Haïti: les méfaits de la violence et le sentiment d'insécurité personnelle sur la santé mentale des habitants de Port-au-Prince

De la religion à la psychologie

 

Dans les sciences sociales, l'un des plus grands mérites de Durkheim (1968), c'est d'avoir démontré que par de là son côté spirituel, la religion est un phénomène éminemment social (p. 21). En tant que telle, elle a influencé bon nombre de choses à notre insu. À ce titre, chaque religion propose en tout premier lieu, un système d'explication du monde (p. 20). À un autre point de vue, les fêtes religieuses ont déterminé : la mise en place du calendrier, la détermination des points cardinaux et des saisons de l'année (pp. 21-23). En étudiant le totémisme, système de croyance qui remplace la religion dans des régions d'Australie, Freud (1912, p. 7) a démontré que la prohibition de l'inceste, principe respecté dans presque toutes les sociétés d'aujourd'hui existait déjà dans ces sociétés primitives très éloignées des nôtres dans le temps et très différentes des nôtres dans leur façon de vivre. En étudiant les cultes protestants, dans l'Éthique Protestante et l'Esprit du Capitalisme, Max Weber a mis au grand jour la façon dont la doctrine de ces religions a façonné l'attitude des croyants à travailler pour gagner de l'argent, l'économiser, l'investir et le réinvestir, ce qui dans l'ensemble a favorisé l'essor du capitalisme. Ces éminentes figures des sciences sociales qui sont parties de la religion pour étudier des phénomènes sociaux nous inspirent à mettre des attitudes maintes fois décelées et des comportements plusieurs fois observés chez des habitants de Port-au-Prince vivant en situation d'insécurité personnelle sur le terrain de la psychologie. De quoi s'agit-il exactement? D'une part, il y a l'attitude de plus en plus fréquente dans les prières des chrétien(ne)s de solliciter de la protection des entités spirituelles comme : Dieu, Jésus, les saints contre l'insécurité et la violence qui règnent dans la capitale haïtienne. D'autre part, rendre explicite les impacts psychologiques de ce sentiment d'insécurité personnelle et de la peur d'être victime de cette violence sans frein qui règne à la capitale haïtienne sur le comportement des habitants de la ville.

 

Nous avons la malchance d'être plusieurs fois témoin d'un concert de « Jésus » qui éclate dans des véhicules de transport public quand des détonations d'armes à feu retentissent le long du parcours. Il nous arrive également d'être certaines fois le spectateur effrayé des gens qui, tout en s'abritant dans des parties qu'ils croient sûres de leur maison, prient à voix basse pour que Dieu, socialement représenté comme entité spirituelle toute-puissante, fasse cesser les rafales d'armes à feu entendues à proximité de leur domicile. Ces réactions témoignent avant tout de ce que la chercheuse Noble (2016) étudie avec le concept d'insécurité personnelle, c'est-à-dire la crainte que sa personne, ses proches ou ses biens subissent une agression dans un espace public ou à domicile. Cela est dû à un état d'esprit de vulnérabilité ressenti dans une situation menaçante où la probabilité d'être victime est très grande. Ceci étant dit, notre objectif est de comprendre et d'expliquer les différents sentiments et toute la palette d'émotion engendrée par cette situation de violence et d'insécurité personnelle dans le quotidien des habitants de Port-au-Prince et enfin nous mettrons au grand jour les méfaits de ces deux (2) fléaux sur la santé mentale des habitants de la capitale haïtienne.

 

Vers une tentative de conceptualisation

Au sens large, le sentiment d'insécurité renvoie à la peur d'être victime d'un crime (Garoscio, 2006, p. 33). On y distingue trois (3) composantes : une composante cognitive, une composante émotionnelle, une composante comportementale. La dimension émotionnelle a trait à l'ensemble des sentiments éprouvés par rapport à l'imminence d'un danger. Du nombre, on retient : la peur, l'anxiété, la colère. La dimension cognitive fait référence à l'ensemble des idées qui passe par la tête dans ces situations dangereuses. Elle consiste en : l'évaluation et la gravité du risque encouru, la probabilité d'être victime, les conséquences que cela provoqueraient sur soi. La dimension comportementale renvoie à l'ensemble des précautions prises soit pour éviter d'être victime soit pour s'échapper au(x) préjudice(s) qui marche(nt) avec cette menace (Noble, 2016, pp. 251-252).

