De Henri à Henri

De Henri à Henri est un petit texte qui, d'une façon chronologique, retrace, en quelques lignes les performances des hommes politiques du nom d'Henri qui ont eu la chance de diriger Haïti. 

Ce texte, dans un style un peu sérieux et comique en même temps, a pour objectif de faire le bilan de tous les tords aussi bien que les bienfaits, s'il y en a eus, que ces Henri tout en riant comme des comédiens dans des salles de théâtre ont, de 1807 à aujourd'hui, fait au pays.  

Connu sous le nom d'Henri 1er, Henry Christophe était un militaire remarquable  durant la guerre de l'Indépendance d'Haïti. Et à la sécession du pays, il dirigeait une partie du pays, particulièrement le grand Nord.  

À la tête du royaume du Nord, Henry Christophe promut l'éducation à travers l'école publique obligatoire. Mais son règne est aussi marqué par la rivalité avec la République du Sud, par une politique agraire impopulaire et par une certaine forme d'autoritarisme. 

Appelé Christophe le bâtisseur, il construisait des palais et des monuments tels que la Citadelle la Ferrière et le Palais Sans Souci.  

N'empêche qu'on lui reproche aussi, aux côtés d'Alexandre Pétion, d'avoir pris part au complot pour assassiner le père fondateur de la nation, Jean-Jacques Dessalines au Pont Rouge le 17 octobre 1806.

Puis, plus de cent cinquante ans après la mort du Roi Christophe, était venu un autre Henry au pouvoir politique du pays. Effectivement, au départ du dictateur Jean-Claude Duvalier le 7 février 1986, à partir d’un accord entre le président en partance, l’oligarchie locale, l’armée d’Haïti et la communauté internationale, particulièrement les États-Unis, le vide politique que devrait laisser le départ de Duvalier fut comblé par un gouvernement civilo-militaire appelé Conseil National de gouvernement (CNG). 

Ce dernier était composé de quatre militaires et de deux civils, respectivement le Lieutenant général Henri Namphy, président, les Colonels, Williams Régala, Max Valles, Prospère Avril, Alix Cinéas et Gérard Gourgue étaient des conseillers. Le Conseil National de gouvernement avec un mandat de deux ans s’était donné pour mission de stabiliser le pays, le doter d’une nouvelle constitution et d’organiser des élections libres, honnêtes et démocratiques pour enfin passer le pouvoir à un gouvernement civil le 7 février 1988. 

Aux premières heures de leur investiture, l’allocution du Conseil National de gouvernement (CNG) se voulait être un discours d’apaisement. Et, d’un accent bégayé, le général lit ce qui suit : « L’Armée ne nourrit aucune ambition politique et demeure au service des intérêts supérieurs de la Patrie ».   

Mais, après le slogan de « Banboch demokratik » du président du Conseil national de gouvernement, sinistrement, avec la tuerie des manifestants le 26 avril 1986 par-devant la prison de Fort Dimanche, qui représentait le symbole de la dictature des Duvalier, du massacre de l’été 1987 des manifestants qui protestaient contre les décrets de la loi électorale du gouvernement, suivi du massacre de Jean Rabel pour ne citer que ceux-là, le pays était malheureusement très mouvementé de faits négatifs. Le pays a connu l’horreur sous le CNG présidé par Henri Namphy.

L’envie du pouvoir par la violence, c’était cette haine de l'âme méchante de certains Haïtiens qui poussait des militaires et des attachés, même après le 7 février 1986, à continuer dans des sentiers obscurs et ténébreux du crime, à savoir: faire couler le sang de la population. 

Et par ce comportement démoniaque de ces fils de vipères, il était évident que la tangente à cette courbe tracée du sang des combattants n’était pas celle qui, définitivement, allait déboucher sur le grand boulevard de la démocratie.  

