Les lignes de fuite de l'inespéré ou les gradients de l'intelligence systémique !

Tous les observateurs systémiquement outillés ne sauraient manquer d’être frappés par ce constat d’insignifiance de la pensée universitaire et de l’activité professionnelle des réseaux haïtiens du savoir dans leur dénuement face à la crise multidimensionnelle persistante qui déshumanise Haïti. Un constat si troublant qu’il a poussé Ricardo Seitenfus, diplomate et universitaire brésilien, acteur et spectateur de cette déshumanisation, à écrire :

« L’on peut broder à l’infini autour des racines conjoncturelles et structurelles de la multiforme crise haïtienne. Comme, par ailleurs, ne manquent pas de le faire acteurs, observateurs, analystes et de simples quidams. De tous bords. Tant étrangers que nationaux. Malgré les différentes perspectives, diagnostiques et conclusions, une impression commune se dégage. On ne sait quoi faire. On est perdus, déboussolés. »

Du constat à la problématique

Et pour peu que l’on se serait tenté, par nationalisme outrecuidant, de réfuter ce verdict cinglant, on ferait bien de penser que, dans le sillage de Roger Gaillard, toute l’intelligentsia haïtienne se réfugie derrière la thèse de la déroute de l’intelligence pour expliquer la trajectoire défaillante du pays. Il y a donc, dans ce constat de perduration du cycle invariant de défaillance qui fossilise Haïti, une criante absence d’intelligence collective qui donne matière à une problématisation du rôle du savoir et de l’université dans un pays doté d’un leadership responsable et digne. Vous l’aurez compris, je viens, fidèle à ma nature incendiaire, allumer la braise d’une nouvelle provocation. Je dis provocation pour reprendre la conception simpliste et simplifiante que la bienpensance haïtienne a de toute forme de problématisation. Ce qui du reste explique la pauvreté, pour mieux dire, l’indigence de la pensée stratégique qui anime l’action de la gouvernance haïtienne. Et pour contextualiser cette problématisation, je soulève deux questions provocantes :

  1. Comment expliquer l’invariante défaillance des institutions haïtiennes, publiques ou privées, et leur improbable capacité à se transformer en organisations apprenantes et intelligentes pour proposer à la population des services collectivement performants ; alors même qu’elles sont pourvues de ressources humaines (directeurs, managers, gestionnaires, administrateurs, fonctionnaires, consultants, experts nationaux) bourrées de diplômes portant l’estampille de grandes universités étrangères ?
  2. Comment ces prétendus universitaires peuvent-ils se complaire à prendre au sérieux leurs titres, leurs diplômes, quand, dans l’exercice de n’importe quelle mission qu’ils pilotent, ils se contentent d’être utiles au statu quo invariant, en se condamnant à être futiles ; c’est-à-dire, insignifiants, irresponsables et indignes ?

Pour répondre de manière intelligible à ces deux questions, je propose d’axiomatiser les postures managériales, professionnelles et humaines des acteurs sociaux haïtiens qui sont au sommet du leadership des institutions de la gouvernance publique et d’entreprise. Chemin faisant, je montrerai comment la posture du marron dénature la conscience de l’homme haïtien, aussi instruit, formé et cultivé soit-il, pour le maintenir dans ce que René Char appelle ‘‘le cycle bas de la vie’’. C’est là, dans ces basses eaux culturelles, que couvent l’insignifiance, l’irresponsabilité et l’indignité. Ce sont là autant de quantificateurs d’indigence qui forment le motif du SMIC-ard résiliant que l’on retrouve dans le profil des élites haïtiennes ; notamment celles qui ont accès au savoir en Haïti.  Par SMIC-ard résiliant, il s’entend, selon l’axiomatique de l’indigence, celui qui résilie ses liens de responsabilité, de dignité et d’humanité pour survivre dans le spleen d’un minimum insignifiant confortable. Dans ce spleen, le Smicard s’interdit de penser, il refuse toute initiative, toute prise de risque qui peut modifier les lignes précaires du statu quo invariant et troubler son confort médiocre. Le Smicard peut avoir tous les savoirs possibles, mais il ne saura pas comment les relier pour briser l’invariant et dessiner de nouvelles configurations pour de nouveaux possibles humains. Le Smicard accepte volontiers d’être le portefaix, le ‘‘sousou’’, le Bouqui de n’importe quelle crapule accréditée, pourvu qu’il a ce minimum insignifiant confortable qui lui permet de se sentir supérieur aux autres.  

