L'université Franco Haïtienne du Cap-Haïtien a organisé, les 17 et 18 mai 2023, son quatrième symposium traditionnel sur les recherches scientifiques autour du thème «promouvoir la recherche en Haïti dans un contexte de crise sociopolitique» avec la participation des étudiants en master 2 de l'UFHC et les doctorants de la Tecana American Université (TAU), une université américaine avec laquelle l’UFCH a signé un accord de coopération, des professeurs et chercheurs venant non seulement de ce centre universitaire, mais également d'autres établissements d'enseignement supérieur des départements du Nord et du Nord 'Est.
«La population est aux abois. Presque tout le monde ne songe qu’à s’exiler pour trouver un mieux-être ailleurs. En témoigne le flux de compatriotes qui restent en attente d’une réponse favorable au programme humanitaire institué en début de cette année par les États-Unis d’Amérique. à titre indicatif, l’Université Franco-Haïtienne du Cap-Haïtien a déjà perdu plus de 30 % de ses étudiants. Quant à ceux et celles qui portent leur manteau de résilience pour pouvoir rester au pays, même si d’aucuns louent leur courage et leur sens de patriotisme, cela ne suffit pas ; car en tant qu’êtres humains, on a tous besoin d’un minimum de bien-être pour vivre décemment.
De plus, la recherche n’est pas possible sans un cadre approprié. Quelle devrait être la position de l’Université haïtienne dans tout cela ? Si cette institution doit accomplir convenablement ses missions qui consistent non seulement à diffuser un savoir adapté, mais également à promouvoir la recherche et proposer un meilleur service à la communauté, quelle posture devrait-elle adopter en ces temps-ci où plus rien ne va ? Quelle est l’utilité des recherches effectuées par nos valeureux étudiants ? La liste des questions pourrait davantage se multiplier. C’est dans cette perspective que le laboratoire Plurilinguisme, discours, société et didactique (PluSoDiD) a décidé d’apporter son humble contribution aux débats actuels tout en espérant qu’elle sera assez significative pour d’éventuelles solutions» a expliqué le recteur de l'Université, docteur Wander Numa.
La recherche scientifique est conçue comme un élément stratégique de la compétition économique internationale qui va mobiliser non seulement l'effort d'innovation dans les universités, mais aussi les politiques publiques de soutien à la recherche, a-t-il laissé entendre, en soulignant au passage que la confrontation des savoirs et des savoir-faire est indispensable au progrès scientifique.
«Ce colloque scientifique mise sur la confrontation et la diffusion de résultats de
travaux et de recherches de spécialisées d’étudiants de Master 2 et
l’échange d’informations sur des thèmes déterminés intéressant
professionnellement l’ensemble des participants dans un contexte de crise généralisée en Haïti. On pourrait s'interroger sur l'importance des recherches scientifiques en Haïti, car il n'y a pas une politique publique des recherches des décideurs politiques, l'université est reléguée à l'arrière-plan. Il faut que les autres centres universitaires non publics soient présents là où l'État est absent», a poursuivi le recteur.
En Haïti, le 17 mai est réservé comme la fête des professeurs. C’est l’occasion de réfléchir sur les grands problèmes et les conditions de travail et vie de ces derniers. Certaines institutions en profitent pour honorer leurs cadres en organisant en leur honneur diverses activités telles que des cérémonies de remises de plaque d’honneur, des conférences de presse, pour ne citer que ces exemples. Le 18 mai est la fête du drapeau et de l’université. En cette occasion, beaucoup de chercheurs et professeurs en profitent pour prononcer des conférences afin de pointer du doigt les différents problèmes qui rongent le système éducatif haïtien sans oublier la situation sociopolitique du pays. Les esprits sont en quête de repères et de réponses. «L’université en tant que gardienne des valeurs patriotiques et civiques doit sortir de son silence. Elle doit apporter sa noble contribution à travers les résultats des recherches qui s’y sont effectuées. Ainsi, pour commémorer ces deux événements, l’Université Franco-Haïtienne du Cap-Haitien, fidèle à sa mission consistant en la promotion de la recherche, organise ce colloque qui entend mobiliser des profils issus de différentes disciplines faisant partie des sciences humaines et sociales», a précisé M. Numa.
«Comment se satisfaire du monde où se creusent les inégalités d’accès aux publications scientifiques entre les universités ? Nous souffrons d’une grande insatisfaction dans notre monde, car les produits de la recherche restent trop confinés dans un cercle étroit alors que la science est un bien commun qui doit profiter à toutes et à tous. La confrontation des savoirs et des savoir-faire est indispensable au progrès scientifique. Riche de sa pluridisciplinarité et de ses relations étroites avec les forces de la recherche, l’UFCH propose chaque année une série de manifestations scientifiques consacrées aux frontières de la connaissance. Car, on ne peut maintenir aujourd’hui le temple de la connaissance sans en ouvrir grand les portes. L’une de nos préoccupations à l’UFCH, c’est d’ouvrir grand les vannes de la science . Ce qui va lui permettre de revivifier le débat public et l’exercice démocratique, lui permettre d’irriguer la démarche d’innovation et stimuler l’activité économique, servir la société, mais aussi, en premier lieu servir la science elle-même», a déclaré pour sa part le vice-recteur aux affaires académiques M. Sylvestre Sylvain rappelant que ce colloque scientifique permet d’évaluer la capacité des étudiants dans le domaine de la recherche scientifique, leurs approches, la pertinence des outils mobilisés, leur validité, l’appropriation des méthodes.
«L’université en Haïti, comme toutes les autres institutions du pays symbolisant l’emblème de notre être, a connu des crises énormes qui se succèdent à une vitesse incommensurable. Tantôt la lutte incessante des étudiants, tantôt des problèmes d’administration ou autres ; tandis que la finalité de l’université reste et demeure la relève des élites dirigeantes. À cela on se demande : « Comment promouvoir la recherche scientifique en Haïti dans un contexte de crise sociopolitique ?» Alors doit-on continuer à piétiner notre finalité citée tantôt ? Au-delà de toute commémoration, ces deux journées, 17 et 18 mai 2023, veulent proposer comme objectif de porter un regard scientifique sur ce qui fait problème dans notre existence de peuple. Les différentes communications vont dans le sens des regards psychologiques, pédagogiques, didactiques… traités et analysés dans notre terroir, question de rappeler à tout le monde que notre Haïti est vivante et continue à se tenir debout la tête altière et haut les fronts.
« Promouvoir la recherche scientifique en Haïti dans un contexte de crise sociopolitique ». C’est un moyen de montrer notre volonté de dépasser l’univers des crises et de festivités et promouvoir deux journées de réflexions scientifiques, tissées de débats divers et de liberté d’expression vouée à l’esprit scientifique. En effet, il est essentiel de faire comprendre aux différents enfants le pouvoir de la science, même dans l’adversité, et qu’il est un impératif de garder le chemin de l’école jusqu’au niveau supérieur aux fins de venir chercheurs, pour essayer de libérer ce pays», a déclaré, pour sa part, Ezéchias François vice-recteur aux affaires estudiantines de l'université Franco-Haïtienne du Cap-Haïtien.
Selon un classement de Udurank pour l'année 2023,sur 14131 universités dans le monde selon les critères définis, UFHC est classée en 9758e position,786e position sur 1756 universités en Amérique latine, 4e sur 22 en Haïti et numéro 1 parmi 2 universités à Cap-Haïtien répondant aux critères définis.