Dans le cadre de la première édition des « Rencontres internationales de la Femme », plusieurs femmes issues de différents secteurs d’activités ont pris la parole pour communiquer leurs approches, leurs expériences, leurs visions et leurs propositions dans la marche des femmes dans le monde, dans ce contexte de nouvel ordre mondial qui se dessine actuellement. Retour sur la communication de la Dre Maryse Cyprien, autour du thème : « Le rôle de la Femme dans le changement mondial ».
Détermination sur tous les fronts : « J’ai toujours eu une longueur d’avance sur mes détracteurs, car je suis une technocrate, une battante née, une rescapée victorieuse de l’enfer du 12 janvier 2010 en Haïti, les séquelles sont encore là et bien visibles. », s’est exprimée cette professionnelle dans les relations internationales et femme scientifique qui n’entend pas baisser les bras face aux difficultés de la vie, et qui dispose de riches expériences pour inspirer d’autres femmes et des filles en particulier.
De plus, les discriminations endémiques, « les préjugés machistes, la construction sociale des rôles attitrés au sexe masculin et féminin représentent des facteurs restrictifs, voir dissuasifs à leur pleine et entière participation aux enjeux sociétaux », précise-t-elle.
De ses expériences personnelles en passant par un état des lieux de la situation des femmes, Dre Maryse Cyprien a pris le soin de rappeler que : « Nul n’est censé ignoré, que la femme occupe une place prépondérante dans toutes les civilisations. Elle constitue la pierre angulaire de la famille et joue un rôle fondamental dans l’économie. Or, la femme évolue dans une certaine précarité, elle a principalement des emplois peu rémunérés ou mal rémunérés. Tant dans le secteur formel que dans le secteur informel et à tous les échelons ».
Des chiffres à l’appui, la scientifique persiste et signe : « Selon les données de la Banque mondiale publiées en mars 2022, près de 2,4 milliards de femmes dans le monde ne possèdent pas les mêmes droits économiques que les hommes ».
Dans l’agenda international : « En novembre 2022, d’après l’ONU, les femmes représentent 49,6% des êtres humains sur terre ; ces chiffres ne cessent de varier se rapprochant de plus en plus vers une égalité Homme /Femme en nombre. Cependant, il y’a un élément capital à ne surtout pas négliger. », a reconnu la diplomate, pour qui : « Il s’agit du rôle de la famille dans l’épanouissement des femmes et des filles. Selon un rapport publié par l’ONU Femme en 2020, il est démontré que la réalisation des ODD (Objectifs de développement durable) dépend de la promotion de l’égalité des sexes d’abord au sein des familles ».
Dans notre société moderne, les femmes jouent un rôle crucial dans le changement mondial, tout en rappelant que les femmes qui ont brillé de leur talent ont toutes une chose en commun : l’éducation. « Toutefois, la question de l’émancipation féminine dans les sociétés contemporaines pose un ensemble d’interrogations qui laissent entrevoir le rôle moteur de l’éducation dans la réussite et le développement des talents. Pour que l’émancipation et la créativité féminines soient une conquête sans reconquête, l’éducation est un élément fondamental ».
Dr Cyprien justifie sa participation à ces assises internationales tenues à Paris en ce sens : « C’est pourquoi, lorsque j’ai reçu l’invitation de RIF pour être l’une des vôtres ce soir, j’ai promptement accepté non seulement parce que c’est un volet essentiel de mes convictions, mais plus important encore parce que je crois que la libération, l’émancipation de la femme, et les droits de la femme constituent un héritage qu’il faut célébrer et transmettre aux générations futures ; je crois qu’honorer les femmes influentes et les mettre en lumière dans tous les domaines est un moyen persuasif et qui inspire confiance et courage ».
Dénominateur commun : « Sur le chemin sociétal parcouru vers une égalité femme/homme, même si nous devons collectivement rester vigilantes et conscientes des défis importants qui restent à relever en Haïti, en France et partout ailleurs, nous devons garder en permanence à l’esprit que tout passe par l’éducation, l’éducation encore et toujours. Et c’est ce chemin que j’ai emprunté pour arriver à ce niveau dans l’échelle de la diplomatie haïtienne. », avait laissé entendre cette professionnelle qui se félicite d’avoir bénéficié de solides formations en fréquentant des institutions haïtiennes notamment le lycée Marie-Jeanne et l’université Quisqueya dans le temps.
Disposant de plusieurs cordes à son arc, cette ancienne élève du lycée Marie-Jeanne de la capitale haïtienne expose son vécu : « Femme que je suis, de plusieurs casquettes je me pare au quotidien. Je suis à la fois une épouse, une mère, une professionnelle, une diplomate de carrière, une combattante, une éternelle étudiante et j’en passe ».
Des défis au quotidien : « En tant que Femme, mon parcours est une lutte quotidienne dans ce monde de brute. Malgré les avancées technologiques et scientifiques, notre monde contemporain reste dominé par le système patriarcal, machiste. », rapporte madame Cyprien, tout en soulignant certaines épreuves qu’elle a dû surmonter : « J’ai rencontré beaucoup de misogynes dans ma vie professionnelle, mais les perspectives qui s’offraient à moi étaient bien trop importantes pour me laisser déstabiliser. ».
Devoir de mémoire envers les figures féminines historiques et reconnaissance manifeste envers l’engagement social de certaines figures contemporaines, la professionnelle et combattante souligne en ces termes : « Lorsque je vois le courage des femmes haïtiennes qui luttent sans relâche pour se faire une place et réussir partout dans le monde, je n'en demeure pas moins optimiste et positive que nous pouvons, nous devons aller de l’avant. J’aimerais en ce sens saluer le courage de ces femmes soldats de la Révolution haïtienne de 1789-1803 et rendre un vibrant hommage à nos contemporaines, en particulier : Marie Laurence Jocelyn Lassegue, l’une des figures emblématiques de la lutte féminine en Haïti ; Marie Yolène Gilles, militante haïtienne pour les droits de l’homme ; plus proche de ma génération, Sabine Lamour, écrivaine, enseignante, Militante féministe. », pour ainsi conclure : « Ces femmes et tant d’autres femmes aussi extraordinaires méritent notre ovation. ».
Dans un message à la fois concis et précis, la diplomate s’était exprimée dans un langage qui ne passe pas inaperçu, en s’accrochant aux points forts de cette communication tels que : les femmes modèles ; le courage et la créativité de la femme haïtienne ; L’Émancipation de la femme passe par l’Éducation, entre autres.
Dans sa conclusion, Dre Maryse Cyprien s’est inspirée d’une citation de Mireille Bertrand Hérisson, argumentant les : « Cinq grandes qualités font le succès de la femme sur la scène publique « le courage, la détermination, l’engagement, la créativité et l’audace ». », tout en souhaitant à ses paires dans l’assistance : « Soyez audacieuses mesdames, visez toujours l’excellence ! ».
Dominique Domerçant
