La déroute d’Haïti et massification de la pauvreté

Haïti est la symbolique d’un pays trotté d’un cheminement et parvenir à une décomposition sociale progressive où l’espérance est approximativement inexistante, réclusionnaire d’un establishment économie politique de violence (JEAN, 2019))  qui n’omettent aucune accessibilité pour que la société se définisse dans un projet prospectif ( (SOUFFRANT, 1995)). Le pays circonscrit, dans une dualité de grandeur et décadence complexe. Sa naissance endolorie la donne une signification subliminale dans les hostilités pour la dignité humaine de même que sa dégénérescence accélérée la transforme aussi en une véritable nation rusée et rapace du monde. En effet, Haïti est un  pays qu’on  a échoué puisque son objectif  préexistant était essouché de toutes les pratiques inhumaines du monde occidental, dans le reste du monde, en particulier dans le continent américain, camp concessionnaire ( (Thelot, 2017)), afin de construire une société viable où il fait du beau pour tous.   

       Par contre, dans les agencements de construire la société haïtienne certaines pratiques inhumaines, colonialisme n’ont pas été bannies. Les anciennes masses d’esclaves (paysans) sont exploitées, pillées  et emprisonnées par les nouveaux colons internes (Meudec, 2004). Cette réalité est à la base d’un schisme donnant naissance à deux pays pour citer le sociologue Gerad Barthelemy : Le pays de ville qui prétend être supérieur  et le pays en dehors victime de tout propos dévalorisant. Dans ce clivage, le pays en dehors se considère dans l’imaginaire collectif de l’autre  pour des non-civilisés, des superstitieux et  matière première pour augmenter leur négoces des hommes d’État, la bourgeoisie foncière et la classe commerçante du pays. Par ailleurs, cette catégorie abandonnée  sans écoles sans hôpitaux sans aucune assistance de l’Etat est strictement assujettie sous l’arrogance des oppresseurs et au service des nantis. La situation du pays depuis sa genèse est similaire à l’étude qui étudie les liens entre pauvreté et paysannerie de l’économiste suédois Mats Lundahl (1979). L’État est pour lui un État prédateur (Predatory State) qui se charge d’enrichir les élites qui le perçoivent comme une machine visant à éloigner les masses périphériques du centre politique. Disséquant le cas d’Haïti, les Haïtiens sont ravalés au rang de sujets mis au rabais pour être au service des clans au pouvoir (Lundahl, 1992) et la bourgeoisie. Maintenant, la question cruciale à solliciter est la suivante. Comment Haïti arrive-t-elle à construire une société aussi marginalisée et d’oppressée  après avoir arraché dignement son indépendance ?   Désormais, ce travail est une tentative d’explication  de la misérabilité  d’une catégorie de la population haïtienne (paysans) exclue par un État marron pour reprendre le concept de  l’économiste Leslie Péan, un État  qui est enclavé des pratiques colonialistes depuis son enfantement et qui ancre en profondeur au jour le jour. Le texte  vise  aussi à expliquer les mécanismes fondamentaux utilisés par les dirigeants pour handicaper la majorité de la population.

                                      

Économie d’exclusion et le conditionnement  des paysans vers la pauvreté

En effet, le présent d’Haïti est un chatoiement de son passé, contrairement à un discours insidieux fabriqué par une minorité qui veut en faire savoir que le pays était un paradis (la perle des Antilles). Il serait un peu cynisme d’embrasser une telle démarche puisque, le pays n’a jamais débarrassé de certaines empreintes laissées par la colonie qu’elle fut avant 1804, et le fonctionnement de sa société repose, comme jadis à Saint-Domingue, sur l’annihilation de la majorité  de sa population à fin d’exploitation.

Ceci pour en mieux saisir cette réalité, il faut absolument suivre le cheminement d’évolution d’Haïti à travers trois époques:Premièrement, la période allant de 1806 à l’impérialisme états-unien de 1915. En second lieu, la période de 1915 aux années 1986, en fin, de 1986 à nos jours. 

En fait, la première période consiste l’exploitation de la paysannerie par une minorité pasticheuse des pratiques coloniales. Après l’extermination de Dessalines et ses proches, une minorité issue de quelques familles privilégiées de la société Domingoise (descendants des français) et des anciens libres hauts gradés de l’armée indigène. Ils ont construit un État fantoche selon leur vision (vision des grandes propriétés), opposant à toutes les tendances de la masse (vision petites propriétés) qui travaille laborieusement sur les plantations. Ils élaborent des constitutions selon  leurs propres grés et c’était eux qui désignaient les représentants du pouvoir politique et judiciaire que ce soit dans le Royaume du Nord ou la république de l’Ouest et du Sud. Pour contrôler aussi profonde la société,  ils font main basse sur les grandes propriétés demeurant les principales sources de  richesses après l’apothéose de 1804. Ainsi, l’une des rares œuvres qui nous a élucidé cette réalité est celle inédite d’Ambroise « une lecture de Jacques Dessalines Ambroise» cité par  l’économiste  Fritz A. Jean dans son livre, « Haïti, la fin d’une histoire économique », le groupe rétrograde réactionnaire les colons internes (Marie Meudec.2004), duplique le même système colonial en écartant politiquement et économiquement la masse de tous projets sociaux, établissant la corvée sur plusieurs gouvernements et contraint les paysans à vendre les produits agricoles à vil prix aux grands commerçants puisqu’ils n’ont pas commercé directement aux étrangers. Cette période se caractérise par la violence de la bourgeoisie noire et mulâtre sur la masse paysanne, mais elle est estampillée aussi par la résistance les plus déterminatrices des paysans qui ne cessent jamais de combattre pour renverser le statu quo, ils   se sont parfois organisés en guérilla (armée souffrante, Cacos, piquets) au tour d’un leader pour chambarder quelques gouvernements même que les mouvements ce sont parfois terminé dramatiquement.

