Vers le musée de l'aviation civile en Haïti ?

Deux mois plus tôt, soit le 6 octobre 2022, une Haïtienne est devenue célèbre en pilotant le premier vol commercial vers son pays natal. Tara Ernest est le nom de cette femme professionnelle de l'aviation qui piloté cet avion de la flotte de la compagnie américain Airlines,  entre les États-Unis et Haïti.  

Dans ce retour vers la terre natale, la terre de ses parents il y a trois dimensions: L'aboutissement d'un rêve devenu projet professionnel matérialisé après plusieurs années d'investissement et de formation dans un secteur aussi pointu et exigeant. 

Deuxièmement, c'est un signal positif qui est lancé à toutes les filles et les femmes en Haïti, pour inspirer et inciter ces dernières à consentir des sacrifices pour matérialiser leurs rêves, en visant le sommet, les altitudes et l'excellence.  

Dans la satisfaction de Tarah Ernest, en faisant atterrir un avion commercial qui coûte plusieurs millions de dollars, il y a trois défis qui sont levés, comme d'une pierre trois coups. C'est une femme, c'est un personnage d'origine africaine,  et c'est une Haïtienne en plus. Donc c'est une fille originaire de l'un des pays les plus décriés dans les nouvelles ces derniers temps, qui revient dire à ces compatriotes que l'éducation est la clé pour ouvrir les portes du succès, quelles que soient son origine sociale, sa nationalité et la couleur de sa peau. 

Depuis cet atterrissage réussi, qui a fait rayonné l'intelligence et l'expérience de cette professionnelle d'origine haïtienne sur les réseaux sociaux et dans les médias,  deux mois après, c'est le temps de rappeler que la date du 7 décembre ramène la journée internationale de l'avion civile dans le monde. 

Depuis plusieurs années,à l'initiative de l'Organisation des Nations Unies, la journée internationale de l'aviation civile a été instaurée dans le monde le 7 décembre, afin de mettre l'accent sur l'importance de l'aviation civile dans le développement économique,  social et culturel des États.

Dans cette même perspective,  l'ONU profite pour mettre en avant le rôle de l'organisation de l'aviation civile internationale (OACI), dans le renforcement de la coopération entre les États, dans le domaine du transport aérien.

Derrière le ministère des Travaux publics Transport et des Communications(MTPTC), l'État haïtien dispose de deux institutions spécialisées qui se complètent dans ce secteur. Il s'agit de l'Office national de l'aviation civile(OFNAC), et l'Autorité aéroportuaire nationale (AAN), en dehors des Forces armées d'Haïti qui s'occupait dans le temps où s'occupe toujours de l'aviation militaire. 

Difficile de placer le secteur de l'aviation civile en Haïti dans la liste des institutions les plus stratégiques dans le pays en observant les limites et la vulnérabilité de nos infrastructures de services, en particulier entre les deux départements géographiques (l'Ouest et le Nord), en dehors de  l'absence des institutions spécialisées destinées à  assurer la formation des ressources dans ce secteur, la répartition ou la maintenance dans ce domaine,  à défaut de penser à la recherche et le développement. 

De l'aéroport international de Port-au-Prince Toussaint Louverrure  à l'aéroport international du Cap haïtien, et sans oublier l’aérogare Guy  Malary, pratiquement toutes les autres grandes villes portuaires du pays disposant des équipements aéroportuaires, rappelle un peu l'âge archaïque dans l'industrie mondiale de l'aviation en Haïti.  

Durant l'année 2022, le secteur de l'aviation en Haïti,  en dehors de la fierté que le personnage de Tarah Ernest pourrait inspirer,  à fait tristement la une des médias tant locaux et internationaux, notamment avec l'incendie par la population d'un avion sur le tarmac de l'aérogare Antoine Simon dans la ville des Cayes le mercredi 29 mars, et le crash de l'avion survenu le mercredi 20 avril 2022.

Des anecdotes, des blagues ou des histoires ironiques, en dehors des déceptions imprévisibles ou obligations que les différents services de sécurité ou de sûreté affectés dans lez aéroports  d'ici ou ailleurs peuvent imposer à certains voyageurs particuliers ou des officiels contraints d'interdiction de voyage ou de sanctions internationales, c'est ce qui ne manque pas dans la sociologie, le paysage et l'histoire de l'aviation civile en Haïti, en particulier ces derniers temps. 

Des comportements des passagers qui sortent parfois de l'ordinaire,  les conditions de travail, les infrastructures,  et les comparaisons entre l'environnement local avec ce que sont devenues les infrastructures aéroportuaires dans les grandes villes touristiques dans le monde au cours des dernières décennies. 

Dialogues en avion est pratiquement l'un des rares ouvrages à aborder de façon poétique et positive l'histoire transversale de l'aviation en Haïti, à travers des soupirs, des sourires et des souvenirs. 

De nombreux efforts ont quand même été réalisés par les autorités haïtiennes pour tenter de permettre aux principaux équipements de garder un standard minimal dans ce secteur aussi exigeant, en particulier depuis le lendemain des attentats du 11 septembre aux États-Unis. 

Dans l'espoir que la célébration de la journée internationale de l'avion civile soit célébrée et commémorée dans le pays, pour attirer le plus de regards et des débats sur ce secteur   hautement important et stratégique en matière de transport en commun, de coopération et de développement économique,  on retiendra une somme importante d'informations publiques, des faits marquants, des noms et des visages des hommes et des femmes, des activités qui évoluent et des équipements comme les différents modèles d'avions qui venaient en Haïti dans le temps en Haïti, et dont les archives mériteraient une place dans des expositions permanentes et temporaires. 

Dans l'histoire des Haïtiens qui participent dans les opérations, le fonctionnement régulier et le développement des industries de l'aviation civile en Haïti et dans le monde, Tarah Ernest représente pratiquement la pointe de l'iceberg.  Ils sont nombreux les hommes et les femmes d'origine haïtienne, qui ont inscrit leurs noms en lettre d'or dans l'histoire de l'aviation (civile et militaire).  Qui sont-ils ces profils ? Combien sont-ils et comment retracer leurs histoires,  leurs mémoires et leurs contributions dans ce secteur transnational ? 

Dans des livres d'histoire qui ne pourront certainement pas tout dire et tout décrire, et dans un musée qui racontera l'histoire de l'aviation en Haïti, il sera possible de voyager dans l'évolution de ce secteur en Haïti.  

Dans ce chantier qui aurait déjà dû  prendre forme suite aux publications antérieures sur ce même sujet,  le musée haïtien  de l'aviation civile devrait pouvoir permettre aux jeunes du pays et leurs parents de s'informer et de s'orienter sur l'ensemble des filières et les différents métiers dans ce secteur. 

 

Dominique Domerçant

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