HAÏTI/ CRISE SOCIÉTALE

Beatriz Elena Larghi livre ses opinions

Dans le cadre d’un ouvrage qui sera publié prochainement par l’écrivain Joel Lorquet, Beatriz Elena Larghi, Latino-Américaine de sang, Haïtienne par affiliation, a été invitée à répondre à certaines questions ayant rapport avec la situation d’Haïti. Le National publie in extenso cet entretien enrichissant.

Joel Lorquet : Pourquoi, d’après vous, Haïti est-elle toujours sous-développée après 218 ans d’indépendance ? Selon vous, quelles sont les vraies causes de la pauvreté en Haïti?

Beatriz Elena Larghi: Question complexe et qui ne peut avoir une réponse simple, car les facteurs sont multiples.

C’est comme l’étude des causes de l’effondrement d’un bâtiment. Il faut évaluer si le problème se trouvait au niveau du dessin structurel, au niveau du calcul des structures, de l’exécution et de la construction en elle-même, de l’âge du bâtiment, de la qualité des matériaux, des normes légales en vigueur. Il faut évaluer aussi comment tous ces différents facteurs, eux-mêmes complexes, ont pu agir les uns sur les autres. Ça peut être aussi à cause d’un tremblement de terre de grande magnitude ou d’un bombardement. Il y a des facteurs endogènes et des exogènes.

La structure de l’État haïtien et l’économie du pays se sont effondrées dans le fracas de la société, livrée sans défense aux mains des nouveaux pirates.  De la même façon, il faut évaluer les différents facteurs en jeu dans cet effondrement et l’action des uns sur les autres. 

Au cours d’une si longue période, les contextes et les acteurs  changent et il faudrait les identifier un par un au cours de leur évolution historique afin de donner une réponse plus approfondie.

Mais en essayant de synthétiser, tout en courant le risque d’être superficielle, je dirais que l’histoire d’Haïti est étroitement liée au contexte international dans lequel le pays a pris son Indépendance. Ici, facteurs endogènes et exogènes sont intrinsèquement  liés.

Un petit territoire, qui commet un geste presque sacrilège en rompant avec la base du système économique, politique et idéologique de l’époque à laquelle il appartient, devait en payer les conséquences. Il a été « mis en quarantaine » pendant une cinquantaine d’années. Il a été soumis à un embargo et on a fait peser sur lui le fardeau de la fameuse dette de l’Indépendance, entre autres choses.

Il faut dire aussi que la guerre de l’Indépendance d’Haïti a été une guerre de « Table rase ». Toutes les infrastructures du pays avaient été détruites pendant la guerre et il y avait un manque de cadres techniques parmi des tas d’autres choses qui manquaient.

Les chefs haïtiens se sont fait la guerre entre eux pour le pouvoir et ses privilèges, en négligeant la préparation de ressources humaines, la reconstruction, le développement et la planification du territoire  tout en s’appuyant sur l’étranger qui, lui, ne voyait que ses intérêts commerciaux et géopolitiques.

L’occupation américaine a été une longue parenthèse qui n’a pas résolu les problèmes et les a augmentés si on pense au vol du trésor public de la Banque Centrale d’ Haïti de l’époque.  

 Mais les facteurs extérieurs ne suffisent pas pour expliquer l’échec d’un pays aujourd’hui. Je crois que les dirigeants, sauf de rares exceptions, n’ont pas accordé d’importance à l’économie et à l’éducation du peuple et se sont concentrés sur leurs intérêts personnels et ceux de leurs clans.

J’ajouterais en outre qu’après plus de trente ans de vie en Haïti, avec mon métier d’architecte, je n’ai pas pu m’empêcher d’observer qu’Haïti a commencé son histoire de pays indépendant avec un « handicap » remarquable du point de vue urbanistique, comme ancienne  colonie française, par rapport aux autres pays de l’Amérique latine, colonisés par les Espagnols. La colonisation française s’est intéressée seulement à l’exploitation de la canne à sucre et autres produits agricoles, et dans ce sens, les colons n’ont pas mis d’intérêt à construire des villes, sauf quelques-unes, souvent pas en dur, surtout pour l’échange commercial. Mais ils ont laissé le reste du pays sans une infrastructure urbaine qui aurait servi de base à son  développement moderne. Les Espagnols ont construit  des noyaux de villes bien dessinées avec l’idée de s’y établir et de créer des richesses à partir des ressources de ces nouveaux territoires. On devrait voir ce qui s’est passé avec les colonies anglaises.