                                       

Du latin vis, la violence renvoie du point vue étymologique à la force, la vigueur, la puissance. En ce sens, elle désigne l'usage déréglé de la force physique (Le Run, 2012, p. 23 ; Michaud, 2014, p. 31). Ce concept a une très vaste acception. La psychanalyse laisse supposer que le comportement violent est inné. Chez le nourrisson on le décèle : par le désir de mordre le sein de la mère et la tendance à la gifler;  l'instinct destructeur marqué par la tendance ambivalente à briser l'objet désiré; la tendance ambivalente à s'emparer avec agressivité de l'objet qui procurera le plaisir et la jouissance. De même que, le clivage des objets en bon-mauvais, gratifiant-dangereux sont à la base d'une sorte de haine, d'agressivité et de comportement(s) violent(s) envers ceux qui sont désignés comme mauvais et dangereux. En outre, le comportement violent participe dans une certaine mesure à la structuration des rapports du nourrisson avec son environnement. Aussi, quand son entourage ne répond pas à temps à ses besoins, il adopte souvent des comportements violents pour se faire comprendre et obtenir satisfaction (Winnicott, cité par Houssier, 2009, pp. 15-17). Bien que l'approche psychanalytique ne nous aidera pas à atteindre notre objectif cependant, elle nous aide à comprendre que, contrairement à ce qu'on pourrait tenter de croire, le comportement violent n'est pas uniquement le résultat d'un apprentissage social, il est en parti inné chez l'homme. Pour atteindre notre objectif, il nous paraît plus commode d'adopter une définition behavioriste du concept de violence, celle-ci sera plus saisissable pour le lecteur et plus facile à opérationnaliser Dans cette perspective, la violence est définie comme l'emploi de la force contre quelqu'un avec les dommages physiques que cela entraîne (Michaud, 2014, p. 31). Concrètement, les dommages provoqués par la violence sur les habitants de Port-au-Prince se manifestent par des actes comme : le kidnapping, des meuttres perpétrés à l'aide d'armes à feu ou d'armes blanches, des fusillades, des tirs nourris sur des véhicules de transport en commun, la destruction et l'incendie de bien public et privé, le vol, le viol, le rançonnement des entreprises privées et des petit(e)s commerçant(e)s du secteur informel, et des usagers du transport en commun.

La santé mentale est selon l'Organisation Mondiale de la Santé (O.M.S) : une situation de bien-être mental permettant à l'individu d'affronter les différentes situations de la vie, d'exploiter pleinement ses potentialités, de bien apprendre, de bien travailler et enfin de contribuer à l'avancement de sa communauté (O.M.S, 2022, paragr. 1). Soit dit en passant que la santé mentale ne se résume pas à la négation de la folie (Coupechoux, 2014). Si on devrait traduire cette assertion dans le langage de la psychologie, on aurait dit : l'absence de troubles mentaux ne dit pas automatiquement qu'une personne jouisse d'une bonne santé mentale. D'où l'importance des paramètres comme le bien-être et le bon fonctionnement individuel et social du sujet (Doré et Caron, 2017, paragr. 4).

Du latin pavor, la peur renvoie à un sentiment d'effroi, d'épouvante, d'affaiblissement et même de perte du sang froid face à une menace réelle (Visscher, 2015, p. 725 ; Roussant-Lumbroso et al, 2020, paragr. 1). Rangée dans la catégorie des émotions, la peur est ressentie en présence d'un danger, c'est-à-dire une situation présentant un inconvénient qui peut nous affecter (Natanson, 2008, p. 161 ; Jodelet, 2011, p. 240). Dans ces différentes manifestations, elle peut prendre des formes collectives comme la panique, l'épouvante ou des formes individuelles comme la crainte, l'effroi, l'angoisse (Jodelet, 2011, p. 240). Classiquement défini comme une peur sans objet, l'anxiété est fondée sur la peur (Monestès, 2014, p. 29). Elle correspond cependant à un sentiment d'insécurité, de terreur et d'appréhension dû à un péril que le sujet n'est pas à même d'identifier (Lumbroso-Roussant & Roussant, 2020, paragr. 2). En ce sens, elle n'est pas liée à un événement réel. En un mot, c'est une peur qui n'a pas sa raison d'être (Lumbroso-Roussant & Roussant, 2020, paragr. 8). À la suite de Moscovici (2013), nous entendons par représentation sociale, un ensemble d'idée et d'image que des individus formant un groupe ou une communauté lient entre elles et qu'ils partagent en communiquant ou à travers des médias. C'est une large gamme d'opinion admises sur un sujet donné par chaque individu envisagé sous un rapport commun sans qu'il y ait préalablement un consensus entre eux. Le concept de représentation sociale s'inscrit avant-tout dans un rapport individu-société. Du point de vue psychologique les idées et les images qui constituent une représentation sociale s'inscrivent dans l'imaginaire de chaque sujet d'une communauté quelconque pendant que simultanément, toute la collectivité les partagent du point de vue social.

