Message de Lesly Condé à l’occasion du 219e anniversaire de la Bataille de Vertières

Chers compatriotes et amis de partout,

 

Je vous invite, cette année encore, à m'accorder l'insigne privilège de vous accompagner, où que vous soyez, dans la commémoration d'une des dates les plus fières de l'histoire de notre cher pays. Cette date est aussi importante dans l'histoire du monde entier puisque d'une part, ce qui se passa sur l'île caraïbéenne de Saint-Domingue  en ce dix-huitième jour du mois de novembre de l'année 1803, eut de nombreuses répercussions irréversibles partout sur la planète, et d'une autre part, nous vivons dans un monde qui se dit amoureux des idéaux de justice et de liberté. Je suis immensément fier de commémorer le 219ème anniversaire de la glorieuse Bataille de Vertières en votre compagnie. 

 

La commémoration de la Bataille de Vertières  est une célébration de l'invincibilité de tout peuple qui s'attache à ses traditions ancestrales et à son humanité. Je vous dis que même si l'esclavage continua d'exister après la défaite des forces coloniales françaises à Vertières, ce fut, en réalité, la victoire de nos ancêtres qui sonna le glas de cette odieuse mais lucrative exploitation de l'homme par l'homme. 

 

Toutefois, on ne peut pas s'empêcher de reconnaître que le 18 novembre n'est pas une date commémorée ou même mentionnée en dehors des frontières d'Haïti ou des communautés haïtiennes dans la diaspora. C'est que ce monde si épris de liberté, de justice et de démocratie, n'a jamais jugé bon d'acclamer la victoire qui marqua le début de la fin de l'ordre mondial esclavagiste, et la naissance du premier État noir souverain du Nouveau Monde.

 
En effet, le 18 novembre de chaque année devrait être commémoré par toutes les nations comme étant le jour où, en l'an 1803 à Vertières, Jean-Jacques Dessalines, à la tête d'une armée d'esclaves révoltés, infligea une claire et humiliante défaite aux troupes esclavagistes de la France, commandées par le général Rochambeau. Nombreux sont ceux qui, aujourd'hui encore, ont du mal à digérer cette éloquente leçon d'humilité, et ce remarquable triomphe de la dignité humaine. Mais Vertières appartient d'abord et avant tout aux Haïtiens. C'est notre histoire. C'est notre identité. Nous avons de véritables héros que nous devons honorer fièrement. C'est à Vertières que la porte de la liberté s'ouvrit pour le monde entier. C'est à nous d'être fiers de notre précieuse identité,  et de rappeler au monde que la liberté naquit à Vertières le 18 novembre 1803.

 

La Bataille de Vertières est un événement historique de très grande importance qui appartient d'abord et en tout premier lieu à la nation haïtienne. Mais elle appartient aussi d'une manière assez significative à l'espèce humaine dans son ensemble car elle signala le début de la fin d'une ère. Avec la défaite irréversible de l'armée esclavagiste de la France, l'ordre mondial esclavagiste se trouva gravement atteint, et ne tarda pas à succomber.  Quant à notre Haïti, ce fut le mauvais exemple. Et nous voici aujourd'hui. Notre chère Haïti est réduite à sa plus simple expression sous les regards indifférents du monde.

 

À présent, toutes les humiliations ressemblent au pays qui, le premier janvier 1804, porta si fièrement l'étendard de la liberté. Pourtant, la Bataille de Vertières qui représente le triomphe de la bravoure contre la tyrannie, peut encore nous inspirer. Nos ancêtres n'avaient pas choisi l'esclavage. Ils l'ont vaincu en s'unissant et en comptant sur eux-mêmes. Nous n'avons pas choisi l'isolement et le mépris. C'est aussi en nous unissant et en comptant d'abord sur nous-mêmes que nous parviendrons à nous imposer. Je vous invite tous à commémorer le 219ème anniversaire de la Bataille de Vertières avec beaucoup de fierté.

 

Lesly Condé

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