Cette considération sur  le manque de base urbanistique demanderait une élaboration plus approfondie, mais on peut dire que cela demeure jusqu’à présent.       

De toute manière, à mon avis, la cause fondamentale du sous-développement de ce pays  depuis la colonie jusqu’à présent a été  le manque d’amour et de respect pour le peuple travailleur qui a été maintenu dans la misère et l’ignorance alors qu’il donnait soldats et main-d’œuvre et en plus payait les taxes et les employés de l’État. 

Je suis de celles et ceux qui ont toujours dit qu’« Haïti n’est pas un pays pauvre », mais un pays appauvri et pillé par différents types de pirates tout au long de son histoire, en commençant par les conquistadors  espagnols puis français, américains, nationaux. Jusqu’à nos jours. 

Joel Lorquet : Êtes-vous pour ou contre la politique néo-libérale imposée en Haïti par la communauté internationale pendant les 30 à 40 dernières années ?

Beatriz Elena Larghi: À mon avis, la façon de poser la question porte à une réponse fermée : « oui » ou « non » et je répondrais  que je suis CONTRE. Mais, j’irais plus loin pour m’expliquer avec un exemple.

La politique néo-libérale, appliquée en Haïti à partir des années 90, a été la cause de la chute de la production agricole  nationale et en particulier celle du riz. La réduction des impôts a augmenté de façon extraordinaire le déficit de la balance commerciale et la dépendance alimentaire du pays. Le riz importé des États-Unis, que mangent les Haïtiens la plupart du temps, bénéficie d’économies d’échelle  et est subventionné par l’État. Cela devient donc une concurrence totalement déloyale vis-à-vis de la production d’un petit pays en crise. Mais cela n’a pas été bien sûr la seule cause de la ruine économique haïtienne. Les importateurs ne paient pas le peu d’impôts à payer grâce au système généralisé de corruption installé dans le pays. Il faut ne pas oublier non plus la corruption de toute sorte des personnalités qui, une fois l’argent entré dans les caisses du trésor public, détournent cet argent qui aurait pu servir au développement d’Haïti. On a ruiné l’économie paysanne et aujourd’hui la majeure partie de la population, fruit de l’exode rural, est constituée de chômeurs, vivant dans les bidonvilles qui couvrent toutes les villes et tous les recoins du pays.

La cauchemardesque crise haïtienne actuelle, qu’on devait voir venir depuis des années, a lieu dans le contexte, pas assez souligné à mon avis, même si on l’a dit au cours des Forum libres du jeudi, d’une déterminante  mutation démographique et sociale : la majorité des membres de la population sont des déclassés qui vivent dans les bidonvilles.

Joel Lorquet : Les pays dits amis d’Haïti jouent-ils vraiment leurs rôles en vue d’aider le pays à avancer sur le plan sociopolitique? 

Beatriz Elena Larghi: Tout d’abord, qui sont ces « pays amis d’Haïti » ? Et qui sont ceux qui comptent vraiment ?

J’ai fait la connaissance, parmi les diplomates, de personnes sensibles aux problèmes d’Haïti. Mais les pays amis d’Haïti font partie de ladite communauté internationale qui en fait ne regroupe que les grandes puissances qui sont celles qui déterminent ce qui se propose comme politique. Je préfère parler des peuples du monde ou du monde tout court au lieu de parler de communauté internationale, ce qui supposerait une communauté d’intérêts.

Ce groupe de pays, associés sous le nom de « Pays amis d’Haïti », n’a fait que des déclarations et de petits gestes pour faire face aux graves problèmes qui affectent Haïti sur les plans politique, économique, judiciaire, administratif, sanitaire, sécuritaire  ou autres. En réalité, cela n’a pas été très souvent que pour « la galerie » du monde pendant qu’ils laissent les Haïtiens de la société civile et du peuple cuire dans leurs jus.

