ICOM: vers l'élargissement du champ d’action et le mode d’action des musées !

Dans la nouvelle définition des musées en 2022,  on retient ces phrases:  «Un musée est une institution permanente à but non lucratif et au service de la société, qui se consacre à la recherche, la collecte, la conservation, l'interprétation et l’exposition du patrimoine matériel et immatériel. Ouvert au public, accessible et inclusif, il encourage la diversité et la durabilité. Les musées opèrent et communiquent de manière éthique et professionnelle, avec la participation de diverses communautés. Ils offrent à leurs publics des expériences variées d'éducation, de divertissement, de réflexion et de partage des connaissances».

 

Dans une rencontre virtuelle (webinaire) tenue par le bureau haïtien du Conseil international des Musées (ICOM- Haïti),  plusieurs personnalités, dont des responsables, des spécialistes, des intellectuels, des acteurs et professionnels impliqués dans la question des musées et du patrimoine en Haïti et dans le monde, ont alimenté les débats autour de cette nouvelle définition. Cela n’a pas empêché le président d’ICOM Haïti, Me Guerdy Lissade, d’attirer l’attention sur le sort du patrimoine haïtien, et du sort actuel des créateurs artisanaux et du patrimoine artistique au village Noailles, entre des crimes et des scènes de destructions, depuis quelque temps.

 

Derrière un long processus qui a duré plusieurs années, les plus hautes autorités des musées dans le monde, réunies au sein du Conseil international des Musées (ICOM), se sont finalement entendues sur la nouvelle définition des musées en 2022. Cette définition a été approuvée par à Prague par environ  92, 4%, des membres, dont Haïti en fait partie.

 

Découlant de cette nouvelle définition sur les musées, la question du multilinguisme et des musées communautaires dans le monde, et en particulier dans l’espace francophone et aussi bien créolophone a été au centre des débats  le mardi 25 octobre 2022. 

 

Dans ce débat pour une prise en compte du multilinguisme, Juliette Raoul-Duval, ancienne présidente d’ICOM France, a rappelé que derrière  les trois langues officielles de l’ICOM, il y a près de 60 langues parlées à l’ICOM, en dehors de la traduction dans 37 langues du code de déontologie pour les musées proposés par l’ICOM aux acteurs de ce secteur.

 

Dans la communication de Bruno Brulon, qui traduisait les propos de son collègue Lauran Bonilla-Merchav, tous les deux membres d’ICOM Define, des informations pertinentes ont été partagées tout le long du processus rigoureusement et scientifiquement réalisé.

 

Du lancement de la méthodologie, basé sur une consultation  globale de 178 comités, ce sont pratiquement douze étapes qui ont été suivies avant l'élaboration du rapport final d’ICOM Define. On pourrait citer les différentes consultations sur les résultats, les débats, les comptes rendus des activités, les consultations des mots clés et concepts spécifiques aux musées l’analyse, la préparation et l'évaluation des mots clés et concepts, l'élaboration et les discussions sur les différentes propositions entre autres, sont parmi les étapes franchies, pendant lesquelles, le bureau haïtien continuait d’informer et d'échanger avec les membres du réseau national.

 

Des termes, mots clés ou concepts qui ont été cités par au moins 30% des comités sont à retenir comme: inclusif, collection, communauté/société, durabilité et accessibilité permettent de comprendre les nouvelles tendances et approches que les acteurs voudraient prioriser dans la nouvelle définition des musées dans le monde, pour les générations présentes et futures.

 

Des noms comme Bruno Brulon Soares de ICOM Define, Juliette Raoul-Duval de ICOM France, Lauran Bonilla-Merchav de ICOM Define et Rachelle Doucet de ICOM Haïti étaient présents et actifs entre les interventions et les interactions.

 

Dans sa fonction de modératrice, l’ancienne présidente d’ICOM-Haïti, le Dr Rachelle Doucet a l’accent sur les actions menées durant son administration dans le cadre du processus international pour la formulation d’une nouvelle définition pour les musées dans le monde.

 

Dr. Doucet a mis en avant les spécificités relatives à la réalité haïtienne autour de la problématique du patrimoine. «Le sujet majeur était les questions liées à l’acquisition des collections, en sachant que nous avons été une colonie et occupée. Pendant toutes ces périodes, il y a eu des gens à s'intéresser à notre production et notre patrimoine. Et que beaucoup d’objets très importants se trouvent dans de nombreuses collections éparpillées dans le monde».

 

Des objets avaient été récupérés par les autorités haïtiennes via le bureau national d’Ethnologie, lors de la remise d’environ 200 pièces par l’ambassade des États-Unis en Haïti, a rappelé l’ancienne présidente d’ICOM-Haiti qui a été élue membre du Conseil d’administration du Conseil international des musées (ICOM, en tant que première femme d’origine haïtienne à occuper cette fonction, qui devient du coup, représente de la communauté francophone.  

Dans cette nouvelle définition, elle ne change pas la nature et les fonctions du musée. Elle analyse et élargit les champs du musée. C’est une institution permanente à but non lucratif. La nature du musée reste et demeure la même, a tenu à rappeler l’ancienne présidente d’ICOM Haïti.

Dans cette forme d'élargissement du champ d’action et du mode d’action des musées dans le monde, que propose cette nouvelle définition de l’ICOM, ce sont les bases d’une nouvelle dynamique et de démocratisation de la culture musée et des politiques publiques en matière de constitution de collection, de conservation et de diffusion du patrimoine au sein des communautés, de chaque communauté qui doive obligatoirement valoriser l’essentiel de ses productions, de ses créations et des expressions qui enrichissent son patrimoine matériel et immatériel.

 

Dominique Domerçant


 

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