 

Port-au-Prince, poumon d'Haïti : histoire et panorama d'une ville

Fondé en 1749 à l'actuel quartier du Bel-Air, Port-au-Prince ne tarda pas à supplanter le Cap-Français comme capitale de la colonie française de Saint-Domingue. L'histoire de cette ville est marquée par des cataclysmes destructeurs, des incendies accidentels, criminels et politiques. Tout comme une traditionnelle lutte pour le maintien et le renversement des différents gouvernements qui se sont succédé à la tête du pays. Le premier événement majeur de l'histoire de la ville est le séisme destructeur de 1770. Après la proclamation de l'indépendance, le 1er janvier 1804 Jean Jacques Dessalines, le père de la patrie fit de la ville de Marchand la capitale du nouvel État. Étant toujours le siège de vive agitation politique, Port-au-Prince fut le lieu du parricide qui emporta le père de la nation haïtienne. En effet, le premier chef d'État haïtien fut abattu le 17 octobre 1806 au quartier du Pont-Larnage rebaptisé Pont-Rouge après le drame. Après lui, pas moins de quatre (4) chefs d'État et un (1) vice-président sont victimes de ce sort à Port-au-Prince. Bastion de la politique haïtienne, la ville fut l'objet de sinistres hécatombes comme le massacre d'avril 1848 sous Soulouque, la guerre civile de 1865-1867 sous Salnave et les journées de tuerie et d'incendie de septembre 1883 sous Salomon. Port-au-Prince est également le lieu de débarquement des forces d'occupation en 1915, 1994 et 2004. C'est aussi le théâtre : de la guerre civile d'un jour, le 25 mai 1957; des vêpres du Bel-Air, le 14 juin 1957; de l'insurrection armée baptisée opération Bagad en 2004 et en 2005 ; de l'émeute de la faim en avril 2008; de la journée de violence post-électorale du vendredi 22 janvier 2016. Pour couronner le tout, la capitale haïtienne, particulièrement son centre-ville et les bâtiments administratifs de l'État ont été pour la plupart détruits par le séisme du 12 janvier 2010. Donc, certaines de ces données historiques montrent que ce n'est pas pour la première fois que Port-au-Prince est le théâtre d'un climat de violence et d'insécurité. Historiquement, il s'agit d'un phénomène récurrent qui s'explique en partie par l'intensité des intérêts politiques et économiques constamment en jeu dans la ville. N'oublions pas que Port-au-Prince est le siège des institutions étatiques qui symbolisent le pouvoir et qu'il est le centre des grandes décisions politico-économiques de la vie du pays d'où le fait de le concevoir comme le poumon d'Haïti.

Malgré que les catastrophes naturelles et les conflits politiques ont rythmé la vie politique et économique de Port-au-Prince, cependant du point de vue social et administratif elle a été et demeure jusqu'aujourd'hui la plaque tournante du pays. Pour être la capitale d'un pays centralisé, Port-au-Prince représente la destination incontournable de tout ce qui veut se créer une place au soleil et avoir une certaine mobilité sociale dans une société où les mailles du filet de la réussite individuelle sont extrêmement petites. Ainsi, la capitale haïtienne accueille annuellement une légion de jeunes venues des différentes villes de province particulièrement des zones rurales pour débuter ou continuer leurs études secondaires et faire leur études professionnelles ou supérieures. Port-au-Prince est également le lieu où certains services publics existent, même le domaine de la santé n'en fait pas exception. Aussi, il n'est pas rare de voir des malades mentaux venant du lointain département de la Grande-Anse viennent se faire soigner au Centre Mars & Klein. Réputé improductive sur le plan agricole, Port-au-Prince est la principale destination des vendeuses venant des régions rurales ou  madan Sara écoulent leurs produits agricoles. Avec les parcs industriels qui emploient tant bien que mal un petit nombre de bras oisifs des couches urbaines, Port-au-Prince est la région du pays qui offre paradoxalement la plus grande possibilité d'emploi pour ceux qui sont issus des masses défavorisées. Port-au-Prince est aussi la ville du secteur privé des affaires et de ses grandes entreprises. Étant le centre névralgique du pays, seul l'arrondissement de Port-au-Prince alimente le pays en carburant à partir des sites de stockage de Varreux et de Thor. C'est là que se trouve le siège social : des banques commerciales, des rares entreprises multinationales qui existent dans le pays, des institutions étatiques qui régulent la vie économique du pays dont, la Direction Générale des Impôts (D.G.I), la Banque de la République d'Haïti (B.R.H).

 

 Poumon d'Haïti, Port-au-Prince demeure le lieu favori des intrigues politiques et économiques visant à prendre ou influencer la répartition du pouvoir. Aussi, rendre Port-au-Prince dysfonctionnel c'est paralyser le fonctionnement d'Haïti. Ça, c'est le malin plaisir des politiciens et des nantis de ce pays! Si Weber et Kelsen font du pouvoir de contraindre la principale caractéristique de l'État (Troper, 1995, pp. 35-37) paradoxalement, ce sont les plus grandes faiblesses de l'État haïtien de nos jours. Aussi, en Haïti, l'État manifeste souvent de l'indifférence face aux premières tentatives insignifiantes de défi à son autorité. Cette indifférence des premiers moments va se révéler fatal. Elle débouche la plupart du temps sur des troubles à l'ordre public qu'il aura beaucoup de difficultés à résoudre. La plupart du temps ces subversions revêtent des formes comme : une campagne médiatique pour façonner l'opinion publique, des incitations à la violence, des menaces verbales contre la vie et les biens d'autrui, la manipulation des foules pacifiques et/ou violentes, instrumentalisation des bandes armées, blocage de la circulation piétonne et du transport en commun.

