Kiskey’Art a organisé une résidence artistique au Rancho Ecológico El Campeche près de San Cristóbal en République dominicaine, au cours de laquelle cinq organisations culturelles haïtiennes et dominicaines bénéficiaires de subvention à tiers du projet, six graffeurs et une équipe audiovisuelle du collectif Azueï ont été invités. Cette résidence se donnait, d’une part, pour objectif de former les représentants de ces organisations en gestion de projets culturels, et de réfléchir sur la transformation de conflits à travers l’art, d’autre part.
L’Île d’Haïti est rongée par un sentiment de xénophobie mettant en péril la sécurité de ses habitants. La paix et la résolution des conflits sont importantes pour parvenir au vivre ensemble sur l’île. En effet, le projet Kiskey’Art a réalisé une série d’activités visant à construire une culture de paix entre Haïti et la République dominicaine.
La résidence, qui s’est déroulée du 27 février au 4 mars 2023, a permis aux participants haïtiens et dominicains de discuter la façon dont l’art pourrait contribuer à la résolution des conflits. « La résidence de formation, souligne-t-on, proposait deux ateliers aux opérateurs culturels : un atelier de gestion de projets culturels et un autre sur la transformation de conflits à travers l’art. » Selon une note de presse acheminée à notre rédaction, les participants ont préparé des esquisses et partagé des idées sur la manière de résoudre les conflits.
« L’objectif final de cette formation consiste à faciliter une expérience de partage et d’échange entre les porteurs de projets, pour leur permettre de la répliquer afin d’avancer vers la construction d’une culture de paix entre Haïti et la République dominicaine », a résumé la note. Gary Lubin, chef du projet Kiskey’Art, qui a une longue expérience des projets culturels et de la gestion des financements de bailleurs internationaux, est intervenu sur la gestion de projets culturels. Tandis que Helena Ardevol Verdiell, de nationalité espagnole, politologue et détentrice d’un master en développement durable dans les pays du sud, ainsi qu’un master en genre et développement, a animé l'atelier sur la transformation de conflits à travers l'art.
« Tout au long de la résidence, l'équipe audiovisuelle du collectif Azueï qui accompagne cette série d’activités en a profité pour organiser des projections de plusieurs conférences historiques sur des thématiques relatives à la problématique de la relation haïtiano-dominicaine pour générer des débats servant à nourrir le portrait dans le but de réaliser un film de manière collective », a ajouté la note.
Quelques jours après cette résidence, les graffeurs du collectif Azueï se sont rendus à Ouanaminthe et y ont réalisé une fresque murale au nouveau marché frontalier. Le but de cette fresque sur laquelle on a inscrit le message suivant en deux langues (zansèt yo vle nou viv nan respè pou bon demen timoun yo/Los ancestros quieren que vivamos en respeto para el futuro de nuestros niños), est d’inciter la construction d’une culture d’harmonie et de respect pour le futur des deux peuples de l’Île.
Pour clôturer les activités, le groupe Azueï a présenté un concert au Centro Cultural España de Santo Domingo, le samedi 25 mars.
Azueï est une structure qui regroupe des artistes haïtiens et dominicains évoluant dans différentes disciplines artistiques, telles street art, arts plastiques, musique et cinéma. Le travail collectif est l'essence de cette structure. À ce titre, des graffeurs ayant participé au mural de Ouanaminthe ont été chargés de la conception du volet visuel de ce concert.
Ce concert a été précédé d’une vente signature de l’album "Artybonito" et une jam-session à El Portal, Zona colonial à Santo Domingo.
Rappelons que le projet Kiskey’Art Kilti bay lanmen! Cultura solidaria ! dont le lancement a eu lieu en 2021, est mis en œuvre par la FOKAL et l’Association Azueï An Mouvman. Il est financé par l’Union européenne et s’inscrit dans le cadre des actions du programme de coopération binationale « Convivencia, Ann Viv ansanm » (Haïti et République dominicaine).
Ce projet s’attache à favoriser des échanges créatifs et culturels pour améliorer la compréhension mutuelle des citoyens des deux peuples. Il s’articule autour de trois activités : promouvoir la création culturelle binationale pour la paix ; promouvoir les échanges culturels et promouvoir la diffusion des créations et productions culturelles des deux pays. L’objectif de Kiskey’Art est de renforcer les relations entre Haïti et la République dominicaine à travers l’art et la culture.
Wilner Jean
