La poussière, bête noire de l’humanité

La poussière est la bête noire de l’humanité parce que l’homme sait que la poussière est sa destination finale. L’homme passe sa vie à se battre contre la poussière où qu’elle se trouve et où qu’il se trouve. La poussière sur son corps, la poussière sur ses meubles, la poussière sur les murs de sa maison, la poussière dans son bureau, la poussière sur ses chaussures, etc.

 

S’il y a une guerre que l’homme n’a jamais gagnée, c’est sans doute la guerre contre la poussière. S’il se lave le matin, il ne peut aller au lit le soir sans se laver de nouveau pour chasser la poussière mélangée à la sueur accumulée par son corps au fil de la journée ou au fil des jours. De même, il doit faire le ménage chaque jour et dans certains cas, plusieurs fois dans la journée. Il faut dire aussi qu’en se débarrassant des boues, sous quelque forme que ce soit, l’homme continue de mener son combat contre la poussière.

 

L’homme est chair dans sa vie, mais poussière à sa mort. Si certains hommes sont globe-trotters, ils ont toujours en principe un domicile fixe. Mais, la poussière est encore plus vagabonde que l’homme. Un même grain de poussière peut parcourir en une journée des milliers de kilomètres, traversant les frontières sans être l’objet de quelque contrôle que ce soit, alors que l’homme doit à l’entrée à un poste-frontière d’un pays présenter nécessairement son passeport éventuellement muni d’un visa.

 

Tandis que la poussière reste toujours anonyme, la chair de l’homme a toujours un nom et un prénom, un lieu de naissance et une date de naissance, un numéro de téléphone et même une adresse électronique, sans oublier une flopée de papiers, dont un acte de naissance et un acte de décès. Nul ne sait quand naît ou meurt un grain de poussière. 

 

La chair de l’homme est mortelle. Mais, la poussière sous toutes les formes qu’elle se présente, y compris la poussière que l’homme génère est immortelle. La poussière appartient à un cycle qui passe par les eaux des mers, des lacs et des rivières, par la sueur des hommes, des plantes et des animaux, par les déchets divers y compris des déchets d’origine anthropique, par les brises et les vents des tempêtes et des cyclones, que sais-je encore !

 

Quand l’homme meurt, sa chair a vocation pour passer à l’état de poussière. À l’opposé, l’état de poussière est irréversible. On n’a jamais vu un grain de poussière revenir à l’état de chair. Mais, la poussière est là pour nourrir la chair. Elle enrichit le sol pour faire pousser les plantes indispensables à notre survie.

 

Ainsi est la relation dialectique entre l’homme, sa chair et la poussière. L’homme ne doit pas craindre son devenir en poussière, parce que la poussière va constituer ou reconstituer les sols pour nourrir les hommes et les autres êtres vivants. N’ayons donc plus aucune dent contre la poussière qui contribue au maintien de la vie dans la chaîne alimentaire à travers une solidarité à ne pas sous-estimer. Car on est, on naît poussière vivante et on retourne ou redevient poussière. 

 

 Jean SAINT-VIL

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