Les Conséquences de l'esclavage et de la dette de l'indépendance d'Haïti

Dans le cadre de la Journée internationale de commémoration des victimes de l’esclavage et de la Traite transatlantique des esclaves, la Chaire UNESCO en Histoire et Patrimoine de l’Université d'État d'Haïti (CUHP-UEH) et l'Institut d'Études et de Recherches Africaines d'Haïti (IERAH) ont organisé une visio-conférence le Samedi 25 mars 2023, dans l’apres midi, autour du thème: Les Conséquences de l'esclavage et de la dette de l'indépendance d'Haïti.

Dans sa mise en contexte, le coordonnateur et titulaire de la Chaire UNESCO en Histoire et Patrimoine de l’Université d’État d’Haïti, le professeur Kenrick Demesvar a fait savoir: “Au niveau de la Chaire UNESCO en Histoire et Patrimoine de l’Université d’État d’Haïti, nous avons cru qu'il serait nécessaire de marquer la date du 25 mars, consacrée à la Journée internationale de commémoration des Victimes de l'esclavage et de la Traite transatlantique des esclaves.”. 

Des rappels pour mieux inscrire cette rencontre dans son contexte, le responsable poursuit: “Observée pour la première fois en 2008 après une résolution adoptée par l'Assemblée Générale de l'Organisation des Nations-Unies (ONU) en décembre 2007, chaque année, la date du 25 mars est célébrée à travers le monde en vue d'honorer la mémoire des millions de victimes de l'esclavage. Elle est dédiée à ceux qui sont morts à cause du système esclavagiste, ceux qui ont souffert ou qui souffrent encore de toutes les formes de traumatismes dûs à la traite transatlantique. Mais c’est aussi l’occasion de sensibiliser le public aux conséquences et aux dangers actuels du racisme et des préjugés.”. 

Deux anciens professeurs au Département des Sciences Sociales de l’Ecole Normale Supérieure (ENS) de l'Université d’Etat d'Haïti: Gusti-Klara Gaillard et Jean-Marie Théodat avaient repondu psitivement à l’appel. Le Dr. Gusti-Klara Gaillard avait abordé le sujet de  “La dette de l'indépendance: une étampe néocoloniale?”, tandis que le Dr.  Jean-Marie Théodat, allait explorer les dimensions de la “La double dette et ses conséquences.”. 

Découlant de l’axe 1 Histoire et Mémoires de l’Esclavage de la chaire, dirigé par le professeur Jean Ronald Augustin, il faudrait rappeler que la Chaire UNESCO en Histoire et Patrimoine de l'Université d’Etat d'Haïti constitue une plateforme pour faire la promotion des travaux de recherche qui se réalisent en Haïti ou sur Haïti à travers le monde dans les domaines de l’Histoire et du Patrimoine. 

Deux documents importants sont à prendre en compte dans le cadre de ces débats, pour mieux s’informer et apprécier le sujet dans plusieurs de ses dimensions. On peut citer: Haïti - France, les chaînes de la dette, Le Rapport Mackau (1825) ouvrage collectif publié sous la plume de Marcel Dorigny, Jean-Marie Théodat, Gusti-Klara Gaillard et Jean-Claude Bruffaerts, paru en Juillet 2022 chez le Centre International de Documentation et d’Information Haïtienne, Caribéenne et Afro-Canadienne (CIDIHCA) et les Éditions Hemisphere. 

Droit et pouvoir en Haïti. De l'expérience louverturienne à l’occupation américaine sous la direction de Frédéric Charlin et Yves Lassard. Il s’agit de l’acte d’un colloque de deux jours organisé en 2021 par l'Université de Grenoble sous le thème Droit et Pouvoir en Haïti (1801-1934) et publié récemment en septembre 2022 par l’Institut Francophone pour la Justice et la Démocratie (IFJD). A ce colloque, il y eut la participation de collègues haïtiens et de collègues français dont la Professeure Gusti-Klara Gaillard.

Dans la decription de cet ouvrage, qui relate un grand nombre de points abordés lors de cette rencontre, on retient les propos suivants:  “La thématique "Droit et pouvoir en Haïti" s'inscrit dans une histoire postcoloniale mouvementée, sur la longue durée de la formation de l'identité juridique haïtienne. Après l'Indépendance, l'Etat en Haïti s'est construit en partie dans l'inspiration des structures juridiques et politiques de l'ancienne métropole, notamment du droit public moderne issu de la Révolution française. La fragilité de l'Etat en construction tient à ce que le droit ne parvient pas toujours à canaliser la force du pouvoir politique, qui est souvent d'essence patrimoniale en Haïti. Il faut ainsi envisager les droits subjectifs à travers la manière dont ils sont énoncés, voire "codifiés" dans les - nombreuses - constitutions haïtiennes. La révolution haïtienne de 1804 reste l'une des variantes coloniales de la Révolution française qui a accouché d'un modèle théorique d'Etat antiplantationnaire, antiesclavagiste et anticolonial. Le problème tient au mimétisme des premiers dirigeants haïtiens s'incarnant parfois dans le "paternalisme constitutionnel" de l'armée, la colonialité du droit et du pouvoir restant un héritage de l'expérience louverturienne. Le droit privé haïtien a puisé également dans les sources françaises en s'inspirant des codes napoléoniens. Le système haïtien entretient ainsi un rapport complexe aux sources du droit, notamment au regard de la coutume, qui est plus ou moins reléguée au nom du monisme officiel dans une sorte de droit informel.”.  

De plus en plus active dans la vie culturelle et universitaire en Haïti,  et en particulier sur les reseaux sociaux, question de s’adapter aux nouvelles dynamiques des reunions à distance, et de la conjoncture actuelle en Haïti, qui limite un grand nombre de deplacement, la Chaire UNESCO en Histoire et Patrimoine de l’Université d'État d'Haïti (CUHP-UEH), et plusieurs de ses partenaires s’étaient inscrits dans la promotion des savoirs partagés, des echanges constructifs et des publications scientifiques sur l’histoire de l’esclavage et de la dette de l’independence d’Haiti. 

Dans le programme de cette causerie, plusieurs personnalités ont pris la parole lors des propos d’ouverture, parmi lesquelles figuraient le coordonnateur et titulaire de la Chaire UNESCO en Histoire et Patrimoine de l’Université d’État d’Haïti, Kenrick Demesvar ; Le doyen de l’Institut d'Études et de Recherches Africaines d'Haïti, le professeur Sterlin Ulysse; Le coordonnateur du secteur Éducation et adjoint au bureau de l'UNESCO en Haïti, Khadim Sylla ; L’ambassadeur déléguée permanente d'Haïti à l'UNESCO, madame  Dominique Dupuy, et le recteur l’Université d’État d’Haïti, le professeur Fritz Deshommes. Le professeur Pierre Buteau, responsable au Comité scientifique haïtien de la Route de l’Esclave et Président de la Société haïtienne d’Histoire, de Géographie et de Géologie, avait assuré le rôle de modérateur.

 

Dominique Domercant

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