Monsieur le Premier ministre, cela s’arrêtera quand?

Martissant, Fontamara, Village de Dieu, Bel’Air depuis quelques années demeurent des défis, des bastions de la criminalité. Delmas, Pétion-Ville, Pernier, Belvil, Thomassin, Fermathe, Kenscoff depuis quelque temps, se sont ajoutés à la liste des espaces accaparés par les bandes armées. Et maintenant, Turgeau et les quartiers attenants sont sous la menace constante, puis Nazon, puis Christ-Roi, puis…

En y reprenant Cité Soleil, c’est en fait, toute la zone métropolitaine de Port-au-Prince qui est prise en otage par des bandits dont nous ignorons les réels projets pour la population sinon qu’ils la soumettent à la terreur quotidienne. Alors monsieur le Premier ministre, cela s’arrêtera quand? 

Nous mettons en cause la mégapole de Port-au-Prince et les espaces limitrophes parce qu’il s’y trouve le siège du gouvernement, la capitale politique et commerciale du pays. Car, nous aurions pu également mettre en avant la quasi-totalité du territoire national, notamment l’Artibonite, le Plateau Central et le reste du pays. Parce qu’il est clair que si tous les dix départements ne sont pas gangrenés par le mal du kidnapping et de l’insécurité, ils sont affectés au plus haut point du fait de leur détachement de Port-au-Prince devenu la généreuse prison de tous ceux qui ont le malheur d’y vivre.

Alors, dites-nous monsieur le Premier ministre, cela s’arrêtera quand?

Nous vous posons la question parce que vous êtes aujourd’hui, et malheureusement pour nous, le premier protecteur du peuple à qui nous devons tous demander des comptes. Mais il se trouve que la situation s’empire chaque jour, que les concitoyens et concitoyennes s’affolent et courent tous azimuts à la recherche de nouveaux refuges, pour tenter, parfois vainement, de s’échapper des griffes des bourreaux et même que trop souvent cela ne sert à rien, puisqu’ils sont rattrapés jusque dans leur tanière. Et vous ne semblez rien comprendre.

Monsieur le Premier ministre, vous donnez l’impression de vivre dans un autre univers ou un monde parallèle au nôtre. Alors, dites-nous!  Parce que nous vous posons la question à vous, à votre Gouvernement, aux opposants d’hier et alliés d’aujourd’hui: quand cela va-t-il s’arrêter à la fin?

Naturellement, si nous vous le demandons, ce n’est pas parce que nous  sommes convaincus que vous êtes maître de vos actions et que vous agissez de gré. Nous savons que la question est plus complexe que cela. Nous savons que vous avez des maîtres. Nous savons que vous êtes un petit jouet dans les mains de quelques puissants acteurs d’ici et d’ailleurs. Mais nous savons aussi que le seul qui sera jugé par l’histoire pour tous ces crimes commis, c’est vous, vos enfants et les enfants de vos enfants. Nous savons que c’est vous et ceux-ci  qui connaîtront l’ignominie et non ceux-là que vous servez au détriment de ce peuple.

Il est important de vous le dire monsieur le Premier ministre, à ce peuple, on ne fait jamais de mal impunément. On rend des comptes à un moment ou à un autre, d’une manière ou d’une autre. Un simple coup d’œil dans l’histoire vous aiderait à y voir clair s’il vous arrivait de vous y arrêter pour un moment de réflexion.

Monsieur le Premier ministre, cela s’arrêtera quand? Parce que finalement, qu’est-ce qui vous retient encore sinon vos maîtres insensibles au sort de vos compatriotes ? Cela ne saurait être l’argent. Car nous connaissons les arcanes du pouvoir haïtien. Et à l’heure qu’il est, vous êtes un homme richissime pour vous et plusieurs générations à venir. Alors, que voulez-vous encore de nous.

Nous en avons assez. Nous sommes à bout de souffle. Nous voulons que  cela s’arrête, monsieur le Premier ministre. Il fut un temps où si vous refusiez d’écouter, le brave peuple vous y obligerait. Mais aujourd’hui, il a été réduit à un tel niveau de dégradation et de paupérisation qu’il n’a de préoccupation que de fuir sa patrie, abandonnant tout derrière lui, sa dignité comprise. Nous ne pouvons, dès lors, que nous en remettre à votre bonne volonté, en appeler à votre bonne conscience et à votre humanité.

Monsieur le Premier ministre, arrêtez, nous vous en prions, cette vague de terreur!

 

Jackson Joseph

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