Il va de soi que cette axiomatisation offre un cadre théorique rigoureux et contextuel qui permet d’expliquer pourquoi aux mains d’un universitaire ou d’un dignitaire haïtien, ayant le profil culturel du marron, le savoir, la culture, les technologies et le pouvoir seront toujours des outils futiles. Une telle axiomatique est pédagogiquement innovante pour Haïti, car elle offre un registre de langage original, imagé, paradoxal et contextuel pour se rapprocher du cycle trivial et invariant de la déshumanisation dans lequel toute la population baigne confortablement. C’est en effet au niveau du registre de langage qu’il faut trouver les concepts, les métaphores qui doivent enflammer l’esprit pour guider les postures du corps vers les sphères hautes capables d’amener un être humain à vivre l’expérience humaine comme celle d’un vivant devant maintenir un lien authentique avec d’autres au fond de l’aventure qu’est la vie. Mais pour comprendre la valeur du langage dans la trajectoire humaine, il faut connaître le mode d’emploi de l’humain et du vivant. Et c’est ce mode d’emploi que méconnait le marron qui, en se complaisant à se maintenir dans un état d’enfumage de ‘‘double je’’ et de jeu trouble, entre amnésie et aphasie, renonce à la communication authentique et donc à la vie, pour préférer survivre par la malice, la crapulerie et la corruption. D’où l’errance qui vient toujours sacraliser l’œuvre du marron dont l’esprit atrophié suggère logiquement l’état d’une conscience effondrée, d’une mémoire fissurée et d’un langage exécré.

Je nourris cette provocation en paraphrasant William James pour mieux situer le drame de l’insignifiance qui auréole l’imaginaire du lettré haïtien : il n’y a pas d’homme plus insignifiant que celui qui renonce à la liberté de penser dans la critique pour se complaire à survivre en croyant jouir d’un succès qui protège de la précarité. En effet l’insignifiance de cet homme est telle qu’il ne pourra jamais comprendre que c’est sa précarité humaine qui structure la précarité matérielle dont il a peur. Et c’est pour cela que le meilleur enseignement qu’on peut offrir au marron est de l’amener à découvrir que « les êtres humains peuvent changer leur vie en modifiant leurs attitudes d’esprit »  (William James).

J’espère, ce faisant, offrir à chacun, de l’universitaire doctoré au simple quidam alphabétisé, un moyen de se soumettre à une profonde introspection comme une maïeutique contextuelle pour que chacun découvre par lui-même le lien entre sa manière de penser et d’agir et la structuration de ce cycle invariant de défaillance qui précarise l’écosystème dans lequel s’est construit son identité. Notre prétention reste pédagogique, puisque l’arc réflexif que nous bandons ne fait qu’armer une flèche directionnelle comme une brèche porteuse capable d’éclairer les contours de cette indigence invariante qui donne à Haïti son relief fossilisant et déshumanisant.

Ah, j’entends déjà les papes de l’insignifiance anoblie et les inquisiteurs de l’adaptation ‘‘résiliante’’ qui crient au scandale devant cette arrogante prétention par laquelle je donne à ma réflexion les vertus d’une pensée vraie. A ces papes inquisiteurs, qui craignent que la lumière de la pensée critique ne transperce les voiles d’enfumage de leur tanière obscure, je rappelle que selon William James, père du pragmatisme américain, la valeur de vérité d’une idée repose sur le cheminement qu’elle propose pour explorer une réalité sans perte d’intelligibilité. Et s’il faut aussi croire la pensée systémique, toute intelligibilité devant la complexité se construit par reliance entre épistémique, éthique et pragmatisme. Alors, l’axiomatique de l’indigence qui se veut une pensée éthique est bien une pensée intelligible. Ou, pour le dire pragmatiquement, c’est une pensée directrice dont la pertinence et la validité sont des aiguillons qui orientent vers une nouvelle manière de penser le rapport de l’homme haïtien à son environnement. Et c’est déjà une innovation dans un lieu chaotique qui évolue à perte d’intelligence, de responsabilité et de dignité.

