette occasion un  «konpa total kapital», en déclarant : «Alon konpa maledve…wouch, o feminen». Ce fut l’une des plus célèbres chansons des années 90, que l’on tentera d’exposer et d’exporter dans une nouvelle génération de femmes à talents, et qui portaient sur scène des  talons.

 

Des portraits de femmes comme des hommes dans notre société s’agitent encore dans les passages de cette composition phare. Avec un défilement de fausses qualités des femmes qui se conjugue encore au présent continu. On retient les portraits associés  aux expressions suivantes«Sandra ipokrit karesan, Sabrina kouto famasi », «Gina ou pale a manchèt, Patricia lang vipè».

 

Sandra, Sabrina, Gina et Patricia. Tels sont les prénoms de ces stars haïtiennes d’autres fois, converties ou retraitées dans la musique,  que de nombreux  parents de cette génération cherchent encore à faire porter à leurs filles jusqu’à présent. Quelle famille haïtienne ne rêvait pas de voir leurs filles défiler dans la peau de l’une de ces vedettes qui chantent et dansent sans tomber dans la dépravation ?

 

Dans la chanson «Vanité»,  qui se démarque totalement de l’ambiance festive, c’est pratiquement la plus belle célébration de l’amour, de la sensibilité et surtout de la sensualité au féminin pluriel  qui prennent forme dans l’espace des trois minutes et quarante-quatre secondes. À travers cette composition originale dans la forme et le fond des chansons traditionnelles haïtiennes, les émotions qui accompagnent les paroles s’accordent avec la musicalité du piano, pour mieux s’accrocher à nos envies les plus rebelles.

 

Découvrons ensemble, dans  cette exposition sur l’histoire du groupe «Riskè», une des plus belles pièces de ces dames de cœur. Cette magnifique composition titrée «Vanité» transporte pratiquement toutes les expressions  d’une femme solitaire, sensible, sensuelle et sincère. Ici, la chanteuse se  met à nue pour dévoiler ses émotions orphelines, pour ainsi libérer la vérité cachée dans l’enveloppe de son cœur. Entre la souffrance dévorante de cette femme, et son silence traduit en alternance avec les notes du piano, la chanson «Vanité» s’impose comme l’une des classiques dans le répertoire haïtien.

 

Dans une exposition sur l’histoire des femmes dans la musique haïtienne, on ne laissera pas au passage la salle qui accueillera la mémoire artistique et esthétique, la vitalité poétique et authentique qui portent les couleurs des femmes:  «Riské».  Ce sera certainement l’occasion de rendre un bel hommage à tous les hommes qui ont accompagné ces talents féminins dans l’aboutissement d’un projet aussi bien réussi au début des années 90.

 

Découvrons une fois pour toutes les noms de tous les musiciens et les interprètes, les coupures de journaux de l'époque et les reportages dans les médias sur ces quatre femmes à talents. À la recherche du secret et des savoirs qui participaient dans la sauce de «Riskè». L'éducation artistique des filles autant la formation dans l’entrepreneuriat culturel des femmes doivent passer l’apprentissage des exploits et des expériences de ces femmes qui se sont risquées, en affirmant leur passion et leur beauté sans se dénaturer, en accomplissant  leur rêve d’enfance de chanter et de danser sur scène, sans pour autant désacralisée la dignité de leur corps. Il était une fois «Riské», l’un des premiers groupes musicaux haïtiens au féminin pluriel.

 

Dominique Domerçant   

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