 

C'est depuis la deuxième décade du XIXème siècle que les bandes armées commencent à jouer un rôle actif dans la vie politique haïtienne. Dans la Grande-Anse, Jean-Baptiste Perrier dit Goman et un grand nombre de paysans rudimentairement armés exigèrent que l'État leur donne de la terre pour travailler à leur propre compte. Quelques années plus tard, revêtu du titre de « chef des réclamations de ses concitoyens », Jean-Jacques Acaau et ses piquets, surnommés « l'armée souffrante du peuple » choisirent d'appuyer leurs revendications sur de puissantes personnalités politiques dont les Salomon. Depuis l'exemple d'Acaau, les bandes armées qui ont jalonné l'histoire d'Haïti sont la plupart du temps l'excroissance des conflits d'intérêts des différentes factions politiques et économiques du pays. En ce qui concerne Port-au-Prince, on note parmi les bandes armées qui ont marqué son histoire : les zinglins de Similien et de Soulouque; les amazones et les zandolits qui épaulaient Sylvain Salnave durant la guerre civile 1865-1867; les rats face aux assaillants en 2004 et 2005. S'il est vrai que les piquets et les cacos naquirent en dehors de la capitale haïtienne, cependant, suivant les impératifs de la lutte de pouvoir, les hommes politiques de Port-au-Prince peuvent les appeler pour leur aider à conserver le pouvoir (par exemple, les piquets sous Salnave) tout comme les politiciens des villes de provinces peuvent les amener à Port-au-Prince pour renverser un gouvernement (par exemple, les cacos de 1911 à 1915 et les militaires démobilisés en 2004). Il faut reconnaître que ce phénomène a connu un arrêt par la reformation de l'armée haïtienne et le désarmement des masses paysannes entre 1915 et 1920 cependant, il se manifestera à nouveau avec la démobilisation des Forces Armées d'Haïti (F.A.D'H) en 1995 et le choix de certains gouvernements et des différents groupes d'opposition de lutter pour le pouvoir par l'intermédiaire des bandes armées. C'est dans cet engrenage que Port-au-Prince est pris depuis ces six (6) dernières années.

 

Se servant des bandes armées dans une rivalité sans merci, des clans politiques et de groupes économiques créent un climat de violence effroyable à la capitale haïtienne. Bien que les statistiques font défaut néanmoins, n'importe quel(le) habitué(e) de la capitale haïtienne admettra qu'elle est littéralement détruite. De nos jours, on ne s'en émeut guère des mauvaises nouvelles, car elles deviennent familières aux gens. La criminalité fait rage. Le kidnapping est monnaie courante. La ville est isolée, les accès menant au grand nord et au grand sud sont extrêmement difficiles pour ne pas dire interrompus. D'innombrables  personnes sont tuées. Fuyant la violence des bandes armées, certaines personnes laissent leur demeure pour se réfugier dans des camps improvisés et des abris de fortune. Des quartiers traditionnellement populeux et très fréquentés sont presqu'inhabités maintenant. Inopinément des rafales d'armes à feu se font entendre. Des fusillades surviennent çà et là. Nombreuses sont les personnes atteintes de balles perdues. De nouvelles formes de meurtre font trembler d'épouvante. Le centre-ville, autrefois refuge des chômeurs de la capitale haïtienne est actuellement méconnaissable. Les petit(e)s commerçant(e)s du secteur informel en sont les principales victimes.

 

 