L’indigence en exemple de CAS

Pour illustrer ma pensée et contextualiser les deux questions précédentes, je vais proposer quelques exemples de CAS.

  • L’irresponsabilité en volts-farce

Commençons par l’Électricité d’Haïti (EDH). De janvier à mai, je n’ai vu l’électricité que durant 15 jours au total. À la fin du mois d’avril, je me suis rendu à la succursale de la rue capois pour savoir la charge que je devais payer pour cette période de quasi black-out. Et je me suis fait dire qu’en raison de l’indisponibilité permanente du système d’information et de facturation, on ne pouvait me communiquer le montant que je devais payer, et que je devais consentir à faire un paiement sur estimation de ce que je payais habituellement. N’est-ce pas irresponsable que, tout en demandant au consommateur de payer pour un service qu’il n’a pas reçu, l’EDH n’ait pas pensé à s’excuser auprès de sa clientèle et encore moins à proposer un plan pour remédier à l’inconfort que cela cause d’avoir été privé d’électricité durant si longtemps ?

  • L’indignité viralement étalée

Prenons le cas de la ministre de la santé publique et de la population qui, en 2020, s’est immortalisée pour la postérité en recevant un don de quelques « bokit et mòso savon » entre les mains de la Directrice de l’Unicef pour lutter contre le Coronavirus. N’est-ce pas indigne qu’une universitaire se prête à ce jeu de la déshumanisation qui structure la performance de l’assistance humanitaire en Haïti ?

  • L’insignifiance magistralement certifiée

Comment ne pas souligner ce cas moins connu, mais combien insignifiant, d’un Directeur de l’École de la Magistrature qui a accepté de remettre aux magistrats formés dans cette école des certificats avec les logos des organismes internationaux. Comment peut-on, sans insignifiance certifiée, accepter que les certificats des magistrats, appelés à performer le service public de la justice de leur pays, institution codétentrice de la souveraineté nationale, portent les logos des organismes transnationaux ?

Dans le sillage de cette insignifiance, comment ne pas rappeler ce haut fait d’armes d’un Directeur de la Police Nationale d’Haïti qui a fait confectionner ses uniformes de policier aux couleurs du parti au pouvoir pour prouver son obéissance au président de la République. Comment ne pas pester contre l’insignifiance de l’actuel ministre de la justice qui, tout en déplorant les vastes territoires conquis par les gangs, ne se soumet pas moins aux injonctions de ses tuteurs étrangers en préparant, dans la plus grande opacité, les instruments juridiques pour les nouvelles farces électorales. Comment ne pas s’enflammer de colères devant l’insignifiance d’un ministre de l’éducation nationale qui décrète l’enseignement à distance comme alternative pour les écoles qui se trouvent sur les territoires conquis par les bandits, alors même que l’électricité ne se distribue qu’en volts-farce.

Que d’insignifiances dans les postures des universitaires marrons qui dirigent les institutions haïtiennes ! Alors que le pouvoir fuit les zones contrôlées par les gangs et assiste avec impuissance à la perte de ses attributs de pouvoir, il ne continue pas moins de commémorer les dates qui n’ont de sens que quand l’État a le contrôle du territoire et le monopole de la violence.

Indigence quand tu nous déshumanises !