La deuxième époque est celle de l’intervention directe de l’impérialisme Etats-Uniens en 1915 pour humilier la dignité de la Première république noire du monde afin de réorienter le système selon leurs ambitions comme ils ont fait presque dans toute la région pendant la première moitié du XXe siècle. Pour reprendre l’historien Dantès Bellegarde «  L’objectif des Yankees était de briser la force morale du pays, anéantir la classe intellectuelle et économie » de ce fait, ils ont assimilé l’État en le faisant agir qu’au diktat qu’on lui impose, reconstruire la force armée  du pays qui consacrera plus tard sa puissance que dans le renversement des gouvernements qui ne sont pas totalement sous les verrous de Washington,  cette invasion du sol haïtien ( le débarquement des Yankees n’a pas eu aucun fondement légal et ce fut la violation totale du principe de souveraineté des pays) participe au triomphe total du système mulatocratie et la nouvelle classe  (cyranolibanais) qui sont les véritables importateurs de tous les produits finis des industries américaines dans le pays. Cette incursion contribue dans la chasse des paysans  vers les industries sucrières américaines au Cuba, République dominicaine, Jamaïque, etc. La principale victime de ce camouflet est la paysannerie qui était déjà trahie catégoriquement et exploitée par les privilégiés  depuis vielle date. Selon l’historien Michel  Soukar sur environ deux(2) millions  d’habitants à l’époque, entre 5 à 15 mille paysans ont perdu la vie seulement dans les camps concentration de Chabert, et pendant toute la période des troupes des États-Uniens sur le sol d’Haïti Roger Gaillard (1983 :261) totalisant les nombres de victimes innocentes et les Cacos au nombre de 15 000. En outre, avec les Yankees par les méthodes des corvées, l’obligation de travailler au moins 10 heures quotidiennement sans repos, la répression militaire et les massacres, les déportations ainsi que des expropriations ont servi des moyens pour anéantir les paysans. Des milliers d’hectares  de terres  des paysans dans l’Artibonite, Nord et le Nord-Est ont été confisquées pour assouvir aux compagnies étrangères ont été à la base de l’expatriation massive des  compatriotes haïtiens .En fait, puisqu’ils ont été pourchassés pendant la période de l’invasion, près de vingt-sept (27 000) mille paysans travailleurs du pays ont été exterminés en République dominicaine en octobre 1937.

La troisième période dans la paupérisation de la paysannerie haïtienne c’est la période 80 à nos jours qui se présente par plusieurs éléments :

D’abord, une détresse sociale causée par les mêmes agissements d’exclusion des  paysans les plus isolés du pays et même ceux qui viennent habiter en ville pratiquant à certaines époques une économie familiale. Pendant les années 1989, ces paysans font face à une débandade économique  causée par la libéralisation du marché national au commerce extérieur. Par conséquent, nous assistons à une tertiarisation quasi totale  de l’économie nationale. Beaucoup de paysans renoncent à  la  terre aux profits des motocyclettes, camionnettes et en petits détaillants une réalité qui est très bénéfique à la bourgeoisie de consommation de Port-au-Prince qui a la main mise sur tout le pays. Cette  stratégie d’étouffement de la population facilite amplement à l’augmentation de la masse pauvre dans le pays et l’agrandissement des cas de violence partout sur le territoire.

Ensuite, par  la monopolisation du marché  de l’importation. Certains produits très usagés par la population deviennent une pénitence pour les procurer dont le riz, la farine, le fer et le carburant. En fait, contrairement  à la conception des interventionnistes économiques qui optent pour la présence de l’État dans l’économie afin de contrecarrer le favoritisme, en Haïti, la présence de l’Etat n’engendre qu’un monopole de violence et la masse c’est la masse qui ressent ce fardeau. Le marché national est  contrôlé par  un groupuscule faiseur de prix (price marker) cette catégorie est la personnification même de l’État.