Port-au-Prince avant 2017 : un fonctionnement clopin-clopant

La vie à Port-au-Prince n'a jamais été facile, cependant jusqu'aux années 2015 et 2016 la ville gardait un fonctionnement apparemment stable ce qui permettait aux gens de vaquer tant bien que mal à leurs activités journalières. La violence qui rythme le quotidien de Port-au-Prince n'a pas encore été la règle. Aussi, il n'était pas étonnant d'entendre une rafale d'arme à feu, il y a eu toujours des exécutions sommaires de même que des zones dites de « non-droits » ou réputées « quartiers chauds », cependant après deux (2) ou trois (3) heures au pire des cas une à deux journée(s) d'agitation la ville avait toujours repris son fonctionnement normal. Si bon nombre de quinquagénaires sont nostalgiques d'une ville que la dégradation de l'environnement, le séisme du 12 janvier 2010 et surtout la violence politique ont fait perdre ses attraits d'autrefois cependant, jusqu'au début de 2017 on pouvait se permettre d'entrée sans peur et sans crainte chez soi à onze (11) heures du soir. Même s'il n'y avait pas de vie nocturne, les amateurs de bals se livraient avec délectation à leur ambiance de prédilection. Au stade Sylvio Cator, les passionnés de football avaient la possibilité de se régaler en supportant leur équipe favorite au championnat national de première et de deuxième division. C'est aussi l'époque où le carnaval de Port-au-Prince n'était pas encore transformé en instrument de lutte politique. Ainsi, la population veillait cette fête populaire pour se défouler tandis que les groupes musicaux, les artistes de toute sorte ainsi que les marchands du secteur informel en profitent pour se faire une santé économique. Par ailleurs, mis à part les jours de grève et d'intempérie, l'année scolaire se déroulait comme prévu par le calendrier du Ministère de l'Éducation Nationale et de la Formation Professionnelle (M.E.N.F.P). Si une certaine presse et certaines représentations sociales créaient en soi la peur de fréquenter les zones dites de « non-droit » cependant, la confiance et les informations rassurantes d'un membre de sa famille et/ou d'un(e) ami(e) aidai(en)t souvent à vaincre cette peur de son compatriote des couches populaires construite par les médias et entretenue par les stéréotypes sociaux. Une fois arrivée dans ces quartiers, on voit des personnes qui, par résilience vivent une  vie qui n'est pas digne d'être vécue mais, bizarrement elles s'y accommodent. Ce n'était pas encore l'heure où elles fuyaient leur quartier et leur domicile par peur d'être victime ou par sentiment d'insécurité personnelle.

 

 

Partie 2/2

 

Port-au-Prince : ville de la peur

On dit souvent que l'habitude est une seconde nature. Par une habitude inconsciemment enracinée, la plupart du temps, l'haïtien vous dit qu'il « va bien » quand vous lui demandez : « Comment ça va ? ». N'allez pas toujours lui croire! Entendre ça va bien d'un haïtien ne dit pas toujours qu'il va effectivement bien, surtout s'il vit à Port-au-Prince. En réalité, l'insécurité a tellement bouleversé le train de la vie quotidienne de la capitale haïtienne qu'il est impossible que les habitudes de vie de ses habitants n'en soient pas grandement affectées, surtout sur les plans comportemental et mental. N'y allons pas par quatre chemins, à Port-au-Prince les gens ont peur, certaines fois, ils ont même peur de rien. Selon la situation, ils sont anxieux, soucieux, nerveux. Ce sont là des états mentaux sur lesquels on peut apposer des concepts de psychologie. Cependant, il n'est pas rare de trouver d'autres attitudes et de comportements innommables comme les processus anatomiques, biochimiques et neuropsychologiques qui font trembler les jambes face à un danger. À titre d'exemple, il y a lieu de noter, l'activation des mécanismes neurologiques impliqués dans la sécrétion de noradrénaline et de sérotonine par l'amygdale en vue d'améliorer les performances motrices face à la peur (Bourin, 2013 p. 45).  À Port-au-Prince, la peur a tellement envahi les individus qu'elle donne naissance à des comportements nouveaux qui, par leurs expressions témoignent de la détresse psychologique de la population. Bizarrement, certains parents amènent leurs enfants à l'école et les attendent jusqu'au renvoi. En laissant la maison familiale on dit et redit inlassablement aux gens « soit prudent ». On a comme l'impression que dans l'imaginaire des gens, être victime d'un acte de violence à Port-au-Prince est la conséquence de quelques imprudences commises le long du parcours. En réalité, le problème n'est pas là, cela témoigne de la tendance de l'homme à vouloir du bien et souhaiter la conservation de ses proches. Donc, en disant inlassablement à quelqu'un « soit prudent » quand il sort, on ne fait que le suggérer inconsciemment de prendre toutes les précautions pour éviter les risques qui pourraient l'empêcher de retourner sain et sauf chez lui. En attendant le retour à la maison familiale, on téléphone la personne plusieurs fois pour lui demander s'il est indemne, surtout si les médias rapportent une information dramatique sur le trajet qu'il devait fréquenter. De retour à la maison, la famille jubile de satisfaction. Par ailleurs, il n'est pas rare d'entendre qu'on conseille à une personne de ne pas sortir si elle n'en a pas vraiment besoin au pire des cas, s'il y a urgence. Une réaction très fréquente s'enracine inconsciemment chez les port-au-princiens, elle consiste à culpabiliser la victime d'un acte de violence survenu en fréquentant un quartier réputé « chaud » ou dit « zone de non-droit ». Cette attitude qui apparemment fait de la victime la responsable de son sort s'incarne exclamativement dans la phrase très familière aux haïtiens : « Bon! sa w t al fè la ? ». Est-ce à dire qu'inconsciemment la famille des victimes acquittent les bourreaux de leurs forfaits dans de telles situation ? La réponse est non! En réalité, dans l'imaginaire de celui qui vit à Port-au-Prince, il y a des endroits qu'on doit s'abstenir de fréquenter, en un mot, des zones interdites. En outre, les rues sont tellement désertes après le couché du soleil qu'il est préférable de rentrer chez soi bien avant. Ce n'est pas que la maison familiale est un abri sûr. Elles sont bien nombreuses les personnes assassinées ou enlevées dans leur propre domicile. Cependant, le fait d'être chez soi, la garantie que les êtres chers sont présents et qu'on peut compter sur leur secours en cas de danger apaisent un peu les appréhensions.