Il y a tout de même une vraie indigence dans les postures affichées par ceux et celles qui pilotent les institutions du service public haïtien ! Et le drame est que cette absence de gène et cet abandon de dignité, devant des irresponsabilités criantes, semblent s’installer comme les nouveaux marqueurs des prestataires de service, tant privés que publics, en Haïti. Trainer des jours entiers et se faire bousculer devant les locaux des administrations publiques, sans pouvoir recevoir le moindre service ; être obligé de se réveiller à 5 hres du matin pour pouvoir espérer entrer dans une banque et récupérer le peu d’argent qu’on a, par imbécilité, confier aux gangs d’affaires du pays, et s’entendre dire que vous ne pouvez pas prendre plus 25 dollars aujourd’hui, sont des signes d’une affreuse et complète déshumanisation. Et il n’y a aucune exagération à se demander si ce ne sont pas des ressources inhumaines qui dirigent, pilotent et font fonctionner les institutions haïtiennes, tant publiques que privées ?

Il nous semble improbable qu’un être humain, doté de savoir et imbu de ses devoirs, puisse ne ressentir aucune honte à se montrer si indigent. Pourtant, ces institutions sont dirigées, pilotées et encadrées par de brillants universitaires, dont de nombreux ont complété leurs études dans de grandes universités étrangères. Comment est-ce donc possible que des universitaires, dotés de savoir et revendiquant un certain savoir-faire, soient incapables de procéder à une évaluation pour assumer le bilan de cette défaillance institutionnelle qui s’inscrit dans la durée ? Cette question est d’autant plus pertinente que l’évaluation constitue la posture professionnelle qui matérialise l’effectivité de la vraie compétence.

En effet, la vraie compétence est toujours la mobilisation d’un savoir théorique qui cherche à agir sur un réel incertain, incompris et inamical. Dans cette optique, elle ne peut performer que si elle est systémiquement dimensionnée par l’éthique pour offrir un alignement équilibré entre postures d’esprit et de corps dans l’exercice des responsabilités. Et c’est du reste pourquoi il est scientifiquement admis que la même compétence qui permet de performer est aussi celle qui permet d’évaluer. De sorte que là où il n’y a pas d’évaluation et de sanction pour orienter l’innovation, il ne peut y avoir qu’improvisation, corruption et régression.

Voilà qui permet d’acter que le cycle invariant de la déshumanisation, qui condamne Haïti à n’être invariablement que le territoire d’expérimentation d’une assistance plus totalitaire qu’humanitaire, est bien un processus copiloté par les réseaux académiques, culturels et décisionnels haïtiens ; lesquels sont eux-mêmes des êtres précarisés et déshumanisés. Cette inférence qui fait correspondre l’effondrement de l’écosystème à la déshumanisation du leadership national s’explique par le fait que l’expérience humaine permet d’affirmer qu’aucune défaillance ne dure en un lieu habité par le vivant. Celui-ci, dans son corps à corps avec le chaos dans lequel il a surgi, trouve toujours une brèche pour évoluer vers une forme toujours plus intelligente qui apporte une performance dans laquelle resplendit le miracle et la beauté de la vie.  Cette brèche ne cesse d’exister que là où règne un enfumage qui voile la conscience humaine et empêche à l’homme d’apercevoir le vrai sens de sa mission, de ses responsabilités.

Difficile de ne pas voir dans l’assumation de cette perte de sens, qui conditionne l’irresponsabilité et promeut l’indignité, un renoncement aux devoirs de l’humain et du vivant. Voilà donc pourquoi l’écosystème haïtien est incapable de produire, en nombre suffisant, les ressources humaines éthiquement et systémiquement compétentes pour transformer les institutions du pays en des organisations apprenantes, intelligentes et collectivement performantes. Je m’en voudrais de terminer cette tribune sans rappeler qu’un leadership ne peut transformer son environnement que s’il a la maitrise complète de trois leviers stratégiques :

  1. La maitrise des domaines problématiques persistants qui rendent les défaillances invariantes.
  2. La maitrise des ressources systémiques, c’est-à-dire épistémiques, technologiques, logistiques, qui peuvent offrir des variables d’action et des leviers de responsabilité pour apporter les solutions contextuelles aux défaillances.
  3. La maitrise de la pleine conscience collective et de la dignité nationale qui permet aux acteurs décisionnels, en situation de responsabilité, de ne pas avoir de conflits d’intérêts qui les amèneraient à rester dans les zones de confort qui structurent l’invariance.

