Les filles nées en 2022 pourraient vivre en moyenne 93 ans et les garçons 90 ans

Selon le scénario central des projections de population qui prolonge les tendances récentes, les filles nées en 2022 vivraient en moyenne 93 ans et les garçons 90 ans. Les femmes et les hommes âgés de 65 ans en 2022 vivraient en moyenne un peu moins longtemps : jusqu’à respectivement 89 ans et 86 ans. L’incertitude sur l’âge moyen au décès est faible pour les personnes âgées mais s’accroît pour les plus jeunes. Selon les hypothèses, les filles nées en 2022 vivraient en moyenne de 88 à 99 ans et les garçons de 86 à 96 ans.

La durée de vie augmente de génération en génération : les femmes nées en 1900 n’ont vécu en moyenne que 56 ans et les hommes 48 ans. Les générations nées de 1941 à 1955 se distinguent cependant : leur espérance de vie à 65 ans stagnerait.

La probabilité d’atteindre un âge donné a très fortement augmenté. Seulement 81 % des femmes et 69 % des hommes nés en 1940 ont atteint l’âge de 65 ans, mais cela devrait être le cas de 91 % des femmes et 84 % des hommes nés en 1970 et de la quasi‑totalité des nouveau-nés en 2022. Enfin, 6 % des femmes et 2 % des hommes nés en 1940 pourraient devenir centenaires.

 

Jusqu’à quel âge les personnes vivantes en 2022 pourraient-elles vivre ?

Pour savoir jusqu’à quel âge les personnes vivantes en 2022 pourraient vivre, il est nécessaire de faire des hypothèses sur l’évolution à venir de la mortalité. Selon le scénario central des projections de population qui prolonge les tendances récentes [Algava, Blanpain, 2021], les filles nées en 2022 vivraient en moyenne 93 ans et les garçons 90 ans (figure 1). Les femmes et les hommes âgés de 20 ans en 2022 vivraient en moyenne un peu moins longtemps (respectivement jusqu’à 91 ans et 88 ans) car leurs risques de décès par âge sont supérieurs à ceux des générations plus jeunes. L’âge moyen au décès continuerait de diminuer avec l’âge jusqu’aux personnes âgées de 55 ans en 2022. À l’inverse, au-delà de 55 ans, plus l’âge est élevé, plus l’âge moyen au décès augmenterait. Par exemple, pour les personnes âgées de 80 ans, avoir survécu jusqu’à cet âge fait plus que compenser leurs risques de décès au-delà de cet âge supérieurs à ceux des personnes plus jeunes : leur âge moyen au décès serait de 92 ans pour les femmes et de 90 ans pour les hommes, contre respectivement 89 ans et 86 ans pour les femmes et les hommes âgés de 65 ans. Quant aux femmes âgées de 90 ans, elles vivraient en moyenne jusqu’à 95 ans et les hommes jusqu’à 94 ans.

 

Les femmes et les hommes nés en 2022 pourraient vivre en moyenne 37 ans et 42 ans de plus que les générations nées en 1900

D’après le scénario central des projections, l’espérance de vie à la naissance progresserait de 37 ans pour les femmes et de 42 ans pour les hommes entre la génération née en 1900 et celle née en 2022. En effet, les filles nées en 1900 ont vécu en moyenne 56 ans, alors que celles nées en 2022 vivraient en moyenne 93 ans. Les garçons nés en 1900 ont vécu en moyenne 48 ans, ceux nés en 2022 vivraient 90 ans (figure 2).

Le rythme de progression de l’espérance de vie a été particulièrement rapide pour les générations nées de 1900 à 1937 : + 5,7 ans toutes les dix années de naissance pour les femmes et + 5,4 ans pour les hommes. Les générations nées de 1910 à 1919 font toutefois exception : les progrès les concernant ont été faibles pour les femmes et nuls pour les hommes en raison des deux guerres mondiales, de la canicule de 1911 et de la grippe espagnole de 1918‑1919. De même, l’espérance de vie par génération a stagné pour celles nées de 1937 à 1945 en raison notamment de la Seconde Guerre mondiale et d’hivers particulièrement froids ces années‑là. L’espérance de vie a bondi pour les personnes nées en 1946 grâce à la fin de la guerre et à l’arrivée des antibiotiques : + 3 ans par rapport aux personnes nées un an plus tôt. L’espérance de vie des générations suivantes continuerait d’augmenter, mais à un rythme de moins en moins rapide : les femmes nées de 1950 à 1990 pourraient gagner 2,1 ans toutes les dix années de naissance, puis 1,0 an pour celles nées de 1990 à 2022. Pour les hommes, la progression serait plus rapide : + 3,1 ans toutes les dix années de naissance, puis + 1,6 an.

La durée de vie moyenne des personnes nées en 1900 est connue puisque cette génération n’a plus de survivant aujourd’hui. Pour une génération plus récente, comme celle née en 1950 par exemple, les risques de décès par âge sont connus jusqu’à 71 ans (leur âge en 2021). Pour les âges non encore atteints, ils sont estimés grâce à des projections, fondées sur des hypothèses qui définissent différents scénarios autour d’un scénario central. Selon les scénarios bas et haut d’espérance de vie, les femmes nées en 1950 vivraient en moyenne entre 80 et 82 ans et les hommes entre 72 et 73 ans. L’incertitude s’accroît naturellement de génération en génération : les femmes nées en 1970 vivraient en moyenne de 84 à 88 ans selon les hypothèses, et les hommes de 78 à 82 ans. Pour les enfants nés en 2022, l’incertitude est forte : selon les hypothèses, les filles vivraient en moyenne de 88 à 99 ans et les garçons de 86 à 96 ans.

