Haïti et l’Afrique: comment le Canada pourrait-il les rapprocher ?

De plus en plus de ressortissants et des familles originaires des différents pays qui composent les 54 États du continent africain viennent s'établir au Canada durant les dernières décennies. Haïti n’est pas exclue dans cette nouvelle dynamique migratoire attractive au Canada. En Afrique et au Canada, ils sont nombreux les professeurs francophones haïtiens dont les noms figurent dans les registres des contributeurs dans les années 60 et 70.  Comment ces deux communautés afro-caribéennes et francophones développent-elles des relations sur le territoire canadien ?

Dans une perspective de promotion des relations entre Haïti et l’Afrique, pratiquement tous les moyens et les lieux de rapprochements sont bons. Surtout pour des citoyens et des familles qui partagent souvent les mêmes souffrances, qui subissent les mêmes formes de violences et résistent depuis plusieurs générations contre toutes les formes de discriminations et de dominations. Comment identifier les principales opportunités disponibles pour les ressortissants d'Haïti et des pays d’Afrique, en particulier dans les domaines universitaires et scientifiques priorisant les pays d’origine de ces derniers ? Quelles sont les principales organisations, institutions, initiatives, propositions et problématiques de recherche pouvant rapprocher les chercheurs d’origine haïtienne et des pays d’Afrique ?

Depuis 2019, le groupe inter-universitaire d’études et de recherches sur les sociétés africaines (GIERSA)  compte parmi la liste de ses collaborateurs des professeures et professeurs recrutés récemment dans les universités québécoises et qui, comme les membres du GIERSA, font de l’Afrique leur terrain d’étude privilégié, comme l’illustrent leurs publications, leurs subventions et leurs réseaux de collaborateurs scientifiques.

De telles informations disponibles sur le site de l’institution offrent la possibilité d’identifier un certain nombre de pistes et des repères pouvant servir des passerelles scientifiques et stratégiques pour le rapprochement des relations entre Haïti et les différents pays de l’Afrique. Pourquoi et comment ?

D’autres informations à prendre en compte: « Au noyau formé par les six membres réguliers du Groupe interuniversitaire d’études et de recherches sur les sociétés africaines s’ajoutent plus d’une vingtaine de membres collaborateurs et collaboratrices qui œuvrent toutes et tous dans des institutions universitaires et de recherche principalement en Afrique, mais également au Québec. ».

Des précisions pertinentes: « une douzaine de collègues qui sont en poste dans des institutions scientifiques en Afrique et ont participé aux travaux du GIERSA, notamment lors de différents séjours de recherche au Québec depuis 2008 et qui ont accepté de poursuivre leurs collaborations avec notre équipe. », rapporte le site de GIERSA.

Dynamique institutionnelle, géographique et scientifique, « Le Groupe interuniversitaire d’études et de recherches sur les sociétés africaines (GIERSA) est né à la suite d’une série de rencontres tenues en 2005-2007 en marge des conférences organisées par le Groupe d’études et de recherches sur les sociétés africaines de l’Université Laval (GERSA). », peut-on lire dans la présentation.  Ces rencontres, particulièrement stimulantes, ont permis d’envisager l’émergence d’une équipe qui permettra de consolider les synergies entre les chercheurs africanistes en sciences sociales et humaines du Québec.

Diplomatie culturelle et coopération stratégique, dans quel sens des scientifiques haïtiens pourraient-ils se rapprocher de ce réseau de chercheurs spécialisés sur les problématiques des sciences sociales en Afrique présentant certaines similitudes avec la République d’Haïti?

Des interventions sur le terrain portées par des équipes interdisciplinaires, cette entité est: « Composée pour l’instant de six professeurs et de leurs étudiantes et étudiants, cette équipe présente plusieurs atouts. Ses membres ont tous fait de l’Afrique leur terrain d’étude privilégié, comme l’illustrent leurs publications, leurs subventions et leurs réseaux de collaborateurs scientifiques. Ils se rattachent à trois universités: l’une de Québec, l’Université Laval et les deux autres de Montréal, l’Université de Montréal et l'Université du Québec à Montréal.”.

Des synergies à retenir selon les responsables: « La mise en commun autour du GIERSA des ressources scientifiques québécoises dans le domaine des sciences humaines et sociales devrait permettre de mieux assurer la participation des universitaires africanistes du Québec aux débats internationaux concernant les enjeux de société en Afrique. Rattachés à des départements représentant quatre disciplines (anthropologie, histoire, science politique et sociologie) ces six professeurs inscrivent résolument leurs lectures des sociétés africaines dans une démarche interdisciplinaire, axent leurs recherches sur des questions relatives aux mutations politiques, sociales et culturelles observables sur le continent africain et enfin, ont déjà consolidé des collaborations scientifiques entre eux et avec les autres africanistes des universités québécoises et canadiennes de même qu’avec des chercheurs des milieux scientifiques en Afrique. ».

De plus en plus d’initiatives scientifiques se dessinent depuis un certain temps dans l’espace universitaire haïtien. On compte parmi quelques chercheurs haïtiens des professionnels haïtiens qui disposent des expériences pertinentes avec les réseaux et dans les études africaines, parmi lesquels on peut citer le professeur Marc Prou, parmi d’autres.

Dr Marc Prou est détenteur d’un doctorat en Curriculum Reform and Cultural Studies de l’University of Massachusetts (Amherst). De 1995 à 2018, professeur au département de Linguistique appliquée et Chef du Département des Études africaines à l’Université du Massachusetts à Boston. Co-fondateur et directeur de l’Association des études haïtiennes (HSA). De 2004 à 2007, Research Fellow au David Rockefeller Center for Latin American Studies à  Harvard University et professeur   invité au département des Études francophones et des Études africaines à Brown University. Auteur de plusieurs publications, d’articles scientifiques et chapitres dans des textes édités en sciences sociales et humaines.

Dans quel sens les communautés francophones d’origine africaine évoluant au Canada développent-elles des relations culturelles, des activités scientifiques et des initiatives capables de rapprocher Haïti et l’Afrique ? Quels sont les enjeux, les intérêts et les leviers existants ou à inventer pour matérialiser cette démarche ?  Et si on commençait par inventorier les rares travaux de recherches, les publications, les voyages d’études, les coopérations universitaires, les bourses d'études et les politiques destinées spécifiquement aux communautés francophones établies dans la Caraïbe et sur le continent africain ?  

Dans quel sens le Canada pourrait-il véritablement  servir de passerelles pour un rapprochement intelligent, stratégique, durable et scientifique entre Haïti et l’Afrique, en attendant que les politiques et les diplomates définissent un agenda conjoint ?

 

Dominique Domerçant

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