Inutile d’avoir besoin d’un doctorat en géostratégie pour comprendre que, dans l’état actuel de dépendance du leadership national haïtien, Il va de soi que les forces nationales et internationales, qui se relaient pour fabriquer la réussite et la renommée en Haïti, ne sauraient permettre que ceux et celles, qu’elles choisiront pour exercer les hautes responsabilités, puissent avoir la maitrise simultanée de ces trois leviers. Or ce sont ces trois leviers qui sont les seuls à pouvoir faciliter l’articulation d’une stratégie nationale à même de magnifier l’intelligence systémique dont a besoin un écosystème aussi déshumanisé que celui d’Haïti.

Voilà l’enseignement que porte l’axiomatique de l’indigence : pour innover l'invariant et transformer le défaillant persistant, il faut penser autrement le rapport du vivant avec son environnement. Et oui, la symphonie de l'univers est un bruit quantique qui murmure l'ordre du chaos. Ce n'est pas tant le chaos qu'il faut maitriser, mais trouver le brin du motif structurant qui offre une perspective vers un équilibre. Voilà qui nous permet de paraphraser Christian Bobin, « L’intelligence n’est pas affaire de diplômes et de titres, mais la capacité d’extraire de son chaos le brin de lumière à projeter plus loin que soi, pour éclairer d’une parcelle d’inespéré ceux et celles qui agonisent dans le cycle invariant de la déshumanisation.

Cette pensée suggère que l´innovation pour transformer la stagnation qui déshumanise Haïti est orientée dans le sens inverse de l’évolution indigente actuelle. Il suffit de trouver les bonnes postures d’esprit et de corps pour faire apparaître les gradients de l’inespéré, par les lignes de fuite qui permettent de s’extraire de l’invariance en matérialisant la symétrie du chaos. Une manière de rappeler que l’indigence ne peut être combattue que par l’apprenance. Et c’est pourquoi les lieux humains, où l'apprentissage est improbable, sont toujours des lieux d'insignifiance, d'irresponsabilité et d'indignité.

L’enseignement que propose cette tribune est le suivant : Dans tout chaos, il y a des lignes d'inespéré qui offrent un équilibre pour simuler un ordre fragile dans lequel peut surgir un possible humain vivable. Mais cet équilibre ne peut se construire que par les postures de corps et d'esprit qui offrent, par la maîtrise des leviers d'action et de responsabilité, les lignes directrices de l'intelligence systémique. Dans toute errance, il y a des mots d’intelligence pour agir sur les maux d’indigence. L’errance ne reste invariante que là où le marronnage promeut le double langage qui altère l’authenticité des mots, pour mieux voiler son double jeu, en faisant régner cet enfumage permanent propice à la sécurisation des zones de confort de l’insignifiance. Il y a donc lieu de désenfumer l’écosystème haïtien, en le débarrassant du marronnage déviant et hybride qui déforme la conscience collective et empêche de trouver les postures à même de guider vers les lignes de fuite hors de l’errance.

L’ordre que recherche désespérément la pensée, qui se croit rationnelle, comme alternative au désordre, n’est qu’une fiction produite par l’imaginaire insignifiant des marrons culturels qui ne cherchent que la tranquillité pour sécuriser leur zone de confort médiocre et jouir de leur existence indigne. L’ordre n’existe pas en dehors du désordre. Fuir le désordre ou vouloir le faire disparaître pour faire surgir l’ordre est une insignifiance. C’est donc au cœur du chaos qu’il faut se plonger pour trouver le centre d’intérêts autour duquel doivent se tisser les lignes antagoniques à l’insignifiance, à l’irresponsabilité et à l’indignité pour construire la symétrie à leur opposer. Mais une telle symétrie n’est qu’un équilibre fragile qu’il faut toujours réinventer, puisque rien ne reste inchangé dans un monde chaotique. Voilà pourquoi les postures des universitaires qui protègent les zones de confort du statu quo invariant ne sont que des impostures.

 

 

Erno Renoncourt

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