 

L’espérance de vie à 65 ans stagnerait pour les générations nées de 1941 à 1955

L’espérance de vie à 65 ans, soit la durée moyenne de vie restant à cet âge, a crû presque continument pour les générations nées de 1900 à 1941, au rythme de 1,5 an toutes les dix années de naissance pour les femmes et 1,6 an pour les hommes. Il restait en moyenne 18 années à vivre pour les femmes de la génération 1900 ayant atteint 65 ans en 1965, et 13 ans pour les hommes. Ce temps était de 24 ans pour les femmes nées en 1941 ayant atteint 65 ans en 2006 et 20 ans pour les hommes. En revanche, la durée restant à vivre en moyenne à 65 ans devrait stagner pour les générations nées de 1941 à 1955, appelées ici générations « palier ».

Il est probable, comme le suppose le scénario central des projections, que l’évolution moins favorable de la mortalité observée pour les générations « palier » tout au long de leur vie adulte perdure aux âges élevés. En effet, leur mortalité ne baisse pas ou peu à partir de 15 ans. Cela s’explique notamment par leur consommation d’alcool et de tabac, ainsi que par un risque de suicide plus important que celui des autres générations.

Enfin, des générations 1955 à 2022, l’espérance de vie à 65 ans reprendrait sa progression, à un rythme un peu moins rapide pour les femmes (0,8 an toutes les dix années de naissance) que pour les hommes (1,1 an). Selon le scénario central, il resterait en moyenne 29 ans à vivre aux femmes de la génération 2022 qui atteindront 65 ans en 2087 et 28 ans pour les hommes.

 

4 ans d’écart d’espérance de vie à 65 ans entre les femmes et les hommes nés en 1950

L’écart d’espérance de vie à la naissance entre les femmes et les hommes a augmenté de la génération née en 1900 à celle née en 1919, où il a atteint son plus haut niveau (11 ans). Pour quasi toutes les générations et tous les âges, la probabilité de mourir dans l’année des hommes est supérieure à celle des femmes. Pour la génération née en 1919, l’écart d’espérance de vie à la naissance entre les femmes et les hommes a été amplifié par la mobilisation des hommes pendant la Seconde Guerre mondiale. Pour les générations suivantes, cet écart se réduirait selon le scénario central, à 8 ans pour la génération née en 1950, à 6 ans pour celle née en 1970 et à 4 ans pour celle née en 1990.

La réduction des écarts s’observe aussi aux âges élevés. L’écart d’espérance de vie à 65 ans entre les femmes et les hommes est à son maximum (5 ans) pour les générations nées de 1907 à 1930. Puis, l’écart se réduit selon le scénario central : 4 ans pour la génération née en 1950, 3 ans pour celle née en 1970 et 2 ans pour celle née en 1990.

 

91 % des femmes et 84 % des hommes nés en 1970 atteindraient l’âge de 65 ans

Pour la génération 1900, la probabilité d’atteindre l’âge d’un an n’était que de 86 % pour les filles et 83 % pour les garçons. Les progrès médicaux, de l’hygiène et des conditions de vie ont permis d’augmenter considérablement cette probabilité : 98 % pour les filles et les garçons nés en 1970, puis la quasi-totalité pour celles et ceux nés en 2022 (99,7 % et 99,6 %).

La probabilité d’atteindre un âge donné a très fortement augmenté de génération en génération. Par exemple, 87 % des femmes nées en 1940 ont atteint l’âge de 45 ans, 96 % de celles nées en 1970 et, selon les scénarios, entre 98 % et 99 % des filles nées en 2022 l’atteindraient. Quant aux hommes, 82 % de ceux nés en 1940 ont atteint cet âge, contre 93 % de ceux nés en 1970 et 98 % de ceux nés en 2022 quel que soit le scénario retenu. De même, alors que seulement 81 % des femmes et 69 % des hommes nés en 1940 ont atteint l’âge de 65 ans, cela devrait être le cas de 91 % des femmes et de 84 % des hommes nés en 1970 et de la quasi-totalité des filles et des garçons nés en 2022 (96 % et 95 %, avec une variation de plus ou moins deux points selon le scénario).

Au-delà de 65 ans, la probabilité d’atteindre un âge donné varie selon les scénarios pour les générations les plus jeunes. Quel que soit le scénario, environ 57 % des femmes nées en 1940 seraient en vie à 85 ans, en 2025. Selon les scénarios, cela devrait être le cas de 64 % à 74 % des femmes nées en 1970 et de 71 % à 91 % des femmes nées en 2022. Pour les hommes, seuls 36 % de ceux nés en 1940 atteindraient l’âge de 85 ans, mais ce serait le cas de 49 % à 61 % de ceux nés en 1970, et de 68 % à 89 % de ceux nés en 2022. La probabilité de devenir centenaire n’est connue ou presque connue que pour les générations les plus anciennes : selon le scénario central, 6 % des femmes et 2 % des hommes nés en 1940 pourraient devenir centenaires. En revanche, il est difficile de répondre à cette question pour les générations nées en 2022, tant les écarts entre les scénarios bas et haut sont importants.

Nathalie Blanpain

 

Source: INSEE ( Institut national de la statistique et des études économiques).

LAISSEZ UN COMMENTAIRE

0 COMMENTAIRES