Concrètement, ils n’ont pas fait ce qui aurait pu vraiment aider à sortir Haïti de cette spirale destructrice que s’est aggravée avec la dilapidation des fonds d’aide reçus après le tremblement de terre de 2010 et l’armement des bandes armées. Je vous invite à faire un cas d’études de l’histoire de l’Hôpital de l’Université d’État d’Haïti dont la reconstruction a été commencée par 4 États depuis le lendemain du tremblement de terre et qui n’a jamais été achevée jusqu’à présent.

Par contre, ils ont manipulé les résultats des élections pour favoriser les candidats à leur service.

Haïti avait besoin de gouvernements dirigés par des leaders honnêtes, pour garantir l’utilisation de ces fonds dans l’intérêt de la reconstruction du pays de tous points de vue.

J’avais applaudi des deux mains l’idée émise alors, par le groupe MAB et la revue Observatoire de la Reconstruction, de la création d’un Organisme indépendant d’État, constitué de personnes honnêtes et compétentes de plusieurs disciplines, chargé de la reconstruction des villes en commençant par un célère et  sévère aménagement du territoire. Cela aurait permis avec de bons audits annuels d’échapper aux griffes des politiciens corrompus.

D’autre part, l’aide à Haïti ne peut pas être une simple « aumône » périodique, mais des montants substantiels, proportionnels aux dommages soufferts, en commençant par la restitution de la « dette de l’Indépendance » ou de l’or du Trésor public de la Banque Nationale d’Haïti pillée avant l’occupation nord-américaine de 1915, pour vraiment développer Haïti, en créant et en modernisant les infrastructures du pays, en bâtissant écoles, hôpitaux, logements sociaux en masse pour freiner la bidonvilisation, transport public massif et décent pour réduire les embouteillages monstres des rues avec un système tel que le Téléphérique, plus léger et économique que le Metro, en investissant dans l’agriculture paysanne et  dans l’industrialisation, la protection de l’environnement, etc. Il faut de vrais investissements et un plan de développement transparent avec des résultats mesurables.

Ce que les pays dits « Amis d’Haïti » pourraient faire concrètement, ce serait l’équivalent de ce qu’a été le « Plan Marshall ». Adapté à Haïti, il pourrait permettre de créer les bases d’un nouveau départ pour que les Haïtiens puissent sentir qu’ils peuvent rester dans leur pays avec la possibilité de trouver des emplois et avoir les services nécessaires de l’État (justice, santé, éducation, ramassage d’ordures, etc.) et d’avoir ainsi le droit à une vie digne.

Et tout cela, après avoir donné, de façon immédiate (et j’écris ceci en février 2023) un vrai et consistant appui aux forces chargées de rétablir la sécurité des familles haïtiennes de toutes les couches sociales.

Les déclarations et les dilatoires ne font qu’énerver et démoraliser la population qui souffre au quotidien les centaines de kidnappings et crimes des bandes armées, sous le regard des autorités en place. Ladite communauté internationale évoque le devoir d’intervention humanitaire quand ça lui convient.

J’ai toujours eu la sensation qu’en Haïti il y avait une incapacité de fixer les priorités de la part de tout le monde, haïtien et étranger.

Il ne faut pas être naïf non plus et sous- estimer la force des corrompus et des corrupteurs nationaux dès qu’il y a une rentrée de sommes importantes. Il ne faut pas oublier le crime organisé transnational et le trafic de drogue qui adorent les situations chaotiques.

Et ne me demandez pas comment faire cela. Cela doit simplement se faire, avec le concours des Haïtiens ou Haïti demeurera dans l’état de destruction totale où elle se trouve actuellement en 2023. Et personne ne pourra tirer bénéfice de cela.

Joel Lorquet : Pensez-vous que la Communauté internationale comprend réellement la situation socio-politico-économique en Haïti ?

Beatriz Elena Larghi: Je ne sais pas

Joel Lorquet : Le développement d’Haïti dépend-il du contrôle ou de la mise sous tutelle du pays par la communauté internationale?

Beatriz Elena Larghi: Évidemment non. Mais on peut l’accuser aujourd’hui par contre de non-assistance à communauté nationale en danger de mort. 

Joel Lorquet : Que faudrait-il faire pour changer radicalement la situation d’Haïti et prendre le chemin de la stabilité et du développement une fois pour toutes ?