À Port-au-Prince on n'a pas seulement peur des dangers réels. Un état mental de constante tension interne crée une sorte de « peur pour rien ». Dans la terminologie de la psychologie cela renvoie au concept de l'anxiété. Comme manifestation de cette attitude anxieuse, on s'apprête à courir quand un paquet d'eau éclate, on a la même réaction en entendant  l'éclatement d'une pièce de moto appelée pot qu'on désigne par le mot « moflè » dans le langage vernaculaire de l'haïtien. On ralenti ou accélère le rythme de sa marche selon la distance qui vous sépare à une personne qu'on prête une mauvaise intention. Au summum de cette peur, certaines fois on prend l'autre côté de la rue ou on rebrousse tout simplement de chemin. On esquive les gens qu'on ne connait pas, surtout s'ils sont à moto. On évite de monter à bord d'un véhicule de transport public le premier. La forme de courtoisie appelée « roue libre » est de moins en moins proposée et de moins en moins acceptée. Les bals ainsi que les autres activités nocturnes ne se font presque pas.

Le sentiment d'insécurité personnelle n'est pas le seul résultat de cette peur généralisée. L'une de ses imperceptibles conséquences est l'atteinte portée à la cohésion sociale. On vit de plus en plus renfermer sur soi et sur sa famille. On devient de plus en plus méfiant envers autrui. La réalité, c'est qu'on a peur qu'un espion soit infiltré dans son entourage. On parle de moins en moins du coût économique de ses projets avec des ami(e)s qu'on ne fait pas assez de confiance. Seuls les plus téméraires osent assister un(e) inconnu(e) en difficulté dans la rue car, de pareils cas tournent bien des fois en scénario de kidnapping. Après avoir peint ce tableau, on se demande s'il est excessif de supposer que le sentiment d'insécurité personnelle et le climat violence qui règnent à  Port-au-Prince n'affectent pas la santé mentale de ses habitants, surtout dans la dimension sociale du concept.

Dieu dans l'imaginaire du chrétien haïtien : une entité spirituelle investie d'une mission sociale

Pour les chrétiens, Dieu est une entité spirituelle omnisciente, omniprésente et omnipotente qui règle et gère toutes les choses de l'univers.  Selon l'approche créationniste du monde, la terre, les plantes, l'homme et les animaux seraient créés par une entité toute-puissante qui exerce un contrôle absolu sur toutes ses créatures. S'il n'exige rien aux plantes et aux animaux, cependant il s'attend que l'homme lui voue une sorte de reconnaissance pour ses bienfaits par la prière, le jeûne, les offrandes, le culte d'adoration (pour les protestants), la messe (pour les catholiques). Selon les représentations religieuses, du point de vue spirituel, Dieu récompense l'homme en lui protégeant de tout mal et lui réservant surtout une place au paradis s'il observe ses principes par contre, il l'enverra en enfer s'il ne les respectent pas. Dans l'imaginaire du chrétien, c'est Dieu qui pourvoit à ses besoins. Cette particularité de la vie religieuse est profondément ancrée dans la mentalité des croyants vivant dans les pays sous-développés comme Haïti. De ce fait, en Haïti, le chrétien prie non seulement pour le salut de son âme mais également pour la résolution des difficultés personnelles qui constituent le drame de son existence. C'est ainsi que dans ses prières il expose à Dieu des soucis que la société devrait normalement résoudre à travers un ensemble d'institutions particulièrement, des institutions étatiques. Du nombre de ces soucis, on peut citer : trouver un emploi, payer la scolarité des enfants et le logement familial, voyager pour améliorer ses conditions de vie et celles de ses proches, avoir ou changer de voiture, construire une maison, bénéficier d'une promotion au travail etc. Parmi les soucis que les chrétiens de Port-au-Prince exposent à Dieu, il y a la protection pour soi et pour ses proches en vaquant à ses activités quotidiennes. C'est ainsi qu'avant de laisser la maison familiale, par habitude, l'haïtien prie pour obtenir la protection divine contre les dangers de toute sorte. S'agissant du chrétien qui vit à Port-au-Prince, il prie pour que Dieu lui permette de regagner la maison familiale sain et sauf. Il demande à Dieu de lui épargner de toute tentative de kidnapping, de lui protéger contre les tentatives de vol et d'assassinat et même lui protéger des balles perdues. En un mot, dans l'imaginaire du chrétien de Port-au-Prince, la croyance en l'entité spirituelle douée de pouvoir illimité représentée socialement sous le nom de « Dieu » allège tant soit peu le poids de la peur et du sentiment d'insécurité personnelle dans son psychisme. D'où le sentiment de culpabilité du chrétien, quand par oubli, il n'a pas prié pour que Dieu, socialement représenté comme entité spirituelle toute-puissante, lui protège.

