Le Centre d’Études sur le Patrimoine et le Tourisme en Haïti (CÉPAT-H) a organisé en ligne, le dimanche 7 mai 2023, une conférence-débat autour du thème : « Savoirs locaux et développement en Haïti ». La rédaction du National a assisté à cette conférence-débat.
Cette conférence visait à montrer le rôle important des savoirs locaux dans le développement et la création d’emplois pour les communautés locales. La définition du concept savoir local n’a pas fait l’unanimité chez les intervenants – Bogentson André, Walden Gélin et Jean Junior Stervenson Datus. Toutefois, ils se sont mis d’accord sur un point : les savoirs locaux ont un réel pouvoir de déclenchement du développement d’une région.
« Il est crucial de prendre en considération les savoirs locaux dans le processus du développement local en Haïti », a suggéré le professeur Gélin. Dans ce même ordre d’idées, le professeur Datus a partagé l’avis selon lequel les savoirs locaux peuvent contribuer au développement local en générant des revenus dans l’économie locale. Toutefois, il croit qu’il faut renforcer les compétences des acteurs, former et équiper les opérateurs.
En fonction d’une étude en cours, réalisée sur les pratiques de la médecine locale à Dessalines (Haïti), Jean Junior Stervenson Datus a affirmé que la population de cette commune a recours au savoir-faire haïtien en vue de résoudre leurs problèmes de santé. Les savoirs locaux, a-t-il ajouté, sont multidimensionnels, c’est-à-dire ils comprennent les jeux traditionnels, la zombification, le savoir-faire, etc.
Alors que le professeur Bogentson André a insisté, au début de son exposé, sur l’aspect culturel en définissant le savoir local comme un ensemble de connaissances acquises et vécues par la société comme partie intégrante de son héritage, pour M. Datus, le recours aux connaissances traditionnelles est expliqué par des facteurs économiques. « En raison des difficultés socio-économiques auxquelles ils font face, les participants auprès de qui j’ai recueilli les résultats avancent qu’ils ne sont pas en mesure d’aller voir un médecin moderne. Dans ce sens, ils se dirigent vers la médecine traditionnelle », a-t-il rapporté.
Si les savoirs locaux se transmettent de génération en génération, Jean Junior Stervenson Datus a révélé que des détenteurs de savoir-faire d’Haïti commencent à négliger la dimension patrimoniale de ces connaissances, puisqu’elles ne permettent pas de lutter contre leur vulnérabilité économique.
Créé en janvier 2011, le CÉPAT-H est un centre de recherche en patrimoine et tourisme qui offre un espace de réflexion intra et interdisciplinaire portant sur les aspects patrimoniaux et touristiques liés aux enjeux de la mondialisation.
Étant un laboratoire de recherche affilié à l’Institut d’études et de recherches africaines d’Haïti (IERAH/ISERSS) de l’Université d’État d’Haïti (UEH), le CÉPAT-H dispose d’une équipe de chercheurs détenteurs de doctorats. Actuellement, il travaille sur les trois axes suivants : patrimoine, tourisme et communautés locales en Haïti ; patrimonialisation et mémoire de l’esclavage en Haïti ; savoirs locaux, tourisme et développement local en Haïti.
Wilner Jean