Effectivement, Haïti avait connu des bouleversements comme : protestations de rues des manifestations, persécutions, arrestations et assassinats des leaders communautaires et politiques.  Face à ce renouement et obsession à la violence des militaires et attachés, des associations des travailleurs, des organisations d’étudiants, elles aussi, n’avaient pas épargné à cette forme de répression d’un régime tortionnaire sans Duvalier. 

Parmi ces assassinats, ce qui illustre le mieux cette époque, c’est celui de l’avocat, l’ancien militaire et homme politique Yves Volel en octobre 1987 au grand jour par-devant le Grand Quartier général de la Police de Port-au-Prince.  

Cet assassinat, crapuleux et inutile comme tous les autres, portait le sceau des militaires et de leurs alliés attachés qui refusaient de se détacher de l’ordre ancien fait d’un pouvoir autoritaire et machiavélique. 

Mais, de tous ces actes de violence qui, avec pour objectif de déstabiliser la société et empêcher les élections programmées pour novembre de la même année, le gouvernement de transition avait d’autres plans beaucoup plus macabres dans son arsenal. 

Puisque, avec la complicité des nostalgiques duvaliéristes et des militaires en civil à bord des voitures pick-up, cagoulés, munis de leurs armes automatiques et des machettes, le 29 novembre 1987, les nostalgiques du pouvoir blessaient et tuaient les votants dans les bureaux de vote pour une fois de plus, endeuillé, ensanglanté la famille haïtienne. 

Ainsi, le régime militaire de l’après 1986 avait piteusement échoué. Il l’était du fait que les militaires étaient non seulement des marionnettes entre les mains de l’oligarchie locale et internationale, mais aussi, du fait qu’ils étaient incapables de comprendre que le soulèvement qui avait conduit au départ de Jean-Claude Duvalier le 7 février 1986 était beaucoup plus profond qu’un simple changement de gouvernement. 

Dans leurs revendications, les masses défavorisées étaient dans les rues pour réclamer d’un leader moderne, avec de grandes visions, d’un nouveau contrat social. En un mot, le peuple se voulait d’un leader capable, à travers de l’idéal Dessalinien, de comprendre leurs aspirations politiques, économiques et sociales. 

Puis, continue, trente ans après, la malédiction d'un autre Henri. C'était le notaire, devenu Premier ministre. Bien entendu sans pouvoir dans une équipe de bandits. 

Pendant le peu de temps qu'il avait passé au pouvoir, au lieu de réaliser quelque chose de concret pour le pays, Henri se faisait de préférence, rire au Bicentenaire par des honorables, déshonorés dans les séances. 

Que c'était triste d'être Premier ministre sous le règne des bandits légaux dans un pouvoir illégal.

Et enfin, l'actuel Henri, le médecin neurologue, il est aujourd'hui Premier ministre grâce à un tweet de madame Helen Ruth Meagher La Lime, représentante du Secrétaire général des Nations-Unies en Haïti, malgré lui. Il ne gouverne rien. Absolument rien.  Sinon que de prendre des diktats des petits fils des colons que Christophe avaient, aux côtés d'autres généraux, chassé du pays le 1er janvier 1804.

Ce dernier est tout à fait le contraire de Christophe le bâtisseur.  Si à la première moitié du dix-neuvième siècle, il y avait une certaine fierté christophienne au pays, aujourd'hui, en 2023, c'est un gouvernement incapable de gérer même le quotidien. Le pauvre qui malheureusement ne comprend rien dans rien, il se fait avec de fausses promesses, tout le temps, ridiculiser par des faux amis. 

De Henri 1er au Henri dernier, le pays se trouve dans la merde jusqu'au coup. Et comme une marionnette aux mains des blancs racistes, le dernier Henry se laisse faire.

Et pour comble de malheur, le dernier Henry veut à tout prix faire disparaître Haïti de la carte du monde. De tous les Henry, les deux derniers Henry, à savoir: Céant et Ariel sont du même acabit ou du "même tonneau".

 

Esau Jean-Baptiste  

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