Port-au-Prince : un environnement toxique pour la santé mentale

C'est en étudiant les représentations sociales que Moscovici (2013) a démontré les rapports qui existent entre les savoirs provenant des réalités et des expériences qu'on a vécues en un mot, la connaissance sociale (p. 9, p. 11) et la connaissance scientifique (p. 10). Ce qui est intéressant dans sa démarche, c'est d'avoir d'une part démontré comment le langage courant ou sens commun peut être transformé en langage scientifique (p. 12) d'autre part, la façon dont le langage courant, largement répandu dans les milieux populaires, aide la connaissance scientifique à atteindre un plus large public (p. 11). Son approche permet également de déceler les allées et venues existant entre ces deux (2) formes de connaissances. Si d'un côté, la connaissance sociale préfigure souvent la connaissance scientifique, d'un autre côté des idées élaborées par un petit nombre de chercheurs dans le cadre restreint d'un laboratoire et vulgarisées dans des organes de publication scientifique finissent généralement par se transformer en fréquent sujet de conversation et même influencer le comportement d'un groupement humain très étendu (pp. 9-12).  D'où la prise en compte dans ce travail de toute une gamme d'attitudes et de comportements dont les uns paraissent anodins, les autres semblent banals mais qui du point vue psychologique témoigne d'un malaise social profond : la violence et l'insécurité qui sévissent à Port-au-Prince affectent le quotidien des citoyens dans les moindres détails.

Le premier de ces comportements apparemment anodins, vagues et banals qui mérite d'avoir une explication psychologique, c'est le fait de faire appel à Dieu ou à Jésus dans une situation d'insécurité personnelle comme en entendant inopinément des tirs nourris à la maison, dans la rue ou dans le transport en commun. Ordinairement le chrétien haïtien prie généralement à deux (2) reprises, tôt le matin, il remercie Dieu pour la nuit et lui remet la journée, le soir, particulièrement avant le sommeil, il remercie Dieu pour la journée et lui remet la nuit. Cependant, certaines fois il prie la journée, pour demander à Dieu d'agir en sa faveur sur une situation face à laquelle il est impuissant. L'une de ces situations c'est la forte probabilité d'être mort(e) en entendant des rafales d'armes à feu dans un espace géographique où le secours des forces de l'ordre est la plupart du temps tardif, défaillant et même inexistant dans certains cas. Dans ces situations où l'on se sent livrer à soi-même et la mort, son seul recours c'est la prière ou l'appel à Dieu ou à Jésus deux entités spirituelles construites et représentées socialement comme des êtres tout-puissants. Dans ces situations, il semblerait qu'inconsciemment, la prière du chrétien ou l'appel à Dieu ou à Jésus a une dimension psychosociale. Psychologique, parce elle permet d'apaiser mentalement ses peurs et ses inquiétudes. Socialement, elle investit ces entités spirituelles d'une mission que l'État, à travers les forces de l'ordre devrait s'occuper et garantir la sécurité de la vie des citoyens.  La question à se poser maintenant, comment parler de santé mentale dans une ville où dans de très fréquentes scènes de violence le citoyen a pour seul secours le recours à des entités spirituelles?

Port-au-Prince est une ville où les mauvaises nouvelles pleuvent à travers les médias et les réseaux sociaux que des parents tellement inquiets pour la vie de leurs enfants en les envoyant à l'école, préfèrent les attendre sur la cour de l'établissement scolaire jusqu'à ce qu'ils soient relâchés. Si le sentiment d'insécurité personnelle et la violence qui règnent à Port-au-Prince conditionnent un tel comportement chez certaines personnes, on est en droit de supposer que du côté mental, ça ne va pas trop bien dans l'esprit quand on envoie un enfant à l'école. Pour apaiser ces appréhensions, on se fait le devoir de l'attendre.

À Port-au-Prince, il y a des zones interdites, la rue qui passe devant la Cathédrale Transitoire de Port-au-Prince en est un exemple. Cette zone déserte où des herbes sauvages poussent aujourd'hui était autrefois un lieu d'intense activité économique pour les petit(e)s commerçant(e)s du secteur informel. Maintenant demandons-nous quel est l'état mental de toutes les personnes qui ont dû abandonner cet espace qui leur permettait de gagner leur pain quotidien. Ont-ils réussi tous à trouver des stratégies d'adaptation pour survivre? Que sont devenus ceux et celles  qui n'ont pas pu s'accommoder à cette situation? N'est-ce-pas pas une situation déprimante eux?