Beatriz Elena Larghi: Question qui demande une profonde, et pas forcément longue, élaboration par des politiques et une équipe interdisciplinaire. Il faut beaucoup d’imagination et une farouche volonté politique. Il y a des tas de plans déjà faits dans tous les domaines et dans tous les tiroirs des ministères et des Nations Unies. Et il faut finir avec la corruption et l’impunité.

Il n’y a plus de solutions réparatrices partielles, aime dire Arnold Antonin, mon mari, depuis des années. Il faut repenser le tout en agissant concrètement sur les parties. Même s’il faut éviter l’autre danger de penser et d’agir comme si tout ce qui a été fait avant était mauvais et à détruire. J’ai l’impression qu’en Haïti on aime les tacticiens et les manœuvriers, mais on ne laisse pas de places aux stratèges. Il faut des institutions durables. Il faut une pensée stratégique et une volonté d’action et pas que des paroles. Parole ! Parole ! Parole ! dit la chanson. En Haïti, il y a un culte de la rhétorique et tout est sujet à dilatoire. Mais cela aussi est commun à toute l’Amérique latine.  

Joel Lorquet : Quel rôle d’après vous devraient jouer les élites haïtiennes ? Comment voyez-vous les Haïtiens par rapport aux autres peuples ? Comment voyez-vous l’avenir d’Haïti ?

Beatriz Elena Larghi: Ces 3 questions ont été répondues auparavant, je crois.

Je ne suis pas une femme politique, ni une sociologue, ni une historienne. Je suis une simple observatrice, une simple citoyenne qui a vécu et souffert toutes les crises d’Haïti depuis 1987 aux  côtés, il est vrai, de gens très sensibles à ces problèmes, dont mon mari. Je n’ai pas de réponse à ces questions comme la plupart des Haïtiens par ailleurs.

Les « élites”, entendant par-là les meilleurs éléments dans tous les domaines de la vie, vu que leurs membres, sans distinction aucune, sont aussi victimes des kidnappings et des crimes, devraient réfléchir sur le fait qu’elles vont être entrainées dans la destruction totale de ce pays ou être obligées de se sauver et de fuir, abandonnant leurs intérêts personnels ou de groupes. En conséquence, comprenant leurs vrais intérêts, elles devraient se rendre compte que le pays a changé et s’engager dans la mise en œuvre de  plans de sortie de crise et de contrôle de l’insécurité. Pour ensuite contribuer à des programmes d’urgence afin de satisfaire les besoins élémentaires de la population : alimentation, logements sociaux, travail, santé, éducation, salubrité.  J’ai déjà parlé aussi de la nécessité d’un plan de développement pour instaurer un vrai état de droit et de développement, protecteur de l’environnement avec un urgent aménagement de ce territoire. Il faut peut-être des pôles de développement et le choix de villes et de villages modèles pour commencer. Cela favorisera la décentralisation. Il faut des plans directeurs des villes et veiller à leur strict respect. Il faut mettre un frein en amont et en aval à la bidonvilisation de tout un pays. Il faut désengorger Port-au-Prince que le trafic étouffe en temps normal, comme je l’ai déjà dit. Je pense enfin, élément important, qu’on devrait développer en Haïti une vraie culture générale de l’entretien et ne rien entreprendre sans penser au lendemain et à l’entretien, moins cher que la reconstruction totale une fois que tout s’est effondré. Sinon on va devoir tout recommencer à chaque fois. En fait on a galvaudé et trahi le concept de Nouveau Contrat social, mais c’est ce qu’il faut.  J’ai énuméré ce qui m’est venu rapidement et en désordre à la tête. Ce sont des réflexions éparses.

 Et tout cela en cherchant comment réaliser des élections sérieuses à partir d’un Conseil électoral permanent pour finir avec la comédie des élections mal faites et perpétuellement contestées. Les vraies élites de ce pays devraient voir cette crise comme une occasion de recommencer sur une base nouvelle et de repenser la nation et ne pas faire comme après 1986 ou après  le tremblement de terre, qui ont été  des occasions extraordinaires et totalement perdues.

Joel Lorquet : Quelle est la différence entre Haïti, les Haïtiens et les autres nations?