Pour continuer avec les appareils que la classe réactionnaire nationale généralement instrumentaliser pour conditionnaliser la misère de la population, il faut mentionner que la banque centrale du pays généralement a été toujours un appareil pour desservir une catégorie dans le pays au détriment des plus faibles. Pendant  tout le XIXe et le XXe  elle a été le principal outil de financement de certains grands projets de la classe réactionnaire du pays plus précisément le financement de construction de plusieurs grandes chaines d’hôtels de luxes à Pétion-Ville. Et jusqu’à nos jours les mêmes pratiques se maintiennent, pendant cette décennie la BRH devient totalement une marionnette  des groupes politiques et la classe d’affaire du pays. Cette pratique devient incontournable depuis  sur la présidence de Michel Martelly qui  a utilisé la diaspora (beaucoup de cette catégorie sont les fils et les filles des pauvres paysans du pays) comme l’une des principales sources pour augmenter le capital des nantis avec l’imposition de $1,50  sur chaque transfert venant de l’extérieur.  Cette imposition permet d’accumuler des milliards de dollars par année, d’où justification de la nécessité de chasser quotidiennement les haïtiens (fils des paysans) citoyens en particulier les jeunes à laisser le pays pourvu qu’ils envoient des transferts pour supporter leur famille en Haïti. Pendant  la présidence de JOVENEL Moise, dans la  logique de s’enrichir de plus la classe minoritaire et les privilégiés de l’État, la banque centrale  (BRH), a permis aux banques des bourgeois d’échangés les transferts de la diaspora selon leurs bons vouloir pendant que l’économie du pays est censée dollariser. Aujourd’hui, les banques se livrent dans l’échange du dollar et accordent des prêts à l’importation  aux hommes d’affaires et aussi se livrent dans les microcrédits, une pratique contribue énormément dans l’asphyxie totale de l’économie nationale. Par ailleurs, malgré  que l’économie du pays soit aux lambeaux, les marges-bénéfices  des banques commerciales du pays ne font qu’augmenter.

 Ainsi, l’État du pays n’assiste pas seulement à la détérioration des conditions de vie de la population, mais il y participe tenacement.

En outre,  la politique monétaire de la Banque Centrale fait partir des stratégies des oligarques et les hommes politiques pour punir les groupes le plus pauvres de la société. Comme pratique, la BRH exerce des  simulacres en injectant des sommes volumineuses régulièrement  dans l’économie pour influencer les prix des produits des premières nécessités ainsi que le marché d’échange. Ces injections consistent à faciliter une classe d’accumuler plus d’argent et manipuler l’échange quotidien. La principale victime reste toujours la masse qui consomme les biens exotiques.

 Pour conclure, le peuple haïtien se trouve dans une conflagration quotidienne, il est dans une résistance constante pour vivre le rêve pour qui nos devanciers ont tant guerroyé en enfer Domingois, un  rêve de grandeur qui est la volonté de demeurer  dans une société  grande, prospère,  juste,  égalitaire, une société où le bien-être n’est plus qu’un cauchemar. Désormais, depuis plus de deux siècles d’indépendance l’existence de la majorité de la population  est une pénitence, exclue de tous les accessoires et  du programme des administrations publiques. Nonobstant du courage inestimable de la masse pour chambarder l’ordre social néocolonial qu’il soit les mouvements paysans avec Acaos,  le mouvement des paysans et les étudiants de Damiens 1929, la résistance paysanne et les intellectuels de 1946,  la classe réactionnaire rétrograde imperméable au changement a toujours une formule pour maintenir le statu quo qui conditionne ce peuple dans la misère. En  Haïti,  aujourd’hui l’espoir de vivre est  obscur. Et on se demande est-ce qu’Haïti survivra-t-elle pour toujours?  De toute façon, un peuple  qui est en oppression n’a le droit qu’à la révolte.  Le peuple haïtien est un peuple combattant,  seule résistance et la persévérance donneront un vrai sens à son existence. Et le rêve de grandeur nous espérons tous passera par l’intégration économique, sociale et politique de la grande masse  marginalisée depuis la fondation du pays.

 

Frantz SINOBLE, Étudiant en science économie et  Anthropo-ociologie.

 

Références bibliographiques

  • CLAUDE Souffrant, la sociologie prospective, éditions du CIDIHCA 1995, Montréal, 283p.
  • ELY, Thelot. L’hégémonie du provisoire en Haïti, aux origines de nos turbulences., Éditions de l’Université d’État d’Haïti, 2017, 285p.
  • Fritz A. Jean. Haïti, la fin d’une histoire économique, 2014, Port-au-Prince, 278p
  • GERARD Barthelemy. L’univers rural haïtien, le pays en dehors, édition l’Harmattan, 1991, Paris 189p.   
  • Leslie Péan. Aux origines de l’État marron  en Haïti : 1804-1860, Edition de l’université d’État d’Haïti 2009 ,391p.
  • SAINSINE Yves. Mondialisation, développement et paysan en Haïti, proposition  d’une approche en termes de résistance, Université Louvain, Bruxelles,  2007
  • https://.cresfed-haiti.org Charles CADET,  Fritz Jean (2018). Réflexion sur l’évolution de l’économie contemporaine haïtienne
  • https://.hal.science,hal-01636285 Marie Meudec  (2004), Corps, violence et violence en Haïti, aspects sociologiques
  • https : //.cairn.info, numéro 2004/1(N 169), PIERRE-CHARLES Gérard (2004). Évolution historique de l’économie d’Haïti 

LAISSEZ UN COMMENTAIRE

1 COMMENTAIRES