Imaginons l'état mental de quelqu'un qui a à fréquenter la route de Martissant ou la Grand-Rue de Port-au-Prince à l'allée comme au retour. En terme cognitif, émotionnel et organique comment vit-il ces moments extrêmement angoissants? Ce qui est sûr, sur le plan cognitif, les nouvelles, les images et les souvenirs néfastes associés à ces endroits vont tourmenter son psychisme en ces moments-là. N'en parlons pas des effets de la peur, de l'anxiété, de la nervosité sur plan émotionnel. Du point du vue organique, n'oublions pas que l'organisme réagit par une série de manifestations physiologiques dans ces situations extrêmement dangereuses par exemple, accélération du rythme cardiaque, maux de tête, tremblement musculaire volontaire ou involontaire, hypersudation etc. La plupart du temps, de peur d'être victime, souventes fois le chauffeur accélère exagérément la vitesse du véhicule. Ce qui n'est pas sans danger pour lui et les passagers. Demandons-nous quelles seront la somme des conséquences de cette situation anxiogène sur ceux qui la vit dans cinq (5), dix (10), quinze (15) et vingt (20) ans ? Une autre question, s'est-on assez attardé sur les effets du stress résultant de cette situation sur la vie des habitants de Port-au-Prince?

Elles sont innombrables, les personnes assassinées, celles qui sont atteintes de balle(s) perdue(s), les hommes et les femmes kidnappé(e)s, les femmes et les filles violées. Comment leur parent et leur famille vivent les séquelles psychologiques laissées par ces traumatismes? S'est-on assez attardé sur les éventuelles souffrances post-traumatiques des victimes ou des témoins des scènes de violence de Port-au-Prince?

Comment parler d'épanouissement individuel dans une ville où la meilleure façon de sentir en sécurité est de rester chez soi et où il est conseillé de ne sortir qu'en cas de besoin voire d'urgence? À Port-au-Prince, on perd les délices des promenades solitaires, la paix d'esprit ressentie en contemplant la rue, les passants, les voitures à partir d'une place publique. N'en parlons pas de la nostalgie du carnaval national et du championnat national. En fin de compte on se demande si cette contrainte de se replier sur soi n'est pas dommageable à l'épanouissement individuel, élément fondamental de la santé mentale.

On se demande également comment contribuer au développement de sa communauté quand on ne fait confiance qu'à sa famille, quand on se méfie des autres, quand on a peur que les voisins aient une quelconque idée sur son état financier. Surtout lorsqu'on sait qu'une personne du quartier peut être utilisée comme espion par une bande armée pour vous kidnapper. Dans le langage courant on donne le nom « d'antenne » au personne qui fait cette sale besogne de fournir des informations sur une personne ciblée pour une raison quelconque par une bande armée. Par conséquent, au lieu de s'intégrer, s'investir et investir dans sa communauté on l'évite et certaines on la fuit tout simplement. Une fois que dans une communauté, les fondements de la vie en société sont si ébranlés il n'est pas étonnant de voir qu'il n'y pas d'efforts communs pour l'avancement et la transformation de celle-ci. En un mot, comment développer le minimum de confiance nécessaire à toute activité commune quand on évite les autres et met par peur une quantité de barrières pour les empêcher de vous approcher ?

La santé mentale est un état de bien-être psychologique qui permet d'affronter les différentes situations de la vie, d'exploiter pleinement ses potentialités et de participer au développement de sa communauté. Ce qui est certain, le climat d'insécurité et de violence qui règne à la capitale haïtienne empêchera à quiconque de réaliser les trois (3) composantes de ce processus. De ce fait, il paraît vraiment difficile de parler de bonne santé mentale en tenant compte de l'insécurité et la violence qui font rage à Port-au-Prince actuellement. En fait, les méfaits de ces deux (2) fléaux ont d'énormes répercussions sur les habitudes de vie, les comportements et l'appareil psychique de ceux qui vivent à la capitale haïtienne en ces moments de grave trouble à l'ordre public. Outre le fait de perdre ses attraits d'autrefois, à Port-au-Prince, le centre-ville et les traditionnels quartiers populeux sont dépeuplés pour ne pas dire inhabiter. Les bandes armées sont les seules maîtres des vies et des biens, elles tuent, volent, violent et font retentir les détonations d'armes à feu à leur guise. En un mot, la violence et l'insécurité s'abattent sur Port-au-Prince. Sombrés dans la peur et livrés la plupart du temps à eux-mêmes dans une ville où les structures de sécurité publique sont défaillantes les habitants de la capitale haïtienne sentent les effets négatifs de cette détresse psychologique dans les plus courants détails de leur quotidien. En tenant compte de la situation d'insécurité personnelle et la constante tension interne qui en résulte, il est très difficile de se sentir bien dans sa peau, de tirer parti de ses potentialités et de contribuer au progrès de sa communauté quand on vit actuellement à Port-au-Prince.  Aussi, on se demande comment parler de santé mentale à Port-au-Prince.

 

Jefferson N. PIERRE-LOUIS

 

 

 

Références

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