Beatriz Elena Larghi: personnellement je suis imprégnée de 3 nations, l’Argentine, le Venezuela et Haïti. Mais je me suis toujours considérée Latino-américaine. Je trouve que les Haïtiens sont toujours tournés vers Les États-Unis, la France, le Canada, mais qu’ils devraient se sentir avant tout caribéens et latino-américains comme les grands Jacques Roumain ou Jacques Stephen Alexis. Peut-être que cela changera avec la grosse émigration récente vers l’Amérique latine et la quantité d’étudiants en République dominicaine.  

Haïti est un pays comme tout autre, avec des tas de problèmes. Être un cas unique et s’en réjouir n’est pas toujours une bonne chose. « No news good news », dit-on en Anglais.  Cela dit, bien sûr, qu’il y a des spécificités haïtiennes.  C’est le pays avec le plus fort héritage africain du continent. C’est le pays avec la guerre de l’Indépendance la plus radicale et moderne où le pouvoir n’est pas passé entre les mains des colons blancs créoles.  C’est le pays avec une langue qu’il a, lui-même, créée, différente des langues coloniales. C’est un pays avec une religion dominante, le vodou, différente des religions chrétiennes. Tous ces traits culturels font une grosse différence.                                                               

C’est un pays avec un bon peuple d’une endurance extraordinaire qui lui a fait supporter pendant trop longtemps l’égoïsme de ses dirigeants.    

 Grand et important avantage par rapport à beaucoup d’autres pays qu’on ne valorise pas assez: c’est un pays où il n’y a pas de guerre de religions, de guerres linguistiques et tribales, de guerres frontalières, de guerres entre provinces depuis longtemps.   

C’est un peuple fier de son histoire et qui se contente de  peu.  C’est un pays où tous les éléments sont réunis pour donner une vraie unité nationale afin de faire face à sa faillite et de le remettre sur les rails. Mais l’égocentrisme, la cupidité, le manque de vision peuvent rendre nuls ces avantages jusqu’à présent. Tout le monde connait cette blague du japonais qui dit : si tu prends individuellement un Haïtien  et un Japonais, l’Haïtien sera probablement plus intelligent que le Japonais, mais si tu mets ensemble 3 Japonais leur rendement intellectuel sera  multiplié par 9, si tu fais la même chose pour 3 Haïtiens, il faudra diviser par 9.   J’ai observé parfois chez des éléments des élites, très intelligents, une forme de narcissisme aigu qui les empêche de travailler en groupe s’ils ne sont pas les chefs. Cela peut conduire à une forme d’inconscience et d’irresponsabilité vis-à-vis de la collectivité. J’ai l’impression qu’au niveau politique c’est encore plus accentué. La culture démocratique et  la création des institutions démocratiques sont  difficiles dans ces conditions. Or on ne peut pas aller loin sans institutions. Et les institutions ne sont justement pas des individus avec leurs caprices et leurs intérêts particuliers.                                                                                   

On a entendu avec indignation le représentant du Canada aux Nations Unies dire qu’en Haïti il avait rencontré des représentants de toutes sortes d’organisations et que personne ne semblait se rendre compte dans quelle situation se trouvait leur pays. Et on a été encore plus tristes quand des compatriotes nous ont dit: mais il a raison. Les victimes, femmes, hommes, enfants qui souffrent quotidiennement dans leur chair de cette situation, eux, ils s’en rendent bien compte sûrement.       

À propos de Beatriz Elena Larghi

Beatriz Elena Larghi est née à Buenos Aires. Émigrée avec sa famille au Venezuela, elle y a fait toutes ses études et est diplômée en architecture de l’Université centrale du Venezuela.

Mariée au cinéaste haïtien Arnold Antonin pendant l’exil de ce dernier au Venezuela, elle réside depuis 1986 en Haïti. Ils ont une fille, Roxane.

Elle a été membre fondatrice de la «  Société Voltaire-Larghi- Michel et Associés », impliquée dans différents projets  d’architecture.

Elle a dirigé pendant plus de dix ans les cours de langue espagnole du Centre Pétion-Bolivar.

Entre autres projets liés à sa profession, elle a conçu et supervisé la construction, à Delmas 35,  du Centre de formation professionnelle les 3 M (Magalie Marcelin, Myriam Merlet, Marie-Anne  Coriolan) du nom des 3 féministes disparues lors du tremblement de terre).

Elle est membre du Collège national d’ingénieurs et architectes haïtiens (CNIAH).

 

 Joël Lorquet

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