L'école et les réseaux sociaux en Haïti

Dans le prolongement des grandes vacances qui se dessinent en ce moment en Haïti, la terre des génies de 1804, les familles haïtiennes dans la grande majorité, autant que l’ensemble des autres acteurs du système éducatif haïtien, sont pratiquement tous livrés dans l’incertitude imposée par les mouvements de protestations dans les rues, l'insécurité, la crise économique et politique dans le pays.

 

Dans quel sens les écoles en Haïti participent-elles dans la promotion des réseaux sociaux en Haïti ?  Quelles sont les principales écoles haïtiennes présentes sur les réseaux sociaux, pourquoi et comment se manifeste cette représentation ?  Comment les réseaux sociaux pourraient-ils compléter le vide du système éducatif en attendant la réouverture des classes ?  

 

Derrière les statistiques concurrencées par l'économie souterraine et la culture du marronnage ancrée dans les comportements des Haïtiens, qui souvent trompent autant les regards, la volonté et la planification stratégique des acteurs politiques et économiques, on hésiterait à argumenter les intentions et projeter certaines visions sur l’impact et l’influence véritable des réseaux sociaux sur la population haïtienne.

 

De la couverture générale du territoire haïtien, pour l'accès à l’internet par les principales compagnies de télécommunication qui fournissent des services en passant par l'accès à l'énergie domestique, et les infrastructures des réseaux de télécommunications numériques (fibres optiques) touchées à chaque mouvement de protestation et des actes de sabotages, on aura certainement du mal à évaluer le poids des réseaux sociaux sur la vie des familles et l’avenir de l'école en Haïti.

 

Dans l'impossibilité pour la grande majorité des écoles haïtiennes d’aménager des infrastructures technologiques et énergétiques pour accueillir des classes virtuelles en cette période de crise, les réseaux sociaux vont continuer à occuper le temps des jeunes, le temps des écoliers, le temps de beaucoup de famille, en quête d’alternatives.

 

Dans beaucoup de cas et de couches de la société, dans bon nombre de classes, la majorité des élèves de certaines disposent  déjà d’un compte fonctionnel pour accéder à l’un des réseaux sociaux les plus importants comme Facebook, Twitter, Instagram et certainement de Tik Tok de nos jours.

Dans cette forme de transition accélérée depuis environ deux mois sans classe, et sans une sortie de crise, entre l'école qui ferme ses portes et les réseaux sociaux qui ouvrent sur le monde, les jeunes, finiront certainement pas se familiariser jusqu’à devenir dépendants de ces derniers, qui les placent souvent en première ligne de la visibilité, de la virtualité et même de la vulgarité.

 

Dans quel sens attirer l’attention des décideurs et des parents sur les réseaux sociaux pourrait prévenir et protéger certains enfants et des jeunes filles et garçons, face à certaines dérives ou déviances très présentes sur les réseaux sociaux ? Quelle politique des réseaux sociaux sur la promotion des valeurs et des opportunités en Haïti ?  Quels sont les enseignements partagés dans les salles de classe accueillant des jeunes, abordant des connaissances, des compétences, des comportements et des conseils sur les réseaux sociaux en Haïti ?

 

Des écoles et des réseaux sociaux en Haïti, quel mariage possible et potable en ces temps de crise de société, de crise de Valeur, de crise des loisirs,  de crise de l’éducation, de crise de la communication, de crise de la construction du citoyen et des familles qui se livrent corps et âme à l’école des réseaux sociaux.

 

Des réseaux sociaux pour combler le vide et pour concurrencer l'école haïtienne, d'autres  réseaux pour informer, former, transformer, déformer, dénaturer, désorienté, désacraliser, déshumaniser et jusqu'à détruire l'être haïtien et les valeurs traditionnelles des familles haïtiennes sont aussi disponibles et accessibles gratuitement à partir d'une connexion internet et d'un téléphone intelligent. Quel avenir pour les enseignants qui ne disposent ni des moyens pour se procurer de ces outils technologiques et ni du temps pour les maîtriser dans la pratique, face à des écoliers très actifs sur les réseaux sociaux ?  Entre l'école et les réseaux sociaux en Haïti, quel enseignement ? Quelle programmation ?  Quel avenir pour les jeunes ?

   

Dominique Domerçant   

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